Revenir chez soi, quand l’angoisse collective est partout, c’est redécouvrir la part de la prière, même sans le savoir, et que la vie en plénitude est tout sauf frénétique.
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Un ami médecin m’écrivait il y a quelques jours : « Les situations épidémiques sont les plus anxiogènes pour tous, au même niveau que les guerres et les catastrophes naturelles. Chacun a sa façon de gérer et d’exprimer son stress. » Curieux stress vécu dans un certain silence, une certaine lenteur, une certaine tranquillité sinon quiétude, parce que nous ne courons plus. Pour beaucoup, nous sommes de retour à la maison. Nous ne sommes pas au Chemin des Dames, nous ne sommes pas dans les tranchées, nous sommes au foyer. C’est la redécouverte, pour certains, du foyer : le foyer-refuge qui se substitue au foyer-dortoir où nous avions l’habitude de nous poser et reposer furtivement dès que nous ne courions plus.
Une sorte de trou d’obus
Au foyer, nous avons tous nos malades, nos proches fragiles en raison de l’âge ou de la santé. À l’extérieur, nous avons nos proches qui continuent à travailler à l’usine, dans un magasin ou encore à hôpital. Nous sommes inquiets parce qu’ils sont encore davantage exposés à ce grand inconnu : le virus. Mystérieux virus ! Est-ce la nature qui nous joue un mauvais tour ? Est-ce la divinité qui gronde ? Il y a toujours une part de mystère dans le tragique. Il y a toujours quelque chose de l’abîme quand on plonge dans une sorte de trou d’obus symbolique. « Dans un trou d’obus, tout le monde prie », dit le navigateur Olivier de Kersauson, qui s’y connaît en situations angoissantes. Alors, peut-être que dans le foyer-refuge, tout le monde prie, même ceux qui ne prient pas. Peut-être que, d’une certaine manière, ceux qui ne prient pas prient sans le savoir ou sans l’avouer. Peut-être…
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Il est à peu près certain toutefois que sur cette terre, le plus grand nombre des hommes et des femmes prie avec davantage d’empressement en ce moment. Ils s’adressent à la divinité, pour la supplier, pour lui demander la protection, tout ce dont nous avons besoin ; certains pour apaiser la colère des dieux. C’est ainsi : l’immense majorité de la population mondiale croit en une ou plusieurs divinités.
Réapprendre à recevoir
Par ailleurs, songez aussi que 45% de l’humanité est encore rurale. Par exemple, 66% des Indiens sont des ruraux. Cela fait du monde. Nous parlons ici de personnes qui sont au foyer, déploient pour beaucoup un mode de vie traditionnel, près de la terre, avec une certaine lenteur, en tout cas une certaine stabilité. L’homme pressé, urbain et arrogant, saisira-t-il l’occasion de retrouver vraiment la maison, le foyer ? Certains commentateurs le disent : un changement des modes de vie suivra cette crise sanitaire mondiale. Peut-être oui, peut-être non : l’on sait que l’homme est tout aussi prompt aux serments enflammés qu’à les oublier aussitôt.
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« Nous avons choisi la frénésie comme mode d’existence et nous inventons des machines pour nous la rendre supportable », écrit Pierre Rabhi. Voici que les machines sont en panne. Alors, le vieux sage nous appelle à nous « mettre dans une attitude de réceptivité, recevoir les dons et les beautés de la vie avec humilité, gratitude et jubilation ». Il ajoute : « Ne serait-ce pas là la plénitude de la vie ? » Cette plénitude de vie, ce sont les dons de Dieu. Puisse Dieu être, avec nous, de retour à la maison.
Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, 25 mars 2020.