« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17). Jésus ne revient pas en arrière dans l’observance des commandements. Mais il inaugure la « Nouvelle Alliance », dont le code est renouvelé par rapport à celui de l’Alliance avec Moïse. Il vient pour les malades, pas pour les bien-portants.Le débat fut vif aux premiers temps de l’Église : les païens convertis devaient-ils être soumis aux obligations juives ? La réponse fut négative. Pour quelle raison ? Les tout premiers chrétiens étaient des juifs : l’observance des commandements ne posait pas problème. Les Actes des Apôtres nous les montrent se rendant au Temple à l’heure de la prière. Ils nous montrent aussi, à plusieurs reprises, Paul se rendant à la synagogue le jour du sabbat. Mais que faut-il faire avec des païens qui se convertissent au Christ ? Puisque « le salut vient des juifs », comme dit Jésus à la Samaritaine, les convertis doivent-ils commencer par se judaïser ? Les hommes doivent-ils être circoncis ? Paul proteste : lui, « Hébreu fils d’Hébreux, quant à la Loi, un pharisien », il n’a pas été sauvé par la Loi. Et pourtant, il était « irréprochable quant à la justice que peut donner la Loi ». Finalement, à Jérusalem, « les apôtres et les anciens se réunirent pour examiner cette question ». Aux païens convertis, il sera seulement demandé de ne pas pactiser avec les idoles, de ne pas nouer d’unions illégitimes et d’observer deux règles alimentaires remontant au temps de Noé (Ac 15).
Les transgressions de Jésus, juif religieux
Comment Jésus lui-même a-t-il éclairé cette question ? Jésus a été un juif religieux. Il était si pratiquant qu’il pouvait dire : « Qui d’entre vous me convaincra de péché » (Jn 8, 46) ? Il a pris parti dans les questions touchant à l’observance du sabbat. Il a transgressé certaines traditions censées favoriser la fidélité à la Loi.
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Jésus fut circoncis le huitième jour après sa naissance. Il fut présenté au Temple. À partir de 12 ans, il monta à Jérusalem pour les fêtes. Il inaugure son ministère, selon saint Luc, en se rendant, « selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue » de Nazareth. Les pharisiens lui reprocheront de partager la table de pécheurs publics mais pas de manquer aux règles de la cuisine casher. Comme les juifs religieux d’aujourd’hui, il portait même des franges à son vêtement (Mt 6, 56).
Guérir les malades
Les Évangiles ne le montrent jamais offrant un sacrifice. Il ne dit rien à propos de la circoncision. À la Cananéenne, il dit n’être envoyé qu’aux « brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15, 24). Mais il prend position sur la question du sabbat. Jusqu’où doit aller l’obligation de n’accomplir aucun travail ce jour-là ? Les écoles rabbiniques n’étaient pas d’accord sur ce point. Le Premier Livre des Macchabées (un siècle avant Jésus-Christ) légitimait déjà la légitime défense le jour du sabbat. Jésus va plus loin et ce sera une des accusations portées contre lui. Ce jour est destiné à honorer Dieu : comment mieux l’honorer qu’en guérissant les malades (Mt 12, 10) ?
Le nom de « pharisien » provient peut-être d’une racine signifiant la séparation. Le bon juif devait se séparer, se purifier de tout ce qui pourrait le souiller (Mc 7, 4). À plus forte raison, doit-il se tenir éloigné des pécheurs. Or Jésus fait le contraire, car ce sont les malades qui ont besoin du médecin (Mt 9, 12).