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« Les enfants qui voient leurs parents se manifester de la tendresse ont de la chance ! »

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Mathilde de Robien - publié le 09/01/20
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Entre une fausse-pudeur qui évite tout geste tendre devant ses enfants et une sensualité ostentatoire, il existe une voie qui demeure une belle école de l’amour, c’est celle de la tendresse à l’égard de son conjoint, exprimée gratuitement et ouvertement.Un enfant apprend ce qu’est l’amour en étant aimé, en sentant qu’il est aimé, mais aussi « en sentant que ses parents s’aiment, en le voyant suffisamment pour être rassuré sur leur amour », souligne Inès Pélissié du Rausas dans son livre Parlons d’amour à nos enfants (Artège). Un peu comme saint Thomas, « il ne croit que ce qu’il sent ». Comment sent-il l’amour de ses parents ? Par leurs gestes exprimant leur tendresse réciproque : en voyant son père offrir des fleurs ou des cadeaux à sa femme, en voyant sa mère dire un mot tendre à son époux, en les voyant se sourire, s’enlacer, s’embrasser, ou encore en les voyant se réconcilier après une dispute.

Inès Pélissié du Rausas, spécialiste en éducation affective, relève que cette tendresse conjugale permet à l’enfant d’appréhender ce qu’est véritablement l’amour : « Les enfants qui voient leurs parents se manifester de la tendresse ont de la chance ! Ils découvrent qu’aimer, c’est être près de la personne, c’est être une aide pour elle, c’est penser à elle avant de penser à soi ». Ils font indirectement l’expérience de la joie produite dans le cœur de celui qui reçoit le baiser, le sourire, le regard tendres. « Dans ce dévoilement simple et discret de l’intimité de ses parents, l’enfant perçoit que l’amour est un don d’une personne à une autre, et un don qui se vit grâce au corps », précise-t-elle. Et en découvrant que le corps permet de donner gratuitement l’amour et la joie, il touche une réalité profonde et essentielle de l’amour.

Quand la jalousie pointe son nez

Les enfants ont besoin de sentir que leurs parents s’aiment mais cela ne leur plaît pas toujours, fait remarquer Inès Pélissié du Rausas. On voit parfois des enfants s’intercaler entre leurs parents qui s’embrassent. Mais elle insiste sur le fait que l’enfant doit accepter que les parents aient besoin d’être seuls, de sortir en amoureux, de fermer la porte de leur chambre le soir. En outre, il ne s’agit pas toujours de jalousie, ou de complexe d’Œdipe exacerbé. En se blottissant entre ses parents qui s’embrassent, « il cherche la sécurité de l’amour, même s‘il n’en est pas conscient. Il veut recevoir lui aussi quelque chose de la joie qu’il ressent intensément à ce moment », explique l’auteur.


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Cependant, seule la véritable tendresse attire. Pas les fausses tendresses un peu troubles et équivoques qui révèlent plus le désir de possession de l’autre plutôt qu’une attention désintéressée. Karol Wojtyla dans Amour et responsabilité définissait ainsi la tendresse véritable, celle qui vient du cœur : « La tendresse doit être entourée d’une certaine vigilance (…) pour que ses diverses manifestations ne deviennent pas des moyens de satisfaire à la sensualité et aux besoins sexuels. Aussi ne peut-elle se passer d’une vraie maîtrise de soi, qui devient ici l’indice de la subtilité et de la délicatesse intérieure de l’attitude à l’égard de la personne de sexe différent ». C’est cette tendresse-là que des parents sont appelés à exprimer devant leurs enfants. C’est celle-là, et non une avide sensualité, qui les éduquera à l’amour vrai.

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Parlons d’amour à nos enfants, Inès Pélissié du Rausas, Artège, octobre 2019, 22 euros.

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