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L’Agneau mystique peint par les frères Van Eyck s’inscrit dans un contexte historique et politique important pour la compréhension de l’œuvre. Nous sommes en Flandre, à Gand, au XVe siècle. La grande ville des Pays-Bas est dirigée par une dynastie princière puissante, rattachée aux Valois et à la maison des ducs de Bourgogne.
La commande adressée aux frères Van Eyck eut lieu pour le baptême du prince Josse de Bourgogne, le 6 mai 1432 précisément, un enfant sur lequel portaient de nombreux espoirs, étant l’héritier légitime de la dynastie bourguignonne. Cette commande officielle est donc d’importance et s’inscrit dans un contexte politique et historique sensible du pouvoir des ducs de Bourgogne sur la Flandre.
Un véritable catéchisme en images
La complexité de ce chef-d’œuvre de l’art primitif flamand conservé dans l’ancien baptistère de la cathédrale Saint-Bavon de Gand n’a cessé d’interroger. La fascination suscitée depuis le XVe siècle par cette œuvre tient non seulement à la qualité des artistes qui la conçurent, mais également au message spirituel qui rayonne des différentes parties qui la composent.
L’art du XVe siècle reste très étroitement lié à la foi, surtout dans un contexte de commande officielle comme pour L’Agneau mystique. Hubert Van Eyck, et son frère Jan qui achèvera la réalisation de l’œuvre, ont littéralement développé en images un catéchisme de la foi chrétienne. Le thème central est celui de l’Agneau mystique décrit par l’Apocalypse de Jean, une histoire sacrée évoquée au dernier livre de la Bible et que le retable réinterprète en une narration d’une richesse impressionnante avec ses 24 panneaux encadrés pour une dimension majestueuse de 5,20 mètres de large pour 3,75 mètres de hauteur.
Deux manières de le découvrir, ainsi qu’il se doit pour un retable, sont proposées par les frères Van Eyck, selon que les panneaux sont ouverts ou fermés. Le retable part de l’Annonciation jusqu’au sacrifice du Christ, représenté non plus par l’instrument traditionnel de torture romain, mais ici en la forme d’un autel richement orné sur lequel trône un agneau à la robe immaculée et dont le sang s’écoule en un calice d’or…
Un travail d’orfèvre des frères Van Eyck
L’immense dépliant proposé avec le livre étudiant L’Agneau mystique (ed. Flammarion) permet de se faire également une idée de la richesse artistique et iconographique de la composition de l’œuvre, parallèlement à sa dimension mystique. Un récent travail de restauration a cependant permis de redécouvrir des détails restés jusqu’alors inaperçus à l’œil nu. Fermé, le polyptyque représente l’Annonciation avec l’Archange Gabriel en une pose élégante et raffinée annonçant à la Vierge Marie le message divin, message lui-même gravé en lettres d’or sur un fond architectural d’une richesse éblouissante avec la ville médiévale en ses plus infimes détails à l’arrière-plan.
Les couleurs sont neutres et une sobriété retenue laisse la priorité au message transmis par l’envoyé céleste. Une fois ouvert, le retable rayonne de couleurs et de richesses étonnantes, le regard convergeant vers la scène centrale de l’adoration de L’Agneau mystique, en un sacrifice librement accepté sur l’autel richement orné. Le jardin dans lequel s’inscrit cette scène aux nombreux personnages foisonne de détails, en un rapprochement manifeste avec le jardin d’Éden.
Au-dessus, le Christ Roi trône en majesté entre la Vierge Marie et saint Jean Baptiste. Adam et Ève encadrent l’ensemble de la représentation d’où s’élève une musique céleste faite de chants et d’orgue. Véritable apothéose artistique, L’Agneau mystique est une œuvre témoignant à elle seule de la société et de la foi d’une époque, une richesse époustouflante particulièrement rendue et transmise par cet ouvrage magistral.
Pratique