Depuis la censure par la chaîne américaine ABC d’une publicité pour des produits de soins post accouchement — film jugé trop cru et trop réaliste —, des milliers de femmes réagissent sur Twitter en racontant leur expérience douloureuse durant les jours qui ont suivi un accouchement. Une parole libérée, instructive, certes, mais univoque et anxiogène.
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Avant, on utilisait les réseaux sociaux pour ne montrer que le beau côté de la vie. Désormais, on montre le côté « moche », le revers de la médaille : Twitter a servi à « balancer son porc », à dénoncer les violences obstétricales et maintenant il exhorte à clamer haut et fort les douleurs liées à l’accouchement. On assiste en effet depuis quelques jours à une montée des enchères des douleurs du post partum, assimilées à la pire des injustices, à une espèce de concours de celle qui aura le plus souffert, mesuré au nombre de cœurs. Contractions post accouchement, seins gonflés, lochies (saignements après l’accouchement) qui n’en finissent pas, baby blues, douleurs liées à une épisiotomie, à une césarienne, à une infection urinaire, manque de reconnaissance et ou de patience de son conjoint… Les femmes se lâchent et dévoilent tout ce qu’elles ont enduré pendant la douloureuse période du post partum.
Un hashtag devenu viral depuis que la chaîne américaine ABC et la 92e cérémonie des Oscars ont refusé de diffuser, dimanche 9 février, une publicité réalisée par Frida Mom, une marque de produits de soins post accouchement. Le film montrait une femme se levant en plein milieu de la nuit, son bébé en train de pleurer, ayant du mal à marcher pour se rendre aux toilettes et nettoyer la cicatrice de son épisiotomie. Il n’en fallait pas plus pour qu’Ashley Graham, mannequin et influenceuse, s’empare de l’affaire. Elle a partagé une photo sur son compte Instagram assurant qu’elle ignorait qu’en devenant mère, « elle devrait changer ses propres couches ».
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« Le post partum, c’est souvent moche et douloureux et il est temps de le dire », assure une instagrameuse. Si l’objectif, louable à première vue, est de libérer la parole et d’informer ses paires, les conséquences vont en réalité beaucoup plus loin. Si les mots libèrent certaines, ils en terrorisent d’autres et viennent briser en elles tout désir de maternité. « Après avoir lu #MonPostPartum, je ne voudrai certainement pas d’enfant ! », peut-on lire sur Twitter. Car ces femmes ne disent rien de la joie liée à une naissance. Elles ne disent pas que tous ces désagréments certes douloureux sont temporaires. Elles ne conçoivent pas que la souffrance puisse avoir un sens : celui d’accéder à cet immense privilège qu’est de donner la vie. Elles aimeraient un enfant mais sans souffrir et sans que leur corps en pâtisse. Transgression d’une loi qui pourtant régit l’humanité depuis la nuit des temps.