Le film “De Gaulle” se concentre sur l’avènement de l’appel du 18 juin 1940. Gabriel Le Bomin, le réalisateur, évite les prises de risque historiques pour se rapprocher du biopic familial, tout en défendant la figure de héros du général de Gaulle. Quatre-vingts ans plus tard, le chantre de la France libre semble lointain et plus homme que légende.
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En 1940, la France subit d’énormes pertes militaires face à l’ennemi allemand. La famille de Gaulle est toujours dans sa demeure de Colombey-les-Deux-Églises. Charles (Lambert Wilson) est alors colonel d’active et se rend sur le front, quand sa femme Yvonne (Isabelle Carré) s’occupe de leur petite dernière Anne (Clémence Hittin), porteuse de trisomie 21, avec l’aide de Mlle Potel(Catherine Mouchet). Le gouvernement français se trouve bientôt en désaccord face à la poursuite de la guerre.
En marge de la famille de Gaulle, de ses idéaux et de ses valeurs, le film retrace le déchirement entre deux conceptions de la France au début de la seconde guerre mondiale : d’un côté les défaitistes, de l’autre les résistants. Et au milieu, le général de Gaulle, fraîchement promu, qui trouve sa force dans ses convictions, dans le soutien de sa femme et la fragilité de sa fille Anne, dont l’insouciance et le courage donnent un sens supplémentaire à son combat. À ce titre, les actrices sont très convaincantes dans leurs rôles. Elles apportent une belle fraîcheur et beaucoup d’émotion.
La préparation de l’appel du 18 juin
D’un point de vue cinématographique, le nouveau long-métrage du réalisateur, connu pour sa passion des sujets historiques, ne transcende pas le genre. Il effectue un film français sur une figure française, laissant, heureusement, la passion de côté — même si l’enjeu dramatique manque parfois. Si le général incarné par Lambert Wilson touche vraiment, c’est surtout grâce au parallèle constant entre la situation de la France et celle de sa fille Anne. Le film revient sur la découverte du handicap par les parents. Ils sont décontenancés mais déterminés à protéger leur fille du mieux qu’ils peuvent.
Chaque référence à l’enfant est d’ailleurs associée à l’espérance et au bonheur. Charles de Gaulle aurait-il puisé dans cette défense de la fragilité sans faille menée par sa femme, pour à son tour mener à bien son combat pour la résistance ? Son horreur du défaitisme a-t-elle été confortée par cette détermination commune du couple à faire face au handicap ? Ainsi est l’homme de Gaulle au moment où il doit parlementer avec Winston Churchill pour limiter la casse et trouver un allié. La France essuie une défaite militaire suite à la signature de l’armistice, au niveau politique la chose est plus complexe. Et le réalisateur s’est bien gardé de trop s’y aventurer, même si l’on comprend bien qu’il ne cherche pas trop à sauver la face du maréchal Pétain. Il lui enfonce même un peu la tête à le présenter en homme épris de pouvoir, ce dont il se garde au sujet du général. Sa prudence s’accompagne donc d’une mise en situation assez simpliste sur la divergence de points de vue. Cependant, elle a le mérite de donner sens aux rôles qui incombent respectivement à Pétain et à de Gaulle, sans doute plus complémentaires qu’opposés.
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À mesure qu’Yvonne parcourt la France avec ses enfants pour échapper à l’avancée des Allemands, et qu’elle risque la mort, Charles de Gaulle comprend qu’il doit rester à Londres. Le général est un homme convaincu, passionné par les mots et leur pouvoir. Dans son livre Le Fil de l’épée (1932), évoqué à plusieurs reprises dans le film — notamment par Churchill — Charles de Gaulle écrivait : “On ne fait rien de grand sans les grands hommes et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu” et “face à l’événement, c’est à soi-même que recourt l’homme de caractère”. Après le doute qui le traverse — nous le voyons d’ailleurs prier dans une église — ces deux phrases illustrent parfaitement ce à quoi l’homme répond. En soutien, sa femme tout comme Churchill lui rappellent quel homme il est. Même s’il est seul. Enfin, la BBC lui tend les bras et lui permet de prononcer, à l’adresse des Français, son premier discours de chef de file de la France libre.
Ce film est un hommage au couple des de Gaulle. Hommage aussi à l’homme qui a voulu honorer l’image de la France, et qui lui a permis de siéger parmi les vainqueurs à la fin de la seconde guerre mondiale. C’est enfin un portrait juste et honnête de l’homme du 18 juin.
De Gaulle, de Gabriel Le Bomin, avec Lambert Wilson, Isabelle Carré, Catherine Mouchet et Clémence Hittin. En salles le 4 mars, 1h50.
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