Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmet doit recevoir ce mardi 10 décembre le prix Nobel de la paix à Oslo, malgré une popularité en baisse dans son pays. Régulièrement visés par des attaques contre leurs églises, les chrétiens orthodoxes déplorent le “silence” du gouvernement.
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Affaibli par les tensions communautaires dans son pays, mais profondément engagé dans un processus de paix complexe avec l’Érythrée voisine, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmet est mis à l’honneur ce mardi 10 décembre, à Oslo. Au pouvoir depuis le mois d’avril 2018, il est en train de réussir son pari : mettre fin à la guerre territoriale qui empoisonne les relations entre l’Éthiopie et l’Érythrée depuis vingt ans. Abiy Ahmet et son homologue Isaias Afwerki ont ainsi estimé en juillet 2018 que “l’état de guerre (…) est arrivé à sa fin”.
Les orthodoxes interpellent le gouvernement
Cependant, c’est sur son propre sol qu’Abiy Ahmet est contesté ces dernières semaines. Il fait face à des troubles religieux et communautaires qui ont fait 86 morts depuis fin octobre, selon un dernier bilan officiel. Les églises orthodoxes sont régulièrement visées par des incendies. Aklil Damtew, un haut responsable de l’Église orthodoxe éthiopienne, a déclaré à l’AFP qu’au moins 25 édifices ont été incendiées dans le pays ces deux dernières années. Ce chiffre, difficilement vérifiable, témoigne du mécontentement des orthodoxes, qui représentent plus de 40% de la population et sont majoritaires. “Nous ne pouvons pas accepter du tout ceux qui brûlent des églises ou attaquent nos disciples”, a déclaré le 27 septembre dernier le patriarche Abuna Mathias, à l’occasion de la fête de Meskel, qui commémore la découverte de la Vraie Croix sur laquelle Jésus-Christ aurait été crucifié.
Lors de l’Angélus du 3 novembre, le pape François avait exprimé sa “proximité envers cette Église aimée et son patriarche”, avant de réciter un Ave Maria. Interrogé par l’Aide à l’Église en détresse, le prêtre catholique Petros Berga accuse Jawar Mohammed, “un activiste ethno-religieux financé par le Moyen-Orient”, de “diriger la violence contre les chrétiens”. Selon lui, “la forme traditionnelle de l’islam soufi, caractérisée par la tolérance (…), est en train d’être remplacée par des militants fondamentalistes”. Aux conflits religieux se superposent les tensions communautaires, entre les ethnies oromos, tigréennes ou amharas. Dans ce contexte, de plus en plus d’observateurs doutent de la capacité d’Abiy Ahmed à organiser les élections générales, prévues pour mai 2020.
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