La France pleure ses treize soldats morts le 25 novembre au cours d’un accident de combat au Mali. Elle leur rendra un hommage national lundi 2 décembre. Parmi ces hommes qui ont donné leur vie, le capitaine Romain Chomel de Jarnieu, décrit par ceux qui l’ont connu comme “un grand chef”, qui sera enterré à Toulon le 4 décembre prochain.
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Treize militaires français de l’opération Barkhane ont trouvé la mort au Mali le 25 novembre dans la collision de deux hélicoptères engagés dans une mission de combat. Parmi eux, le capitaine Romain Chomel de Jarnieu, 34 ans, qui appartenait au 4e régiment de chasseurs de Gap (hautes-Alpes). Issu d’une fratrie de cinq, son père est amiral à la retraite tandis que sa mère a été jusqu’en 2018 déléguée régionale de l’Association pour le développement des œuvres sociales de la Marine. Romain avait fait ses armes chez les Guides et scouts d’Europe. “En camp, il poussait tout à fond”, confie à Aleteia Pierre-Amédée van Gaver, 34 ans, l’un de ses très proches amis qui l’avait choisi comme témoin de mariage. Les deux compères se connaissaient depuis l’âge de 12 ans. “Il mettait tous les curseurs à fond : avec lui, c’était les meilleures installations, la meilleure tente surélevée, la meilleure table…”.
Il raconte qu’à l’adolescence, si Romain n’avait pas été chef d’équipage (l’équivalent de chef de patrouille chez les scouts marins), il avait su tenir sa place de second avec brio et s’était révélé un soutien précieux pour son équipe. “À 15-16 ans, il avait cette intelligence de la situation. Avec son chef d’équipage, ils formaient un binôme incroyable. Je pense que par la suite, il a été un grand chef pour ses hommes”.
L’armée, un appel
Passé par les bancs de l’ESSEC, Romain avait fait un passage dans la finance internationale avant de bifurquer vers l’armée. “Il avait besoin d’autre chose et a dû se rendre à l’évidence : c’était bien l’armée qui l’appelait”, soutient son ami. “Il a tout plaqué pour entrer dans l’armée alors qu’il avait une très belle situation. Je pense qu’il avait ça dans le sang. Quand il est devenu militaire à plein temps, cela a été un apaisement pour lui. Il a mis sa vie en cohérence avec ce qu’il était vraiment au fond de lui-même”.
“Il était attiré par le désert, par la montagne, par ces déserts apparemment vides mais pleins de la présence du Seigneur.”
Sébastien Chomel de Jarnieu, son frère aîné, décrit quant à lui “une recherche d’absolu”. “C’est un choc immense pour nous, même si nous savions que Romain avait donné sa vie pour les autres à travers son engagement militaire. Cela nous a cependant beaucoup rassurés de savoir qu’il était au front quand il est mort ; il est mort au combat, là où il voulait être. Romain était attiré par le désert, par la montagne, par ces déserts apparemment vides mais pleins de la présence du Seigneur. Son métier de militaire lui permettait d’être en contact avec la nature et avec les hommes qu’il commandait”. S’appuyant sur les nombreux témoignages qu’il a reçus depuis le 25 novembre, notamment de la part de militaires, il décrit son frère cadet comme un excellent meneur d’hommes. “Il avait cette vérité du cœur avec les hommes qu’il commandait. Il les mettait en avant, les challengeait, les encourageait. Il les aimait beaucoup et en était très fier”.
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Pierre-Amédée van Gaver dépeint un homme à l’esprit facétieux qui aimait pousser la taquinerie assez loin. “Il était très pince-sans-rire, parfois un poil susceptible, et aimait bien titiller”. Il a été édifié par la qualité des relations que son ami tissait. “C’était un homme entier, droit et très fidèle. Dans tout ce qu’il faisait, il visait l’excellence et se donnait à 100%. Il était très exigeant et entretenait des relations de très grande qualité, pas du tout superficielles”.
Une foi discrète mais vivante
Romain parlait peu de sa foi, ce qui ne l’empêchait pas de la vivre. “Il était très pudique là-dessus”, note Pierre-Amédée van Gaver. “Je pense que sa foi n’a pas toujours été une évidence pour lui, mais il a fait un vrai chemin”. Il déclare avoir pris la mesure du cheminement intérieur de son camarade de toujours lors d’une journée de retraite à Notre-Dame du Laus où les deux amis s’étaient retrouvés. “Il m’a demandé d’enregistrer les prêches qu’il manquait, et j’ai compris à ce moment-là”. Le frère de Romain a lui aussi été témoin de cette conversion intérieure. “Il y a eu comme une pacification au niveau de son cœur. Il allait de plus en plus fréquemment à des retraites, il priait. Il était en perpétuelle remise en cause. Romain était un marcheur dans la nuit : il avait une boussole intérieure et il la regardait tout le temps pour voir s’il était sur le bon chemin. Le Mali, pour lui, c’était une période de grande proximité avec le Seigneur. Il le vivait comme un temps de rapprochement avec Dieu au désert. Dix jours avant sa mort, nous avons eu un très bel échange. Pour moi, sa plus grande victoire, c’est de s’être remis pleinement à la volonté de Dieu. Derrière l’uniforme, il y a l’homme qui s’est battu pour lui-même et contre lui-même, pour sa liberté intérieure, et qui s’est laissé pétrir par le Seigneur. Je suis très fier de lui car je sais à quel point c’est difficile et il a su le faire avec courage jusqu’au bout”.
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