Quelle relation unit le Père et le Fils lors de la prière ? Et comment celle-ci est-elle prolongée par celles que nous adressons nous-même directement au Ciel ? Des questions auxquelles s’interroge notre chroniqueur Jacques Gauthier.
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Les évangélistes montrent souvent Jésus qui se retire seul, à l’écart, pour prier son Père. Que lui dit-il dans cet échange de deux regards, de deux désirs ? Peut-être bien la même demande qu’à la Samaritaine : « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7). Peut-être loue-t-il son Père parce qu’il révèle ses secrets aux plus petits. En réalité, nous ne connaissons pas vraiment le contenu de la prière de Jésus. En revanche, nous savons que pour lui la prière découle d’une attitude intérieure faite de foi et d’amour, de confiance et de persévérance envers Dieu qu’il appelle Abba, « papa ».
Si Jésus aime s’entretenir seul avec son Père, il prie aussi en compagnie de ses Apôtres, comme il l’a fait sur la montagne de la transfiguration (cf. Lc 9, 29). Il expérimente l’amour transformateur du Père qui lui donne force et consolation pour continuer d’annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume. Nos prières prolongent cette prière de Jésus qui est relation au Père et offrande de sa vie dans l’Esprit.
Un cœur à cœur avec le Père
L’évangéliste Matthieu insère l’enseignement de Jésus sur la prière dans ce qu’on a appelé « Le sermon sur la montagne ». « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Mt 6, 6).
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Jésus enseigne que la valeur de la prière n’est pas tant dans la quantité de paroles ou la répétition de formules que dans l’écoute intérieure de la parole de Dieu. « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés » (Mt 6, 7). Prier, c’est surtout écouter Dieu qui parle au cœur. Ce qui faisait dire à saint Augustin : « Seigneur, que mes lèvres se taisent afin que mon cœur crie ». Cette oraison du cœur demande de l’humilité, de la confiance, de l’abandon et du silence.
Une prière filiale
À ses disciples qui lui demandent de leur apprendre à prier (cf. Lc 11, 1), Jésus n’enseigne pas une méthode ou une technique. Il répond par une prière venue du silence de son cœur, le Notre Père. Il révèle ainsi que la prière chrétienne est essentiellement filiale. C’est pourquoi il rend si souvent grâce au Père, lui remettant tout entre ses mains : « Il leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés » (Jn 17, 1).
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Quand il prie, Jésus tourne son cœur de fils vers son Père et nous demande d’en faire autant. Il désire que nous demeurions en son amour afin que nous restions unis entre nous. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21).
Jésus ne nous a pas laissés seuls ici-bas. « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14, 16). Ce Défenseur, l’Esprit Saint, vient en aide à notre faiblesse et il prie en nous. Il nous aide à vivre dans la confiance et à prier comme des fils et des filles dans le Fils. « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! (Rm 8, 15). Tout l’art de la prière consiste à laisser l’Esprit prier le Père en nous, à la suite de Jésus.