À l’origine de la chute du Rideau de fer, il y a tout juste trente ans, figurent de nombreux combattants de la liberté, connus et inconnus, à qui il faut rendre justice. Parmi eux, un jeune catholique hongrois, oublié de l’Histoire, qui à la tête de son gouvernement, sous le nez des communistes, fut littéralement le premier des briseurs de frontières.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Malgré son aspect spectaculaire, la chute du Mur de Berlin ne s’est pas produite comme par enchantement le 9 novembre 1989. Au printemps précédent, depuis Budapest, un jeune dirigeant politique hongrois aujourd’hui oublié en Occident, Miklos Nemeth, avait décidé de démanteler le réseau de barbelés du rideau de fer séparant la Hongrie et l’Autriche. Ceci en le découpant sur plusieurs centaines de mètres…
Une audace sans précédent
Commencée dès le 2 mai, cette opération d’une audace sans précédent sera poursuivie officiellement le 27 juin 1989 par les ministres des Affaires étrangères hongrois et autrichiens devant une nuée de journalistes éberlués. Gorbatchev n’avait pas protesté… Miklos Nemeth avait alors laissé des dizaines de milliers d’Allemands de l’Est se rendre en Allemagne de l’Ouest en passant par la Hongrie et l’Autriche. Ainsi, le redoutable Mur de Berlin devînt une sorte de « Ligne Maginot » du Bloc de l’Est soudain fissuré…
Lire aussi :
L’abbé Franz Stock, un héros sous l’Occupation
Électron libre quasi dissident du Parti communiste (le « Parti socialiste ouvrier hongrois ») dans la période de la libéralisation économique des années soixante, Miklos Nemeth était issu d’une famille de paysans catholiques pauvres. Lui-même s’est marié religieusement. Un de ses grands-pères avait été déporté de 1944 à 1951 en Union soviétique. Professeur d’économie à l’université Karl Marx acquise à des idées réformistes, Nemeth avait fait des études aux États-Unis en 1975-76, quitte à être accusé d’avoir trahi le « socialisme »…
Le plus jeune chef de gouvernement du monde
Chef du département des Affaires économiques du Parti à l’heure où Gorbatchev arrivait au pouvoir à Moscou, il est nommé Premier ministre en novembre 1988, devenant à quarante ans le plus jeune chef de gouvernement du monde. Étroitement surveillé par le chef d’État communiste conservateur Karoly Grosz qui l’avait mis sur écoutes, Nemeth parvient pourtant à renforcer son propre pouvoir en mai 1989. Il forme un gouvernement de transition, héritant d’une situation de lourd endettement vis-à-vis de l’Occident. Il devient un homme d’ouverture à divers points de vue, en particulier dans le sens de l’ouverture des frontières…
Lire aussi :
« Le vent de la liberté » : l’évasion spectaculaire d’une famille pour passer à l’Ouest
Le 23 octobre 1989, à l’heure du sabordage du Parti communiste hongrois, transformé en Parti social-démocrate, Miklos Nemeth est le premier Premier ministre post-communiste de son pays. À peine quinze jours plus tard, le béton de Mur de Berlin s’effondre, presque comme un château de cartes… La brèche taillée dans le Rideau de fer par ce jeune dirigeant hongrois y aura beaucoup contribué.
Pionniers de notre liberté
On doit lui rendre cette justice, comme on doit rappeler le rôle irremplaçable du pape Jean Paul II, d’un martyr comme le père Jerzy Popieluszko à Varsovie, ou de Vaclav Havel à Prague. Ou rappeler celui des croyants de Pologne, de Lituanie et de la Tchécoslovaquie de l’époque, qui ont lutté, souvent en première ligne, parmi d’autres hommes de bonne volonté, pour la liberté de leurs peuples. Et pour la nôtre, même si nous n’en étions pas toujours conscients…
Lire aussi :
Le Vatican reconnaît un nouveau martyr du communisme : Tito Zeman
Aujourd’hui, l’Europe de Bruxelles et le discours médiatique dominant tendent à oublier la réalité du combat de ces pionniers de la liberté. Mais la valeur de leur témoignage n’en est pas moins grande. Elle a l’éclat de la beauté, telle que le cardinal Newman la définissait, une « nostalgie du futur », c’est-à-dire un reflet de ce bonheur éternel dont les hommes sont les enfants.