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Avec le confinement, à Paris Hiver Solidaire se transforme en “Printemps Solidaire”

L'église Saint-Séverin, à Paris (Ve).

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Domitille Farret d'Astiès - publié le 25/03/20
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En raison des règles de confinement qui ont pris le pays de court la semaine dernière, les paroisses parisiennes engagées dans l’opération Hiver Solidaire ont dû se repositionner rapidement. Zoom sur la paroisse Saint-Séverin (Ve) qui accueille l’initiative depuis dix ans.

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Serenc, Caro, Mickaël, Malik, Philippe, Avica, Datuna… Ces hommes sont les nouveaux compagnons de route du père Vincent Thiallier, vicaire de la paroisse Saint-Séverin (Ve). Tous les sept étaient accueillis dans les salles de l’église dans le cadre du programme Hiver Solidaire et devaient quitter les lieux le 17 mars. Mais l’annonce brutale du confinement a bouleversé les plans et Hiver Solidaire s’est transformé en “Printemps Solidaire”. Exit donc les bénévoles qui tournent chaque soir, c’est désormais le père Vincent Thiallier qui vit en colocation avec eux quasiment 24 heures sur 24. Une expérience inédite.

Le défi de vivre ensemble

“Nous essayons de rythmer la journée”. Chaque matin, en berger qui veille sur ses brebis, le père Vincent Thiallier veille au réveil des troupes, idéalement pas après 9h30. Puis vient un temps de ménage, selon les capacités de chacun. Ensuite, le prêtre célèbre la messe, souvent accompagné de quelques hommes hébergés. L’après-midi, tandis qu’il s’occupe à distance de la vie de la paroisse, les autres vaquent à leurs occupations, soit dans leurs “chambres”, soit dans le jardin de la paroisse, la sieste faisant partie des activités rituelles. Suit un temps d’activités communes – nettoyage de placards, balayage – “mais cela ne fonctionne pas toujours”, reconnaît le prêtre avec un rire. Quelques-uns jouent aux échecs ou aux cartes, tout en essayant tant bien que mal de garder les distances recommandées. Certains aident parfois le prêtre à préparer les repas et une roue des services avec rangement, vaisselle, dîner et couvert a été installée, afin que les hommes participent en binômes aux tâches domestiques.

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Pour occuper le temps, on joue aux cartes ou aux échecs.

Le soir, autre activité de taille : la prise de température générale. Et à 20h, c’est le rituel : tous sortent pour les applaudissements à destination des soignants et les cloches de l’église se joignent à eux pour l’occasion. Ils partagent un dîner léger et rapide, qui se fait parfois façon self-service. “Ce n’est pas si simple que cela pour eux d’avoir deux repas assis”, explique le père. En effet, l’organisation classique d’Hiver Solidaire est que les personnes accueillies se retrouvent du dîner au petit-déjeuner et vivent leur vie dans la journée. Une telle promiscuité est inhabituelle. “Le défi c’est qu’ils ne s’enferment pas sur eux-mêmes”, souligne le prêtre.

“Même s’il y a des petites tensions, l’ambiance fait que cela peut durer. C’est plutôt une belle expérience.”

Les sept hommes sont tous de nationalité différente : parmi eux, un Ukrainien, un Croate, un Arménien, un Monténégrin, un Algérien, un Biélorusse et un Français. “Cela se passe plutôt bien”, raconte-t-il à Aleteia. “Le ménage, la mise en œuvre des normes d’hygiène, surtout en russe, ce n’est pas si simple que cela à mettre en place”, s’esclaffe-t-il. “Mais, même s’il y a des petites tensions, l’ambiance fait que cela peut durer. C’est plutôt une belle expérience”. L’église dispose d’un jardin et la salle paroissiale est très grande, ce qui leur permet d’avoir de l’air et d’éviter certaines tensions. Une fois par semaine, il prend une journée de désert dans son appartement pour se reposer et prier, tandis qu’un prêtre vivant au-dessus vient le relayer.



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La décision de poursuivre Hiver Solidaire a dû se prendre très rapidement. “On ne pouvait pas les remettre à la rue de cette manière. C’est pendant la prière des laudes que les choses se sont un peu élaborées dans mon esprit. Ils sont très connectés et étaient très inquiets de ce qu’ils allaient devenir. Quand nous leur avons proposé de rester, il y a eu un soulagement visible”. La condition de départ, explique-t-il, est de ne pas sortir de l’enceinte de l’église. “Bien sûr, ils peuvent partir s’ils le souhaitent, mais dans ce cas, ce n’est pas possible de rentrer ensuite. Il y en a un qui chaque matin voulait partir,mais finalement, il est encore là aujourd’hui”.

“Je suis assez content de vivre le confinement comme cela. Cette situation me fait les connaître beaucoup plus.”

Une contrainte qui a bien sûr pour objectif de les préserver du virus. Les hommes accueillis peuvent néanmoins continuer à papoter avec leurs amis en restant derrière la grille du jardin et en respectant le mètre de distance demandé. Le père Vincent Thiallier observe lui-même cette règle et c’est le curé qui est de sortie quand il faut aller chercher du tabac pour les hommes cloîtrés. “Ils me remercient souvent. Je suis assez content de vivre le confinement comme cela. Cette situation me fait les connaître beaucoup plus. Je vois les difficultés de santé et de caractère de certains d’entre eux et je trouve cela très riche et réjouissant”.

Sur 38 paroisses parisiennes engagées dans Hiver Solidaire, 21 ont pu continuer à proposer un accueil, sous des formes variées. Certaines accueillent dans leurs locaux en s’appuyant sur un nombre très restreint de bénévoles, ou sur de jeunes professionnels qui ont choisi de se confiner avec les personnes de la rue, d’autres ont pu financer des chambres d’hôtel aux personnes accueillies, d’autres encore ont pu envoyer des personnes à la campagne avec des bénévoles.



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