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Céline, sœur de la petite Thérèse, la dernière des filles Martin à être entrée au Carmel de Lisieux, ne faisait qu’une âme avec sa sœur. Entre elles deux, écrit Thérèse, régnait une « union de sentiments », une « unité d’âmes et de pensées » (LT 137). Un des aspects de la spiritualité de Thérèse que Céline a particulièrement développé après sa mort a été sa dévotion à la Sainte Face qu’elle a peinte d’après le modèle du Suaire de Turin (en 1904). Son tableau a reçu le grand prix de l’Exposition internationale d’art religieux de Bois-le-Duc aux Pays-Bas.
Le contexte spirituel dans lequel Céline a peint ce tableau et ce livre est particulièrement instructif pour notre temps. Elle les a réalisés au sortir d’une longue période de terribles tentations contre la chasteté. Si Céline a si bien compris la souffrance de Jésus, et si elle a su en reproduire les traits dans sa peinture, c’est parce qu’elle l’a vécue en luttant contre le péché d’impureté : « Ah ! je ne m’étonne pas d’avoir pu réussir la Face douloureuse de mon Jésus. On a dit, je le sais, qu’une âme pure avait seule le don de reproduire un si beau Visage et moi je sais encore que pour comprendre de telles blessures il a fallu une âme qui en portât les empreintes… » (Céline Martin, Histoire d’une petite âme, fol. 50). La mission de Céline Martin dans le ciel sera d’aider les âmes à lutter contre la luxure et à retrouver la pureté virginale de leur baptême : « Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre… Je planterai partout des lys [c’est-à-dire, des vertus de pureté], j’en ferai germer même sur les tisons enflammés [c’est-à-dire au lieu même où naît la tentation de luxure] ! » (Ibid., fol. 1) Comment l’aider depuis la terre ? En la priant certainement et en l’imitant.
Regarder la Sainte Face de Jésus et faire de petits sacrifices
Céline nous apprend par son exemple comment lutter contre les tentations d’impureté. Dès qu’elle était mise à l’épreuve, nous dit-elle, elle se mettait sous le regard de Jésus Crucifié, sous les rayons lumineux de son Visage douloureux : « Chaque soir [durant ses tentations], j’allais pendant le silence m’agenouiller au pied du calvaire du préau, je me mettais sous la Croix et je demandais à Jésus de faire couler sur moi son sang rédempteur, de m’inonder de cette divine rosée et de purifier toutes les âmes souillées (fol. 315) en contemplant les traits de mon Jésus… j’étais muette d’émotion, il me semblait que je le voyais en personne. (fol. 322) C’est au sortir même de l’épreuve dont je viens de parler, en 1902, qu’il me fut donné de reproduire la Sainte Face de Jésus » (fol. 339).
Ceci dit, la prière, durant de telles épreuves, n’est pas suffisante. Elle doit être accompagnée de sacrifices. « Pour moi, je sentais bien que si j’avais le malheur de me donner un instant de relâche, j’étais perdue. Aussi j’étais plus stricte que jamais à mon règlement, plus vigilante du côté de la vanité » (fol. 101). Céline conseille par exemple une certaine sobriété dans l’habillement, la tenue, le regard. Il ne s’agit pas de mal s’habiller, mais de ne pas entrer dans une logique de séduction, de ne pas entretenir par nos actes la tentation. « Ces petits riens sont peu de choses, mais ils sont le lien qui nous attache à Jésus, lien qui nous empêche de tomber. Ainsi nous restons entre ciel et terre avec notre meule au cou, ou si nous touchons les flots, loin de nous engloutir ils nous portent mollement » (fol. 102).
Pour lutter contre les péchés de luxure, Céline nous invite donc à redoubler de prière en regardant la Sainte Face de Jésus et à faire des petits sacrifices pour rester unis à Lui. Cette lutte contre la tentation aura deux effets. D’une part, elle lavera nos âmes de leur souillure. D’autre part, elle répandra sur l’Église et sur le monde un souffle de pureté. Il semble que la mission de Céline Martin, sœur Geneviève de la Sainte-Face ne fait que commencer…
Pour en savoir plus :
Lire la revue Carmel n° 168 : La Sainte Face.