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Orienter sa colère… comme le prophète Élie

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Une colère peut être légitime, mais elle doit être maîtrisée pour porter du fruit. Furieux du péché d’Israël, Élie va s’emporter. Mais Dieu va le guider pour orienter sa colère vers la conversion de son peuple.

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C’est par un cri de colère et de condamnation qu’Élie intervient pour la première fois dans la Bible : « Il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie sauf à mon commandement ! » (1R 17, 1). La parole est sévère, elle va provoquer la sécheresse, et donc la famine dans tout le pays. Cependant, Élie a de bonnes raisons de se mettre en colère. L’Israël du nord, après s’être séparé du royaume de Juda, vient d’entrer dans l’apostasie du vrai Dieu, le Dieu d’Israël, en servant les faux-dieux importés de Phénicie par Jézabel. Comble de l’horreur, Hiel de Béthel vient de sacrifier ses deux enfants pour rebâtir Jéricho sur leur tombeau (1R 16, 34).  Élie a-t-il donc bien fait de se mettre en colère ? Probablement. Mais les commentateurs juifs s’amusent à voir le Bon Dieu bien embarrassé par l’intervention d’Élie. Il ne l’avait pas ordonnée ! Pour rendre la colère d’Élie féconde, il va donc l’éduquer en plusieurs étapes.

L’urgence du désert (1R 17,2-7)

Pour Élie, l’urgence principale c’est la conversion d’Israël. Il est prêt à mourir pour parvenir à cette fin. Pour le Bon Dieu, l’urgence première c’est la conversion d’Élie. Pour qu’Élie devienne un vrai prophète, il faut qu’il s’enracine dans la prière, l’écoute de la parole de Dieu. Il doit vivre au rythme de la création et l’histoire sainte d’Israël. Le Bon Dieu l’envoie donc à Kerit, à l’est du Jourdain, au lieu même de ses origines familiales. Avant de dire à Israël ce qu’il doit être, Élie doit d’abord apprendre, sous le regard de Dieu, qui il est vraiment.



Lire aussi :
Ces passages de la Bible qui aident à dépasser sa colère

L’urgence de la charité ordinaire (1R 17,8-13)

La seconde étape de formation d’Élie, c’est celle de la charité fraternelle, et particulièrement à l’égard des ennemis. Le Bon Dieu envoie Élie auprès d’une femme de Sarepta, dans une ville de Sidon d’où justement est sortie la reine Jézabel qui a perverti le cœur d’Israël en se mariant avec le roi Achab, le roi d’Israël. C’est en plein cœur du territoire ennemi qu’Élie doit aller. Il doit briser l’idée qu’il se fait des Phéniciens pour rencontrer des personnes réelles, elles aussi assoiffées de vie et de vérité. La grande charité qu’il doit exercer à l’égard de cette femme de Sarepta, c’est de se faire mendiant de sa charité. Il doit lui donner l’occasion d’exercer à son égard un acte de charité héroïque en lui donnant à manger alors qu’elle est sur le point de mourir de faim avec son enfant.

L’urgence de la prophétie (1R 17,14-16)

La dernière étape, enfin, est celle de la prophétie. Élie est devenu capable de prophétiser au nom du Seigneur auprès de cette femme : « Ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël… » parce qu’il a pris le temps d’écouter la parole de Dieu au désert de Kerit, et parce qu’il a pris le temps d’écouter cette femme et sa détresse. C’est en effet avec les propres mots de cette femme qu’il prononce sa parole prophétique : « Jarre de farine ne s’épuisera ; cruche d’huile ne se videra ; jusqu’au jour où le Seigneur enverra la pluie sur la face de la terre. » Sa prophétie n’est plus une leçon apprise. Elle est une parole de Dieu dite avec les mots des hommes, d’une manière poétique et inspirée par l’Esprit.


ELIJAH
Lire aussi :
Les personnages de l’Ancien Testament : Élie, le prophète de la vie

Au lieu de convertir Israël d’un coup, Élie a été amené à devenir prophète auprès d’une personne. Au lieu de proférer une parole de malédiction, il en dira une de bénédiction. C’est sur le long terme que sa parole produira des effets durables. D’Élie, en effet, sortira le petit reste de prophètes à partir duquel Israël, quelques siècles plus tard, sera rendu capable de traverser l’épreuve de la déportation et de l’exil. D’ici là, Élie devra continuer à se laisser éduquer par le Seigneur.

Orienter sa colère

La colère d’Élie nous apprend que nos colères légitimes (devant une société qui s’autodétruit, tue ses enfants, déstructure l’humanité, etc.) ne sont pas à rejeter. Offertes à la grâce de Dieu, et orientées vers le service concret du prochain, elles peuvent devenir des sources de bénédictions. Probablement nous faudra-t-il du temps pour en arriver jusque-là, et une lente éducation. Mais à y bien regarder, si nous allons jusqu’au fond de notre colère, nous y trouverons peut-être la perle précieuse de notre vocation. « Dis-moi pour quelle cause tu te mets en colère, et je te dirai où Dieu t’appelle à faire rayonner sa grâce… »

Pour aller plus loin :
Deux numéros de la revue Carmel traiteront du prophète Élie en mai et septembre 2020. Pour les recevoir, cliquez ici.

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