"Nous annonçons le Sauveur, non une idéologie", lancent Raphaël Cornu-Thenard et Samuel Pruvot dans leur Manifeste pour la mission. Dedans, ils s’appuient sur des personnalités d’hier et d’aujourd’hui pour développer dix "idées-forces" sur la mission. Ils insistent notamment sur le fait que la mission n'a rien à voir avec la croisade. "Annoncer l’Évangile prend la forme d’une invitation à rencontrer la personne de Jésus. La mission est une proposition gratuite et respectueuse. La mission suppose de laver les pieds des gens, pas leur cerveau. Elle n’exerce aucune pression et est incompatible avec la violence", expliquent-ils.
Soulignant la différence entre inviter et endoctriner, ils précisent que "propager la foi n’a rien à voir avec la promotion d’une idéologie". Aujourd'hui, un grand nombre de personnes redoute l'endoctrinement, le manque de liberté, la pensée étriquée. Mais, insistent les auteurs, "il revient justement aux missionnaires de montrer que la foi n’est pas un catalogue de vérités toutes faites".
Saint Jean Bosco, patron des éducateurs, montre par sa vie qu'être en mission, c'est inviter par sa personne et sa manière d'être à se tourner vers le Christ. Né en Italie au début du XIXe siècle, ce prêtre s'est beaucoup engagé auprès de la jeunesse. À son arrivée à Turin, il est en effet frappé de voir de nombreux jeunes livrés à eux-mêmes, abandonnés, sans personne pour les éduquer. Ému par cette misère matérielle, humaine et spirituelle, il décide de s'occuper d'eux. Il s'installe dans le quartier du Valdocco l'Oratoire, un lieu où ils peuvent étudier et apprendre un métier. Son système pédagogique est basé sur la confiance et prend en compte les différentes dimensions du jeune. Rapidement, les "oratoires" vont se multiplier. Il est à l'origine de l'ordre des salésiens.
Jean Bosco "présente le visage d’une Église qui sort de ses murs, s’adresse aux plus démunis, aux plus abandonnés, n’a pas peur de se confronter à des jeunes qui commencent par l’insulter car ils sont surpris de voir ce prêtre qui vient à leur rencontre. Don Bosco est proche des enfants de son oratoire. Il joue volontiers avec eux et “fait le saltimbanque” selon son expression. Il leur montre que leur avenir n’est pas conditionné par leur origine sociale et les épreuves qu’ils ont traversées mais que Dieu est proche d’eux.
Son amour des jeunes le rend parfois audacieux à l’extrême. Ainsi, Don Bosco se rend un jour chez le ministre de l’Intérieur et lui expose son projet : organiser une sortie d’une journée pour les jeunes emprisonnés sans la surveillance de leurs gardiens. Le soir, ils répondent tous à l’appel, ce qui interpelle le ministre. “Pourquoi arrivez-vous à faire des choses pareilles et pas nous ?” demande-t-il un jour à Don Bosco. “Parce que l’État commande et punit. Il ne peut rien faire de plus. Tandis que moi, j’aime ces jeunes”".