Dieu n’est pas seulement le « Bon Dieu » qui se donne à chaque instant, mais aussi le « Beau Dieu » que le cœur aime et qui éclaire toute chose. « Car à travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur Auteur » (Sa 13, 5).
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La nature nous révèle quelque chose de la beauté de Dieu et nous unit à lui, témoigne la bienheureuse québécoise Dina Bélanger dans son Autobiographie : « La nature avec ses beautés et ses richesses variées : crépuscules, clairs de lune, plantes, fleurs, fruits, ruisseaux, rivières, papillons, chants d’oiseaux, etc. me jetaient dans une sorte d’extase. La tiède haleine des vents, le murmure jaseur des feuilles, le grand silence du soir, le sourire des étoiles m’enivraient. Cette rêverie était, à mon insu, une méditation pieuse. Elle allait devenir de plus en plus profonde, s’appeler bientôt une contemplation, me rendre muette et même inconsciente d’admiration, m’enflammer de reconnaissance et d’amour envers l’Infini, me consumer du désir de le posséder, lui, Beauté idéale. »
François Cheng, membre de l’Académie française, partage aussi son expérience de la beauté dans son livre Cinq méditations sur la beauté (Albin Michel). Il évoque la beauté comme une vie ouverte, une joie offerte, un amour transcendant qui relève de l’être et non de l’avoir. Nous ne pouvons qu’accueillir la beauté comme un don et une grâce, car la beauté appelle la bonté, nous dit Cheng. « La bonté est garante de la qualité de la beauté ; la beauté irradie la bonté et la rend désirable. »
La beauté rédemptrice
Nous faisons tous l’expérience de la beauté, et du mal aussi. En créant le monde, Dieu nous a donné une image de sa beauté. Il n’a pas créé le mal, même si celui-ci cohabite avec la beauté. Ces deux mystères de la beauté et du mal traversent notre existence. Il me revient en mémoire la phrase de Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde. »
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Cette beauté rédemptrice, n’est-ce pas la figure du Christ ? Admirable révélation où le Père se manifeste dans le visage de son Fils, comme nous l’avons contemplé à Noël, pour mieux se refléter dans tous les visages humains. La beauté est un appel, un avènement, une épiphanie, comme une résonance divine en l’âme, que l’art peut révéler.
Présence de l’art
L’art, lieu d’expression de la nature profonde de l’être, peut mener à une intelligence de la beauté du mystère de Dieu, en lien avec notre propre mystère. Des thèmes comme l’absolu, l’attente, l’inconnu, la quête, nous révèlent quelque chose de cette tentative de dire Dieu. Nous le saisissons à tâtons, au sein d’une nuit plus lumineuse que le jour, au cœur de ténèbres plus éblouissantes que toute lumière. Pensons aux “Hymnes à la nuit” de Novalis, aux Pèlerins d’Emmaüs de Rembrandt, aux “Nocturnes” de Chopin. Ces œuvres existent en elles-mêmes et témoignent d’une vérité qui est de l’ordre du sacré. Des livres, des tableaux, des œuvres musicales donnent à voir au-delà de toute vision, qui conduisent à un silence plus éloquent que tout discours, qui permettent un contact avec l’invisible présence au-dedans de nous.
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Nous habitons ce monde, malheureusement de plus en plus pollué, avec une certaine inquiétude, conscients de la précarité humaine et de la fragilité des êtres. Tout est poésie et musique pour quiconque accepte d’être ébranlé devant la beauté qui est « la splendeur du vrai » (Platon). Cet amour de la Création peut conduire à l’amour de son Créateur, qui continue à créer à travers nous. La puissance d’aimer et de créer ne vient-elle pas de lui ? N’est-ce pas là une manière de le rencontrer et de lui rendre hommage, jour et nuit, comme nous y invite la poète Marie Noël (1883-1967) ?
Mon Dieu, source sans fond de la douceur humaine,
Je laisse en m’endormant couler mon cœur en vous,
Comme un vase tombé dans l’eau de la fontaine
Et que vous remplissez de vous-même sans nous.
Pour aller plus loin :
https://www.jacquesgauthier.com/blog/entry/dieu-est-beau.html