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“Radioactive”, le biopic qui rend un bel hommage à Marie Curie

Capture écran bande annonce Radioactive (2020).

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Louise Alméras - publié le 10/03/20
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Le biopic “Radioactive”, en salle ce mercredi 11 mars, est consacré à Marie Curie. La réalisatrice, Marjane Satrapi, revient avec talent sur l’histoire d’une femme libre, courageuse, audacieuse et sur les conséquences de ses découvertes : la radioactivité.

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“La vie n’est facile pour aucun de nous. Mais quoi, il faut avoir de la persévérance et surtout de la confiance en soi. Il faut croire que l’on est doué pour quelque chose, et que, cette chose, il faut l’atteindre coûte que coûte”, rapportait Ève, sa fille, dans la biographie consacrée à sa mère. Ce caractère est admirablement exprimé dans le film, sans grossièreté ni exagération. Car Marie Sklodowska (Rosamund Pike) n’a réussi sans rien d’autre que sa passion et son génie. Elle n’a pas un sou quand elle débarque à Paris à la fin du XIXème siècle. Elle y rencontre son mari, Pierre Curie (Sam Riley), aussi inspiré par la science qu’elle peut l’être. Ensemble, sous les directives de Marie, ils découvriront l’existence du polonium et du radium au cours de leur travail sur la radioactivité : un tournant dans le monde scientifique et pour le monde entier.

Un biopic talentueux

Marjane Satrapi a déjà fait ses preuves de cinéaste avec son film d’animation Persepolis (2007). Poulet aux prunes (2011) avait moins convaincu. De retour au cinéma après six ans d’absence, aidée cette fois par le scénariste Jack Thorne et son don inné pour raconter des histoires, l’auteur de bande dessinée donne raison à cette nouvelle adaptation à l’écran de l’une des polonaises les plus légendaires. La magie opère à nouveau. Mais elle retombe parfois, à cause de mauvais choix dramatiques. Quelques flash-backs, évoquant l’enfance de Pierre et Marie, destinés très tôt à devenir d’illustres scientifiques, ou encore le décès de la mère de Marie, sont assez inutiles et maladroits.

L’accent sur la vie sentimentale de la seule femme à avoir obtenu deux prix Nobel agace un peu. Mais tout le reste tient par des plans bien pensés, des scènes bien construites, parfois même des images d’une grande beauté où science et poésie se mêlent. Il faut dire qu’elle a fait appel à l’excellent directeur de la photographie de Festen et Slumdog Millionnaire. Quand la réalisatrice joue avec la phosphorescence du radium, qui irradie dans la pénombre de la chambre à coucher, elle symbolise le rapport de Marie Curie à sa découverte en quelques plans de manière ingénieuse. C’est un lien quasi intime qui lui fait négliger les dangers sur sa santé.


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A certains moments, Radioactive rappelle la même verve, bien que moins organique, que le premier film de Stéphanie Di Giusto La Danseuse (2016). Les deux films plongent dans la même époque, puisque l’héroïne de La Danseuse, Loïe Fuller, avait demandé au couple Curie de lui fabriquer un costume phosphorescent. Marjane Satrapi signerait-elle sa véritable première naissance au cinéma?

Un drame personnel et mondial

Alors que Pierre et Marie Curie forment un couple très soudé et complémentaire, ils reçoivent en 1903 le prix Nobel de physique pour leurs recherches sur les radiations. Recherches scientifiques, travail au laboratoire, difficultés financières, propositions commerciales : un patchwork de scènes montre le quotidien du couple. La mort de Pierre survient, le propos du conflit homme-femme prend bientôt fin. Le caractère de Marie Curie apparaît alors davantage. Sa détermination, pourtant, ne fait pas d’elle une virago. Elle se fraie difficilement une place dans un monde exclusivement masculin tout en demeurant pleinement femme. Et c’est sans doute ce qui touche le plus. Quand la réalisatrice la montre mère, elle rend compte de sa passion pour la vie. Quand elle la montre amoureuse, elle l’est dans sa totalité, même après la mort de Pierre. Quand elle la montre fragile, sa force ne faiblit pourtant pas. Figure dévouée, incarnée, déterminée, elle insuffle les mêmes valeurs à ses deux filles. Elle part même sur le front avec l’une d’entre elles pour soigner les blessés de la première guerre mondiale.



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Plus on avance, plus le traitement tend à l’expérimental, tout en demeurant crédible. L’univers de la bande dessinée n’est pas loin, avec ses images éloquentes, sa symbolique, en des parallèles en flash-forward. Cette progression visuelle se conjugue à l’évolution des découvertes sur la radioactivité qui provoque des maladies, des espaces dévastés par la bombe atomique. Quel paradoxe que la science ! Le radium, lui, est expérimenté de manière thérapeutique pour la lutte contre le cancer. Ce procédé est intéressant, car il a l’avantage d’être très visuel, mais il dilue le personnage central et donc l’enjeu dramatique. Néanmoins, ce film tout en effervescence est à l’image de Marie Curie, et il a su rendre compte de cette nature dédiée à la recherche, à la curiosité, au progrès. Sa responsabilité immense apparaît. Celle, sans doute, à laquelle elle a répondu : “Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre”. La fin s’attache ainsi à sa profonde humanité, au caractère universel de ses inventions, à son tempérament plus prompt au combat qu’à la désolation.

Radioactive, de Marjane Satrapi, avec Rosamund Pike et Sam Riley, le 11 mars au cinéma, 1h50.

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