En 2019, les catholiques de France ont pris conscience que la déchristianisation n’est pas seulement un sujet d’étude sociologique ou une mauvaise passe de circonstance, mais un péril existentiel. Dans leur histoire et dans l’espérance, ils ont pourtant les ressources pour surmonter les difficultés. Avec une priorité : regarder la vérité en face, sans oublier que l’évangélisation est d’abord « l’affaire de Dieu ».En ce début d’année, de nombreux catholiques forment le vœu que 2020 soit plus favorable à l’Église de France que ne le fut 2019. L’année écoulée a vu en effet les révélations des abus sexuels dans l’Église prendre un tour dramatique. À ce traumatisme est venu s’ajouter l’incendie de Notre-Dame. Dans le même temps, les catholiques constataient un phénomène encore plus inquiétant : la dynamique de déchristianisation n’est pas enrayée. Jamais la France n’a été aussi indifférente à ses racines chrétiennes.
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Du côté des fidèles, le temps du déni est passé. Les responsables ont pris la mesure du péril. Les mensuels diocésains qui s’apparentaient il y a peu de temps encore aux périodiques de propagande municipale où chaque info est plus positive que la précédente, n’hésitent plus à traiter maintenant les sujets qui fâchent. Dans ce contexte, quels sont les motifs d’espoir, ou plutôt d’espérance, qui permettent d’apercevoir, sinon le bout du tunnel, du moins les prémisses d’un renouveau de la foi dans notre cher et vieux pays ?
L’affaire de Dieu avant la nôtre
En premier lieu, même si les réactions suscitées par l’incendie de Notre-Dame ont été un réconfort pour les catholiques français, qui n’ont pas été insensibles à cette occasion aux marques de compassion et d’attachement des Français à la première cathédrale de notre pays, il serait téméraire de fonder notre espérance sur cette vague d’émotion. Le retour de la foi se jouera sur le temps long et la persévérance. À ce niveau, la cellule familiale sera le terrain décisif où se jouera, pour une grande partie, la transmission. Que les pasteurs n’hésitent pas à rappeler le rôle fondamental de la famille dans l’évangélisation !
“La tâche la plus urgente à accomplir est de prier.”
En second lieu, malgré un attachement affectif et viscéral à la religion de nos pères, ainsi qu’au patrimoine culturel et architectural qu’elle nous a légués, la renaissance de la foi en France est d’abord l’affaire de Dieu. Non pas que les hommes n’aient rien à faire ! Il ne suffira pas de réciter trois Ave et se croiser ensuite les bras en attendant que les forces surnaturelles remettent tout en ordre de marche. Les fidèles auront leur part de travail dans le renouveau du catholicisme. Mais la tâche, prise dans sa globalité, dépasse leurs propres forces. S’ils n’intègrent pas cette donnée au départ, ils risquent d’aller de désillusions en désillusions. Aussi la tâche la plus urgente à accomplir est-elle de prier. Cette priorité accordée à la prière est déjà recommandée pour le salut individuel de chacun. Il n’y a pas de raisons que le salut collectif de notre pays n’en dépende pas de son côté.
Un pays élu, malgré son ingratitude
Un autre motif d’espérance du relèvement du catholicisme français réside dans l’élection de notre pays par Dieu. Premier royaume européen à avoir embrassé officiellement la foi catholique (même si la Gaule était déjà chrétienne depuis les premiers siècles de notre ère), la France n’est pas indifférente à Dieu. Beaucoup de nos compatriotes pensaient que sa condition pouvait se comparer à celle d’Israël : comme la patrie terrestre du Christ, la France fait l’objet d’un amour particulier de la part du Très-Haut.
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Plusieurs signes corroborent cette faveur. Entre mille exemples, mentionnons les événements de Paray-le-Monial au XVIIe siècle, où eut lieu la plus grande apparition du Christ sur notre continent. Non, la foi n’est pas seulement un patrimoine artistique et culturel en France ! Il fut un temps où les Français nourrissaient un attachement viscéral au Fils de Dieu. Il ne tient qu’aux catholiques de France de le raviver. Ou plutôt, il leur appartient de prier le Christ de changer le cœur des Français afin qu’ils reviennent à lui — lui en lequel ils retrouveront cette joie qui leur fait tant défaut, malgré leur richesse matérielle (les Français sont les champions de la mauvaise humeur).
Vaincre ses inhibitions
Certes, la prière n’exonérera personne du travail d’évangélisation. Il ne suffira pas non plus de rafraîchir la mémoire de nos contemporains au sujet de ce qu’ils doivent au christianisme. Encore faudra-t-il leur démontrer la pertinence de la foi pour promouvoir le bien commun hic et nunc, et plus encore pour causer en eux la joie surnaturelle qu’ils pourront expérimenter en renouant avec le Christ, cette joie que les hochets technologiques ne leur procureront jamais.
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La masse critique actuelle des fidèles est une objection à la possibilité d’un renouveau. Là encore, l’exemple d’Israël, petit peuple par le nombre, mais par lequel est passé le salut universel, peut servir d’exemple pour raviver l’espérance. Surtout, le matérialisme et l’économisme, sa traduction sur le plan politique, restent impuissants à sustenter l’homme qui reste une créature spirituelle. Les Français attendent, même s’ils ne l’explicitent pas publiquement, que les catholiques témoignent sans complexe de leur foi, de ce feu qui les fait vivre et désirer ce qui excède les espoirs les plus fous. Le plus mauvais service à rendre à nos contemporains, et à nous-mêmes, serait de se taire et de succomber à l’inhibition.
Prier la Reine de la France
Enfin, nous parlions des apparitions de Paray-le-Monial. Mais comment ignorer celles dont la Mère du Sauveur a gratifié la France ? Quel pays peut se vanter d’en avoir autant bénéficié ? La Vierge est l’étoile de l’évangélisation. Les catholiques français seraient inconscients de ne pas recourir à elle en ces temps de détresse.
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À elle seule, la Vierge peut faire mentir les chiffres catastrophiques, de même qu’Esther et Judith firent basculer le destin de leur peuple, alors que la force n’était pas du côté d’Israël. Dans la personne de Marie, les catholiques français ont un atout dont ni les sociologues, ni les prévisionnistes ne soupçonnent la puissance. Ils seraient sans excuse de négliger un tel secours !