Les éditions Diane de Selliers viennent de publier un splendide ouvrage, tant par sa taille que par son contenu, offrant une version inédite des premiers livres de la Genèse illustrée par les peintres de l’abstraction. Avec une nouvelle traduction des onze premiers livres réalisée par Marc-Alain Ouaknin, c’est toute la splendeur des premières évocations de la Bible qui prennent une couleur et une saveur nouvelles.
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La Genèse ouvre sur la création du monde. Le livre d’art réalisé par les éditions Diane de Selliers introduit immédiatement dès les premières lignes cet univers poétique :
« Premièrement.
Élohim
Créa l’alphabet du ciel
Et l’alphabet de la terre. »
En vis-à-vis, une œuvre reproduite de l’artiste Kazimir Malevitch, Cercle noir, qui vient souligner le caractère constitutif de ces premiers instants, rotondité et perfection des formes. Le premier livre de la Torah et de la Bible se trouve ainsi sublimé par cette nouvelle approche associant poésie et art en un dialogue intime, ainsi que l’illustre encore cette œuvre de Pierre Soulages dont les lignes frôlent la surface de la peinture d’un noir profond — comme il se doit avec l’artiste — faisant ainsi écho à l’évocation du souffle de Dieu… Plus qu’un livre d’art, c’est à une profonde exploration du texte biblique à laquelle s’est livré Marc-Alain Ouaknin, philosophe et rabbin, qui n’hésite pas à traduire par « Premièrement » là où la Bible chrétienne retient traditionnellement les mots « Au commencement ». Car ce sont bien les principes premiers qui guident ces premiers livres de la Genèse.
La Création par le texte et l’image
La lumière initie cet acte créateur, une lumière irradiée en ces pages par une œuvre d’Ed Ruscha sur fond de ténèbres. Ce premier jour de la Création sera suivi de six autres, tous aussi beaux les uns que les autres dans ce mariage du texte et de l’image. Au terme de cette première semaine du monde, une pause sous forme de réflexion avec un texte du grand écrivain Alberto Manguel, grand amoureux des livres et de la littérature, qui revient sur cette équation de la lumière constitutive et de ce passé recomposé. Une heureuse manière de susciter des suggestions de réflexions et d’ouverture dans la lecture de l’ouvrage. Ces quelques exemples permettent de comprendre la nouveauté et l’excellence recherchée par cette édition des onze premiers livres de la Genèse qui en compte cinquante au total. Un texte fondateur des traditions juives et chrétiennes, rédigé par plusieurs auteurs du VIIIe s. au IIe siècle av. J.-C., même si traditionnellement Moïse est présenté comme la plume inspiratrice de ces lignes.
Une traduction faisant écho à la langue hébraïque
Marc-Alain Ouaknin est parti du cœur même de la langue hébraïque pour proposer cette nouvelle traduction associant rigueur et poésie, les mots retenus devant à la fois être fidèles à l’esprit, mais aussi à la lettre, un choix presque impossible pour un traducteur, et pourtant atteint avec cette nouvelle proposition. Poésie et musicalité de la langue ont manifestement guidé ses choix. Le texte hébreu est placé face au texte français, une translittération (transcription signe par signe d’un système d’écriture en un autre système) permettant de goûter la beauté de la langue hébraïque, un heureux moyen de retrouver, le temps de cette lecture inspirée, le souffle biblique originel.
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La Genèse de la Genèse, Éditions Diane de Selliers, 2019.