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Pourquoi Jésus est-il vraiment unique dans toute l’histoire des religions ?

TAJEMNICE BOLESNE, RÓŻANIEC

La flagellation, Jaume Huguet, Musée du Louvre, vers 1455 - 1460.

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André Joseph Léonard - publié le 19/01/20
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D’une manière qu’aucune religion ou philosophie n’a osé imaginer, Jésus est mort humilié, abandonné des hommes et de Dieu, au rang des pécheurs.

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Le deuxième trait caractéristique de la figure de Jésus contraste du tout au tout avec la prétention à la divinité. Il s’agit de l’extrême humiliation de Jésus à l’heure de sa passion. Nous touchons ici au paradoxe absolu de la figure défigurée du Christ. Celui qui a émis la prétention exorbitante d’être le propre Fils de Dieu meurt dans le silence de Dieu, apparemment abandonné de « son » Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34). Ce cri est emprunté au Psaume 22, dont Jésus a clamé d’une voix forte le premier verset ; il a tellement impressionné les auditeurs que Marc, comme Matthieu, le rapporte dans la langue originale, l’araméen : Eloï, Eloï, lama sabachtani ?

Le paradoxe absolu

Le paradoxe est total. Celui qui rassemblait les foules et entraînait derrière lui des disciples meurt seul, lâché et même renié, trahi par les siens. Le vivant par excellence (« Je suis la vie ») est compté au nombre des morts. L’innocent par excellence, le saint de Dieu — « Qui de vous me convaincra de péché ? » (Jn 8, 46) — meurt comme un sans-Dieu, dans la solitude et la détresse des pécheurs. Celui qui a prétendu être l’expression même du Père (« Qui me voit, voit le Père ») et que saint Jean appelle le Verbe ou la Parole de Dieu, le voilà réduit au silence de la mort. Le Tout-puissant dont les œuvres émerveillaient les foules ne peut désormais plus rien, il est réduit à l’impuissance et ne répond rien à ceux qui l’accusent ou l’interrogent (Mc 15, 4-5) comme à ceux qui l’invitent par dérision à se sauver lui-même en descendant de la croix (Mc 15, 29-32). Celui qui s’est présenté comme une source d’eau vive jaillissant en vie éternelle (Jn 7, 37-39 et 4, 13-14) agonise en murmurant : « J’ai soif » (Jn 19, 28). Qui mesurera jamais l’opposition extrême, le contraste absolu d’un tel paradoxe ?


TRÓJCA ŚWIĘTA
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La mort humiliante au cœur de sa mission

Ce trait, lui aussi, est unique. Certes, l’univers mythique connaît bien l’idée du dieu souffrant et même du dieu mourant. Mais il s’agit précisément d’une conception mythique et non d’affirmations concernant un homme précis de l’histoire. De plus, la souffrance y est comprise comme une épreuve marginale qui masque passagèrement la beauté du dieu immortel. Jésus, en revanche, va à la mort comme au cœur de sa mission. Il marche vers son heure, vers le baptême redoutable de sa Passion, comme vers l’épreuve décisive où tout se joue : « Je dois être baptisé d’un baptême, et comme je suis oppressé jusqu’à ce que tout soit achevé » (Lc 12, 50). Il y va de manière si résolue et avec une si terrible lucidité que les disciples en sont atterrés : « Ils étaient en chemin, montant à Jérusalem, et Jésus marchait devant eux ; et ils étaient effrayés, et ceux qui suivaient avaient peur. Et, prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver : « Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux nations, et ils le bafoueront, et ils cracheront sur lui, et ils le fouetteront, et ils le tueront ; et trois jours après il ressuscitera » (Mc 10, 32-34).

Le seul Dieu humilié de l’histoire

Le judaïsme est le seul qui, parmi les religions préchrétiennes, a eu conscience de l’action personnelle de Dieu dans l’histoire. Mais il n’a pas entrevu la réalité du Dieu crucifié. bien le tableau énigmatique d’un Serviteur souffrant, écrasé par l’épreuve et sauvant Dans le Livre d’Isaïe, on trouve la multitude après avoir porté le péché des coupables. Mais jamais Israël n’aurait identifié ce serviteur à la figure glorieuse du messie et, encore moins, à une personne divine. Les Évangiles nous éclairent d’ailleurs sur les difficultés que Jésus a éprouvées, même auprès de ses disciples, pour faire accepter de ses contemporains l’idée d’un messianisme spirituel dont l’accomplissement passerait, non par un triomphe politique, mais par un abîme de souffrance préludant au surgissement d’un monde nouveau, celui de la résurrection.



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Le Serviteur souffrant

Ceci explique le paradoxe que ce soit dans l’Ancien Testament et non dans le Nouveau que nous trouvons la plus étonnante description du deuxième trait caractéristique de la figure de Jésus, à savoir son extrême humiliation à l’heure de sa passion. Il vaut la peine de relire cette page, une des plus émouvantes de la Bible juive, où le prophète décrit le Serviteur souffrant et entrevoit le fruit de sa passion, même si le voile qui recouvre ce visage mystérieux ne se soulève que lorsqu’on contemple en Jésus cette « Face pleine de sueur et de sang » que Bach a célébrée dans sa Passion selon saint Matthieu. Donc lire ou relire Isaïe 52, 13 à 53, 12.

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