Une gestion saine des retraites est indissociable d’une saine démographie. Le soutien aux familles avec trois enfants ou plus devrait être prioritaire. Mais l’importance de ces familles nombreuses est actuellement oubliée.
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Quel que soit son système, la gestion des retraites est fondamentalement liée à la démographie. Or l’indice de fécondité de France est tombé en 2018 à 1,87 enfant par femme, l’indice devant être de 2,1 pour le remplacement des générations. Les modalités de calcul de pensions de retraite devraient donc favoriser les familles nombreuses. Or, selon le rapport de l’Institut de la protection sociale rédigé par Bruno Chrétien et publié fin novembre, avec le projet de réforme du gouvernement, « la perte de droits est d’une ampleur exceptionnelle pour les familles de trois enfants ». Et cela à cause d’un mauvais système de majoration pour enfants.
En effet, avec le système actuel ladite majoration est de 10% pour chacun des deux parents dès que l’on a éduqué trois enfants. Avec le nouveau système, il serait de 17 % pour un seul des deux parents (à choisir quatre ans après chaque naissance) : concrètement la mère sera presque toujours la bénéficiaire. Par ailleurs, l’acquisition de huit « trimestres supplémentaires de cotisation » pour la mère à la naissance de chaque enfant serait supprimée. Dans le cas classique où le montant de la pension de retraite du mari est supérieur à celui de sa femme, on voit que la perte pour ces retraités va être très sensible. Prenons un exemple schématique : aujourd’hui, si la pension du mari est de 2.000 euros et celle de l’épouse de 1.000 euros avant majoration, le total est de 3.300 euros après majoration. Avec le nouveau système, l’absence de « trimestres supplémentaires » va mécaniquement faire baisser la pension de l’épouse de 15 à 20%. En étant optimiste, si l’on retient le chiffre de 830 euros augmenté de 17%, on obtient 971 euros, ce qui donne un total de 2.971 euros pour le couple, soit une perte globale de 10% !
Une vision égalitariste de la société
Le nouveau système semble avoir été conçu pour la femme avec son enfant (on lui fera cadeau d’un hochet avec une majoration de 5% de sa retraite dès le premier enfant) ; mais pas du tout dans l’optique d’une famille stable fondée sur le mariage, c’est-à-dire l’environnement favorable pour les familles nombreuses.
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Au lieu d’une politique pro-natalité, le projet gouvernemental, conçu de manière purement technocratique dans une vision égalitariste de la société, lance un signal très négatif aux familles nombreuses. La politique familiale est de plus en plus confondue avec la politique sociale. Toute mesure favorisant les familles dont les époux restent unis est refusée, l’axe du droit de la famille n’étant plus le mariage mais une filiation que l’on peut bricoler à souhait. A fortiori, est refusée toute mesure encourageant les couples à se lancer dans l’aventure de la famille nombreuse.