Miraculé de l’incendie de Notre-Dame de Paris, le grand orgue de la cathédrale a évité le pire. Très empoussiéré par le plomb, il faudra encore attendre de longs mois avant de pouvoir le démonter en vue d’envisager une restauration complète, confie à Aleteia Olivier Latry, l’un des trois organistes titulaires de la cathédrale. Il fait partie des heureux miraculés de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Le grand orgue de la cathédrale, perché sur sa tribune devant la grande rose occidentale, a échappé aux flammes mais aussi aux litres d’eau déversés par les pompiers. Seul désagrément à noter ? L’épaisse couche de plomb qui est venue empoussiérer le buffet, les tuyaux et l’ensemble de la mécanique.
Venu sur place un mois après l’incendie, Olivier Latry, l’un des trois titulaires de l’orgue depuis 33 ans, a pu constater lui-même les dégâts. “L’orgue est effectivement très empoussiéré par le plomb mais il a échappé au pire. C’est un vrai miracle que la chaleur n’ait pas fait fondre les tuyaux”, se réjouit-il auprès d’Aleteia. Mais depuis cette date, la tribune n’est plus accessible en raison des travaux de sécurisation qui se poursuivent dans l’ensemble de la cathédrale. “La poussière s’avère ne pas être nocive pour les tuyaux mais neuf mois après il est nécessaire de vérifier qu’aucune corrosion n’est apparue. On ne peut pas assurer que la tuyauterie restera intacte. Une réunion de chantier sur l’état de l’orgue a eu lieu cette semaine et des prélèvements vont avoir lieux”, ajoute-t-il.
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Concernant sa restauration complète, rien n’est prévu pour le moment. “On ne peut rien envisager tant que l’échafaudage central n’a pas été démonté et que la cathédrale n’est pas encore parfaitement sécurisée”, précise-t-il. Une attente qui peut donc durer jusqu’à l’automne 2020. Cette restauration, qui devrait prendre au moins trois ou quatre ans, consistera à démonter une partie des tuyaux et à restaurer le reste sur place. “Le buffet, les plus gros tuyaux et les gros soufflets seront sûrement restaurés sur place”, confie Oliver Latry. “Le reste sera entièrement démonté et envoyé en atelier de restauration”, ajoute-t-il. Un démontage complet qui devrait permettre à l’architecte de déposer la grande rose occidentale et de procéder à la décontamination des murs.
“Il sera peut-être nécessaire de reconstruire l’orgue de chœur intégralement”
Quant à l’orgue de chœur, il a connu un destin plus tragique que son grand frère. Situé tout près de la croisée du transept, cet orgue, construit en 1969 par Robert Boisseau, a reçu une impressionnante quantité d’eau. “Nous n’avons pas pu constater directement les dégâts car la zone est interdite depuis l’incendie mais il sera peut être nécessaire de le reconstruire intégralement”, confie Olivier Latry.
Si la célèbre maison de facture d’orgues Cattiaux a l’habitude de s’occuper de l’entretien du grand orgue depuis de nombreuses années, ce chantier exceptionnel nécessitera sans doute le lancement d’un appel d’offres. Côté financement, l’Institut de France, présidé par le chancelier Xavier Darcos, lui-même organiste, s’est engagé à financer le relevage du grand orgue et la restauration complète de l’orgue de chœur.