Le 11 février 1858, la Vierge apparaît à Bernadette Soubirous, une petite bonne femme de 14 ans qui vient d'une famille pauvre des environs. C'est le début d'une série de dix-huit apparitions au cours desquelles la fameuse "Dame" donnera son nom : elle est l'Immaculée conception. Fille d'un meunier ruiné, on imagine parfois Bernadette comme une jeune fille en sabots discrète et timorée, à la limite de la mièvrerie. Il n'en est rien. Simple, assurément, elle l'est, mais la petite Pyrénéenne a également un caractère bien trempé. Elle a le sens de la répartie.
"Je ne suis pas marchande"
Alors que Bernadette décrit les apparitions dont elle a été témoin, beaucoup testent sa résistance, essayant de lui faire dire ce qu'elle n'a pas dit, tentant de la faire craquer. Et pourtant, cette "petite pour son âge, chétive et sujette à des crises d’asthme", ainsi que la décrit l’abbé Pène, vicaire de la paroisse de Lourdes, supporte tout cela sans broncher, preuve d'une foi et d'une détermination sans failles. "Elle esquive tous les pièges, ne se confond jamais et ne se contredit jamais", témoigne Mgr Bertrand-Sévère Laurence, évêque de Tarbes-Lourdes dans une lettre pastorale, en 1862. En témoignent également les paroles qu'elle prononce à diverses occasions. Alors qu'on lui présente des chapelets à bénir, elle refuse, lançant : "Je ne porte pas l’étole". Si on lui demande de vendre des médailles, elle rétorque : "Je ne suis pas marchande". Et, devant les images à dix sous qui la représentent, elle a cette saillie : "Dix sous, c’est tout ce que je vaux !". On pense également à sa célèbre phrase : "Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire". Si la formule exacte n'est pas attestée, elle montre combien la jeune fille prend sa mission à cœur, avec une juste distance. Comme elle le dit elle-même, elle a fait sa "commission". Pas de doute, Bernadette avait du caractère.