À l’occasion de la journée de la vie consacrée, le 2 février, Aleteia vous propose de rencontrer Dorothée Piccinini, vierge consacrée dans le diocèse de Périgueux. Cette forme de consécration reste encore mal connue des catholiques eux-mêmes.
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“Pour moi, c’est automatique de parler de Jésus”, lance Dorothée Piccinini avec enthousiasme. Originaire de Strasbourg, cette femme de 40 ans à la gaieté contagieuse est vierge consacrée dans le diocèse de Périgueux. Elles sont six au total dans le diocèse. Le 4 février prochain, elle fêtera ses deux ans de consécration. Passionnée par l’hôtellerie — elle a été un temps gouvernante pour l’hôtel Marriott à Paris — elle travaille comme réceptionniste de nuit dans un hôtel du centre-ville de Périgueux. Sa vocation de vierge consacrée reste souvent méconnue du grand public. “Je suis vraiment sponsa Christi (en latin “épouse du Christ”). Je suis dans le monde et il n’y a rien qui me différencie du gars lambda, mais je suis consacrée au Christ”.
La première forme de vie consacrée
Les vierges consacrées sont la première forme de vie consacrée dans l’Église, avant même le monachisme. Leur cérémonie de consécration a d’ailleurs inspirée celle de l’ordination sacerdotale, avec la prostration, la litanie des saints, l’imposition des mains. À la différence qu’il ne s’agit ici pas d’un sacrement mais d’une consécration. Les vierges consacrées ne font pas de vœux comme les religieuses mais promettent devant leur évêque obéissance au Christ, s’engageant également à la “pauvreté évangélique”, c’est-à-dire à un rapport modéré aux bien du monde. “C’est un mariage avec le Christ”, insiste-t-elle. En témoigne l’alliance qu’elle porte à l’annuaire gauche et qui l’accompagne dans sa vie quotidienne, qu’elle soit au travail, en plein ménage ou assise derrière son ordinateur.
Quand elle a su qu’elle voulait se consacrer au Christ, Dorothée a pensé au couvent mais cette vie-là ne l’attirait pas. “Je ne suis ni faite pour vivre en communauté ni pour être cloîtrée », s’explique-t-elle. C’est en tombant sur un article rédigé par une vierge consacrée qu’elle découvre cette nouvelle voie qui s’ouvre devant elle. “C’est très libre et c’est pour cela que ça m’a plu. Quand on me voit du dehors, il n’y a rien qui me différencie des autres et cela fait partie du jeu”. Non pas qu’elle renie l’habit religieux qui, selon ses mots, “en jette”. Mais ce n’était pas son appel.
Son métier, une occasion de témoigner
“Je me prépare depuis que j’ai 24 ans. Quand on devient vierge consacrée, on fait un vœu définitif immédiatement donc l’Église est très prudente : elle veut vérifier que la candidate n’a pas peur des hommes ou que ce n’est pas une lubie”, poursuit cette femme tonique dont le maître-mot est la simplicité. “Le Seigneur s’est toujours révélé à moi comme cela, dans la simplicité. Il n’y a pas deux consacrées pareilles. Je suis assez extravertie ; le Seigneur m’a donné un beau sourire et je l’utilise”, ajoute-t-elle entre deux éclats de rire.
“J’ai continué à me maquiller, j’essaie de me faire jolie. Je suis l’épouse du Christ donc je veux lui faire honneur”
Loin d’elle le cliché de la consacrée d’un autre temps qui ne sourit jamais. “J’ai continué à me maquiller, j’essaie de me faire jolie. Je suis l’épouse du Christ donc je veux lui faire honneur”. Elle cite à l’appui ce commandement de Jésus : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” (Mc 12, 31). “Cela veut dire qu’il faut aussi prendre soin de soi. Il n’y a pas de onzième commandement qui dit que quand on est consacrée, on doit être moche et laide. L’idée, ce n’est pas de faire peur. Le Seigneur est mon homme. Il a toqué à ma porte et je lui ai dit “oui”. Maintenant, toute ma vie est pour lui”.
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À la question du mariage et de la vie de couple, sa réponse est simple et claire : “Ce n’est pas parce que j’ai renoncé à vivre en couple que je ne sais pas combien c’est riche. Le don du mariage, c’est très beau. Mais l’homme de ma vie, c’est Jésus. J’ai passé un deal avec lui et je lui ai dit : “Il faut que tu t’occupes de tous les aspects de ma vie”. Nous sommes tous sexués, hommes et femmes, et c’est à lui de gérer cela”. Pour elle, le sujet est aussi simple que pour un couple lambda. “Quand un homme et sa femme vont au bar et qu’un autre homme s’approche trop, hop hop hop, le mari lui dit : “Tu ne touches pas à ma femme”. Je compte sur le Seigneur pour faire la même chose avec moi. Quand on me “dragouille”, je lui lance : “À toi de gérer””.
Son métier est d’ailleurs pour elle une formidable occasion de témoigner. Sur pied de 22h45 à 6h30, elle ne compte plus les échanges profonds avec des clients rentrant de nuit, parfois éméchés ou désabusés. Elle peut aussi bien parler avec eux botanique, amour et foi… Elle compte sur Dieu pour conduire la conversation. “Je lui dis : “Seigneur, mets ton grain de sel dans tout cela””. Au-delà de son travail, elle considère toute activité comme un potentiel lieu de mission, que ce soit quand elle promène son chien Pepsi, lorsqu’elle vide les poubelles de cendriers de l’hôtel, qu’elle cuisine pour ses amis ou même qu’elle regarde une série. “Ce n’est pas un truc élitiste. D’une certaine manière, je suis la carte de visite du Christ. J’essaie de rayonner et d’avoir cette relation au Bon Dieu la plus intime possible parce qu’il est mon époux”.
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