Prêtre du diocèse de Spokane, aux États-Unis, le père William J. Slattery vient de publier la traduction française de son livre « Comment les catholiques ont bâti une civilisation ». Il y raconte de manière incarnée comment la religion catholique, à travers des hommes et des femmes, a bâti la civilisation occidentale.C’est un mot qui fait rêver, qui fait grandir, qui inscrit chacun dans une histoire dont il est l’héritier. La civilisation, parce qu’elle ne se limite pas à un domaine mais concerne autant la vie intellectuelle qu’artistique, morale, spirituelle, sociale ou matérielle, est un élément fondateur pour un pays ou une société. Portées par des hommes et des femmes, elles évoluent au gré des siècles, disparaissant souvent, demeurant, parfois. Dans son ouvrage Comment les catholiques ont bâti une civilisation le père William J. Slattery, prêtre du diocèse de Spokane, aux États-Unis, s’est tout particulièrement intéressé au rôle de la religion catholique dans la construction de la civilisation occidentale. « Dans une saga héroïque de 1.000 ans, le catholicisme a bâti la civilisation occidentale parmi les décombres de la civilisation romaine », assure-t-il à Aleteia.
L’urgence de témoigner
Le catholicisme, plus exactement les hommes et les femmes qui l’ont porté, « n’avaient pas la mentalité de bâtir une civilisation mais ils étaient animés par l’urgence de témoigner, de convertir, pour aider chaque personne à rencontre l’unique Sauveur de l’histoire », reprend le prêtre. « Cette urgence les a poussés à proposer la foi catholique aux barbares et aux romains ». Durant la période de l’Antiquité tardive, du Ve au Xe siècle, l’Église parvint à baptiser les peuples barbares « grâce à l’intelligence et à l’endurance inébranlables d’évêques dévoués, à la sueur et au sang des moines celtiques et bénédictines, et à la vie de prière de silencieux ermites », indique le père William Slattery qui souligne aussi l’importance « du sens de l’identité catholique de tant de laïcs dirigeant les royaumes, qui collaboraient aux campagnes missionnaires et prenaient même souvent l’initiative ».
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Du Ve siècle au VIIe siècle, en raison de l’absence de stabilité politique, légale et militaire dans l’Empire romain, « la société européenne ressemblait à un vaisseau ballotté sur une mer inconnue et malmené par les vagues », illustre encore le prêtre. « L’Église était la seule institution capable de prendre le gouvernail ». En l’absence d’un véritable pouvoir temporel, de nombreux évêques prirent ainsi la responsabilité de la société. Certains n’ont pas hésité à tenir tête aux grands seigneurs de l’époque. Ce fut le cas, par exemple, d’Isidore de Séville, Thomas Becket, qui paya de sa vie son opposition à un monarque, ou encore Didier de Vienne et saint Léger.
« Au fil des siècles, les chrétiens se sont surpris à créer une civilisation », assure le prêtre du diocèse de Spokane. « Ils ont vu comment les conversions individuelles ont progressivement transformé les grandes institutions de la société : mariage, famille… Tout a commencé à changer, la chrétienté a émergé ». Pour lui, aujourd’hui, « c’est cet esprit que nous devons reconquérir ».
Comment les catholiques ont bâti une civilisation, père William J. Slattery, Mame, janvier 2020, 34,90 euros.