Quatre des treize soldats morts au Mali dans un accident d’hélicoptères lors d’une opération de combat appartenaient au 4e régiment de chasseurs de Gap. « Ces hommes ont donné leur vie pour leur pays, ils sont allés dans le don total d’eux-mêmes », a confié à Aleteia leur chef de corps, le colonel Nicolas de Chilly.Sur les treize militaires français qui ont trouvé la mort au Mali, lundi 25 novembre dans la soirée, dans un accident entre deux hélicoptères lors d’une opération de combat contre des djihadistes, quatre appartenaient au 4ᵉ régiment de chasseurs de Gap : Romain Chomel de Jarnieu, Alexandre Protin, Antoine Serre et Valentin Duval. « En tant que chef je suis fier de commander ces jeunes, ces hommes qui s’engagent pour les autres et qui sont capables de donner leur vie pour ça », explique à Aleteia le colonel Nicolas de Chilly, chef de corps du régiment.
Aleteia : Quelles sont vos priorités depuis que vous avez appris cette nouvelle ?
Colonel Nicolas de Chilly : Notre attention se concentre vers ceux qui ont le plus besoin de nos soutiens à savoir les familles d’abord, les parents, conjoints et conjointes de nos hommes morts en Afrique. Il y a aussi ceux qui sont encore là-bas qu’il ne faut pas négliger et qui continuent à combattre dans des conditions exigeantes Leurs familles, qui nourrissent un sentiment d’inquiétude compte tenu de ce qui s’est passé sont aussi à prendre en compte. Enfin, il y a tous ceux qui sont à Gap et qui n’ont pas combattu à leurs côtés ce lundi 25 novembre. C’est ce qu’on appelle la fraternité d’arme. Romain Chomel de Jarnieu, Alexandre Protin, Antoine Serre et Valentin Duval s’étaient engagés au 4e chasseurs. Ils étaient des enfants du régiment.
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Qui étaient ces quatre soldats ?
Ils étaient des hommes remarquables par leur état d’esprit et qui ont accepté de se remettre en cause. Il faut savoir que les commandos, dont ils faisaient partie, sont volontaires. Ils sont sélectionnés et le niveau d’exigence est très élevé. Ensuite il y a la formation qui est longue et qui demande de puiser dans les réserves mentales et physiques des soldats, tout cela dans un environnement rude, à savoir la montagne. Oui, ils étaient des hommes extraordinaires.
Comment vivre cette épreuve en régiment ?
Ce sont des moments où l’on parle assez peu. En même temps que nous annoncions cette nouvelle aux familles, j’ai réuni le régiment autour de la place d’arme, à Gap, où j’ai fait mettre le drapeau en berne. J’ai expliqué à mon régiment que nous étions tous touchés, que nous vivions un moment d’immense douleur. C’est extrêmement dur de perdre un frère d’arme comme cela. Mais je leur ai aussi dit qu’il fallait l’accepter et qu’ensemble nous étions plus forts. Il ne faut pas confondre la fragilité et la faiblesse. Nous sommes fragiles, ces moments nous touchent au plus profond de nous-mêmes, ils nous touchent en tant que soldat, en tant qu’ami, en tant qu’homme. Mais nous sommes forts et nous le sommes d’autant plus grâce à cette fraternité et ce soutien. Il faut garder la tête haute et vivre ensemble cette épreuve. En acceptant et en traversant cette épreuve ensemble, nous en sortirons grandis.
“Nous traversons cette épreuve avec une très grande émotion et douleur, mais aussi une très grande fierté.”
Quel sens peut-on donner à leur mort ?
Le 4ᵉ régiment de chasseurs de Gap a été déployé au Mali de juin à octobre. Les commandos ont un rythme différent, ils sont arrivés fin septembre. Quand je les ai accueillis à Gao, je les ai trouvés rayonnants. Ils étaient en train de réaliser ce pour quoi ils s’étaient engagés et ce pour quoi ils étaient formés. Ils sont allés au bout de leur engagement, ce sont des modèles pour la jeunesse d’aujourd’hui. En tant que chef, je suis fier de commander ces jeunes, ces hommes qui s’engagent pour les autres et qui sont capables de donner leur vie pour ça. Ils sont allés dans le don total d’eux-mêmes, ils ont donné leur vie pour leur pays. C’est un métier dont on sait qu’il peut un jour nous le demander. Nous traversons cette épreuve avec une très grande émotion, une très grande douleur, mais aussi une très grande fierté. C’est une belle jeunesse.
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