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La naissance de Jésus, le début d’une nouvelle Création

SAINT JOSEPH
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Jean-Michel Castaing - publié le 20/12/19
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Dans le récit de l’annonce à Joseph de la naissance de Jésus, saint Matthieu nous présente le nouveau-né de Bethléem comme le nouvel Adam, le point de départ d’une humanité nouvelle.

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L’Évangile du quatrième dimanche de l’Avent, en relatant la réaction de Joseph devant la grossesse de Marie, nous éclaire sur l’enjeu que représente la venue de Jésus en ce monde. Le récit de ce dimanche commence par une phrase dont le mot-clé est « genèse », selon la traduction la plus proche du texte original : « Telle fut la genèse de Jésus-Christ » (le texte de la traduction liturgique est : « Voici comment fut engendré Jésus-Christ »). Après cet exorde, le texte poursuit avec le récit de la conception virginale du fils de Marie par l’Esprit saint. Nous apprenons alors le projet de Joseph de répudier en silence sa future épouse — projet qu’il abandonne pour obéir à Dieu qui lui demande de la prendre pour épouse.

Pour quelle raison le récit de la conception et de la naissance de Jésus emploie-t-il le terme de « genèse » pour relater l’événement ? N’est-ce pas afin de présenter cette naissance comme une nouvelle « genèse », en référence à la première Création décrite dans le livre qui porte le même nom, au début de la Bible, c’est-à-dire comme un nouveau commencement de l’humanité ?  

Accomplissement des Écritures

La présence du mot « genèse » (certaines traductions choisissent le terme « origine », qui est équivalent) au début du récit de l’annonce à Joseph permet également de comprendre la naissance de Jésus comme l’accomplissement des promesses renfermées dans l’Ancien Testament. Tout au long de son livre, saint Matthieu prend soin en effet de présenter Jésus comme celui qui accomplit les Écritures d’Israël. Or, l’enfant né à Bethléem ne peut réaliser pareil accomplissement que si sa venue dans le monde s’inscrit comme la continuation de la Création par laquelle Dieu avait conclu sa première alliance avec l’univers en l’appelant à l’existence. C’est bien ce qui arrive avec la naissance virginale de Jésus, lui qui porte le nom d’« Emmanuel », qui se traduit « Dieu avec nous », ainsi que le précise l’évangéliste. Cette précision signale que Dieu est impliqué en personne dans cette naissance.

Rôle de l’Esprit saint dans la nouvelle Genèse

Surtout, le texte évangélique mentionne un point de référence plus explicite encore à la Création initiale du livre de la Genèse. De même que dans le récit de la première Création un verset indique qu’« un souffle de Dieu agitait la surface des eaux » (Gn 1, 2), de même c’est sous l’action de la même énergie créatrice, à savoir l’Esprit saint, que se réalise la conception virginale de Jésus. Dans l’Évangile, l’ange dit à Joseph que « ce qui a été engendré en elle (Marie) vient de l’Esprit saint » (Mt 1, 20). Dans les deux cas, la puissance opérante est bien l’Esprit divin. L’évangéliste n’ignorait pas cette similitude, pas plus que ses lecteurs. Par elle, saint Matthieu raccorde la conception de Jésus à la première Création.


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De la sorte, l’évangéliste insinue qu’avec Jésus commence une humanité nouvelle. Celle-ci assume néanmoins la première humanité née avant lui, ainsi que le démontre la généalogie des premiers versets de son évangile, où nous lisons que Jésus descend de saints et de… pécheurs ! Extraordinaire audace de Dieu, tellement sûr de lui et amoureux des hommes qu’Il donne à son fils une ascendance à la fois prestigieuse et peu reluisante ! Comme si Jésus, loin de rougir de ses frères humains, devait reprendre toute l’humanité par en dessous pour l’élever jusqu’à son Père.

La mère du peuple messianique

Ainsi, saint Matthieu nous montre-t-il Jésus comme un nouveau premier homme, un nouvel Adam, et par voie de conséquence comme le point de départ d’une humanité nouvelle. Dans ce contexte, même si le premier Évangile se focalise davantage sur la figure de Joseph que sur celle de la mère du messie d’Israël, il n’est pas interdit de tirer la conclusion de cette référence au livre de la Genèse que la Vierge, qui enfante le nouvel Adam, est la nouvelle Ève. En effet, dans l’Orient ancien, on ne concevait jamais une personne comme un être isolé. Pour cette mentalité, tout être humain se rattachait forcément à une communauté, ou bien symbolisait à lui seul, dans le récit où il apparaissait, son groupe d’appartenance. Dans cette perspective, Marie, en tant que mère du Messie promis par les Écritures d’Israël, devient-elle logiquement la mère du peuple messianique. Sa virginité, soulignée par l’évangéliste, la désigne comme la femme nouvelle de qui le nouveau peuple de Dieu prend naissance. La virginité signifie ici moins la pureté que le commencement d’une ère nouvelle.


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Ce lien de Marie avec la nouvelle assemblée messianique, même s’il n’est pas explicité par saint Matthieu, découle de la tonalité très « ecclésiale » de son évangile. Pour saint Matthieu, Jésus n’est jamais dissocié en effet de l’Église qu’il fonde. Le récit de l’annonce de la naissance du Messie à Joseph fournit à l’évangéliste l’occasion de souligner qu’avec l’Esprit saint surgit un nouveau peuple de Dieu — peuple qu’il faut se garder de substituer à Israël. Le Dieu unique ne saurait avoir deux peuples.

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