L’épidémie de coronavirus et « le douloureux désert qui nous est imposé par les circonstances » oblige chacun « à prendre soin les uns des autres », a expliqué Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, dans son homélie du dimanche 15 mars à Saint-Germain l’Auxerrois.
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« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive », a-t-on pu lire dans l’évangile de ce dimanche 16 mars. « L’eau vive reliée à la source entraîne la certitude que lorsque l’on boit de cette eau, on ne l’épuise jamais », a rappelé l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, dans son homélie de ce dimanche. « Aussi grande soit notre soif, il est impossible de l’épuiser ». L’épidémie de coronavirus que le monde affronte aujourd’hui « nous fait prendre conscience de cette soif de la présence de Dieu, de la source de la vie ».
Avez-vous soif ? Tout le monde a soif. Peut-être pas en ce moment, mais vous aurez soif à un moment donné. Comme il est étonnant d’entendre Jésus demander à boire. Il a soif. Il s’agit d’une soif naturelle. En effet, il a assumé totalement notre humanité. Au puits, il est fatigué. Il est midi, en pleine chaleur. Quoi de plus naturel que d’avoir soif. Il y a un autre lieu où il dira sa soif. C’est au sommet de la croix. On comprend qu’après les tortures subies, il ait besoin de s’hydrater.
Mais est-ce vraiment tout ? Pourquoi le Christ a-t-il accepté d’avoir soif, lui, le Fils de Dieu ? Pour nous donner à boire : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : donne-moi à boire, c’est toi qui lui aurait demandé et il t’aurait donné de l’eau vive ».
Nous savons par expérience qu’il y a un lien indéfectible entre l’eau et la vie. Sans eau, les êtres vivants se dessèchent et meurent. L’eau permet de continuer de vivre.
Jésus parle de l’eau vive. Mais quelle est cette eau vive ? L’eau vive et celle qui est reliée à la source. Quand la rivière coule, son eau est renouvelée sans cesse parce que la source l’alimente sans arrêt. Les eaux mortes sont les eaux stagnantes qui forment les marécages.
L’eau vive reliée à la source entraîne la certitude que lorsque l’on boit de cette eau, on ne l’épuise jamais. Aussi grande soit notre soif, il est impossible de l’épuiser. En revanche, quand vous avez fini votre bouteille d’eau minérale, il n’y a plus d’eau. Ce que Jésus est venu nous dire, c’est que la source de la vie, c’est Dieu. Si vous vous coupez de la source, vous allez seulement vous abreuver d’eaux mortes mais vous n’aurez pas la vie, la vie éternelle. C’est bien ce que Jésus nous révèle : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie, la vie en abondance » (Jn 10, 10).
Le Christ a soif de notre amour. Son eau vive est l’amour du cœur de Dieu qui va combler notre désir, notre soif qui s’exprime par les psaumes : « Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant » (Ps 42). La question qui se pose pour chacun d’entre nous est : de quoi avons-nous soif ? Avons-nous soif de plaisirs sensuels, soif d’existence, soif de puissance, soif de durer toujours ?
Le prince Siddharta, plus connu sous le nom de Bouddha affirme dans son discours de Bénarès que cette soif, ce désir (tanhâ) est la cause de la souffrance humaine.
Avec le Christ nous comprenons que la soif, le désir ne sont pas à l’origine de la souffrance même si ils engendrent une frustration quand ils ne peuvent pas être comblés. Le Christ est venu combler cette soif, ce désir. Toute la pédagogie magnifique de Jésus avec cette femme samaritaine consiste à lui faire prendre conscience de cette soif pour accueillir le don de Dieu.
Je suis toujours émerveillé de la délicatesse avec laquelle le Seigneur accompagne cette femme jusqu’à lui révéler sa véritable identité après lui avoir montré qu’il avait besoin d’elle pour combler sa soif.
Ce que nous vivons aujourd’hui, le douloureux désert qui nous est imposé par les circonstances, nous oblige à prendre soin les uns des autres. Cela nous fait prendre conscience de cette soif de la présence de Dieu, de la source de la vie. Puisse-t-elle augmenter notre désir de le recevoir et d’être plus fidèle à ce rendez-vous d’amour.
Mgr Michel Aupetit,
archevêque de Paris
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