La faculté de médecine de Montpellier détient depuis plus de 200 ans un manuscrit baptisé “Psautier de Charlemagne” ? Plusieurs éléments laissent penser que cette magnifique pièce datant du VIIIe siècle aurait appartenu à la famille de l’empereur carolingien
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À la fin du VIIIe siècle, le royaume des Francs est gouverné d’une main de fer par Charlemagne. Il a pris l’habitude de se rendre dans des abbayes, et c’est à Notre-Dame de Soissons, dans l’Aisne, que plusieurs litanies sont ajoutées à un mystérieux manuscrit royal… Elles font mention du pape Adrien Ier, mais surtout de la femme et de la fille du futur Empereur. À l’époque, il est rare de posséder des psautiers glosés, qui contiennent les textes sacrés ainsi que les commentaires. Cette œuvre d’une valeur inestimable est également ornée de plus de 2.500 lettrines polychromes. Deux magnifiques enluminures pleine page représentent le roi David et le Christ au début de l’ouvrage.
Transféré à Auxerre dans la première moitié du IXe siècle, le manuscrit tombe dans l’oubli, avant d’être racheté par un grand collectionneur dijonnais au XVIIIe siècle. Son gendre le cède à l’abbaye de Clairvaux peu avant la Révolution. Mal lui en a pris : toute la collection des moines est confisquée en 1789. L’ouvrage est finalement récupéré par la faculté de Montpellier, en 1804. Il vient compléter une bibliothèque de près de 600 manuscrits, tous rassemblés à la fin de la période révolutionnaire par le conservateur Gabriel Prunelle.
Exposé au public tous les deux ou trois ans
“Outre les inscriptions mentionnant la famille de l’empereur, ce psautier est dit “de Charlemagne” car il est très luxueux, et appartenait probablement à une famille princière”, explique à Aleteia Pascaline Todeschini, conservatrice à la bibliothèque de l’université. Les études contemporaines établissent que l’œuvre est bien d’époque carolingienne. Elle aurait été réalisée dans l’abbaye de Mondsee, en Germanie du sud est, dans l’Autriche actuelle.
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Compte tenu de sa valeur, le psautier n’est consultable que sur justification de recherche ou lors des expositions temporaires. “Le parchemin est un matériau qui réagit particulièrement, et nous devons lui laisser la possibilité de se reposer”, précise Pascaline Todeschini. Elle explique qu’«après une exposition longue, nous ne devons pas le représenter avant deux ans minimum”. À l’occasion des 800 ans de la faculté de médecine de Montpellier, l’ouvrage vient justement d’être montré au public. Depuis quelques jours, il est de nouveau à l’abri.