À l’occasion de la rénovation complète de la basilique de la Daurade à Toulouse, entrons et venons découvrir sa Vierge noire. Qui est-elle ?
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Notre-Dame la Noire est un personnage central dans la tradition toulousaine. Souvent invoquée jusqu’au XVIIIe siècle quand un fléau menaçait la ville, elle était portée en procession. Les bénédictins de Saint-Maur, installés dans le couvent attenant, nommaient ces processions des « descentes ». Elle aurait même sauvé de l’incendie le quartier Saint-Michel en 1672. Pour quel miracle sera-t-elle invoquée samedi 7 décembre, à l’occasion de la rénovation intégrale de son berceau — la basilique ? Renouant en effet avec la tradition, une grande procession aux flambeaux traversera le centre ville en l’honneur de Notre-Dame la Daurade.
Le miracle de la vie, c’est en tout cas celui qui est demandé par de nombreuses femmes enceintes ou en désir d’enfant. Réunies chaque samedi matin pour la messe, elles se voient remettre un cordon, à nouer autour de leur taille, en vue d’une grossesse sereine et d’une heureuse délivrance. Cependant nul besoin d’être de la ville rose pour bénéficier des faveurs de la Vierge Noire : des rubans, accompagnés d’une prière particulière, peuvent être envoyés à toute femme qui en fait la demande, à l’instar de celles, déjà familières de cette tradition populaire, habitant la Pologne ou les États-Unis.
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La légende raconte que l’on posait sur le ventre arrondi des femmes le manteau de la Vierge. Ce vêtement n’est aujourd’hui retiré que pour être remplacé par un autre, adapté à la couleur du temps liturgique. Ainsi, une magnifique robe rose foncé revêt la Vierge Noire pour la Pentecôte, une violette pour l’Avent et le carême, une blanche et or pour le temps pascal, une bleue pour les fêtes mariales etc. Certaines de ces robes ont été conçues par de grands couturiers tels Christian Lacroix ou Jean-Charles de Castelbajac — lui-même toulousain.
Le plus ancien sanctuaire marial de France ?
Notre-Dame La Daurade est probablement le plus ancien sanctuaire marial des Gaules. En effet, autour des années 400, un temple païen est transformé en église dédiée à la Vierge Marie, avec des mosaïques à feuille d’or (représentant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament), d’où le nom de « Deaurata », « la Dorée ». Au fil du temps, la Vierge de la Daurade n’a cessé d’être invoquée par les toulousains. La fumée des cierges noircit la statue, faisant d’elle Notre-Dame la Noire. Pendant la Révolution, elle est déposée dans un musée puis réinstallée, permettant le rétablissement du culte en 1795. Une foule dense et fervente se presse. Mais cette dévotion fait peur, à tel point que la statue est brûlée place du Capitole.
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Une nouvelle copie est alors réalisée, de deux mètres de haut. La Vierge porte l’Enfant Jésus sur le bras gauche, un sceptre dans l’autre main. Ils sont tous deux couronnés, signifiant ainsi que « prier Marie, c’est (…) s’adresser, avec elle et comme elle, à Jésus-Christ son Fils », précisait le père Dagras, ancien curé de la basilique, aujourd’hui décédé. Pas de magie donc, mais une foi en Notre-Dame-de-délivrance, disposant à ses pieds un ruban sur lequel sont inscrits ces mots : « Recevez et portez avec confiance cette ceinture bénite comme signe de ma protection maternelle et comme gage d’une bienheureuse délivrance ». Pour l’abbé Grégoire Zobler, prêtre référent de cette église, la restauration de la basilique très sombre et redevenue dorée est à l’image de notre vie chrétienne : « De la noirceur de nos péchés jusqu’à la dorure de la grâce, ce lieu parle de lui-même de la dynamique chrétienne ».