Depuis quarante ans, Philippe et Véronique Journu, propriétaires du château de Benauge à Arbis (Gironde), se dévouent quotidiennement pour ressusciter leur bâtisse médiévale et la jolie chapelle castrale qui l’accompagne. Ils confient à Aleteia le travail titanesque qu’ils entreprennent avec foi et passion depuis toutes ces décennies.
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Au sommet d’une colline de 122 mètres d’altitude, avec ses allures de forteresse, le château de Benauge domine fièrement la commune d’Arbis en Gironde. Sa belle pierre de taille, dont la couleur typique de la région lui donne cet aspect si lumineux, ne laisse pas imaginer qu’il y a quelques années encore l’édifice était dans un état de ruine avancé.
Propriété du roi d’Angleterre Henri III jusqu’en 1266, ce château, qui a gardé une exceptionnelle double enceinte fortifiée rappelant son rôle défensif, est passé entre les mains de nombreux propriétaires au fil des âges. En 1913, le château est acheté par le grand-père de Philippe Journu, actuel propriétaire avec son épouse. Mais l’éclatement de la Première Guerre mondiale met à mal ses projets de restauration. Il n’a, finalement, que le temps de sécuriser l’ensemble en restaurant la toiture.
En 1978, Philippe et Véronique décident de reprendre le château familial mais les travaux sont considérables. L’édifice, écrasé sous le poids du lierre qui avait tout envahi depuis des décennies, commence à s’effondrer par pans de murs entiers. Les propriétaires savent déjà qu’un grand chantier patrimonial, non sans difficulté, les attend mais leur amour pour cette vieille bâtisse dépasse toutes les craintes. Patiemment et quotidiennement, la famille Journu relève ainsi l’édifice, soutenue par leurs enfants et leur entourage. Un sauvetage qui dure aujourd’hui depuis plus de 40 ans. Ces dernières années, deux éléments importants ont été restaurés — la tour carrée et la chapelle castrale — et qui leur a valu le prix VMF-Gironde (attribué par la Fondation Vieilles maisons françaises) ainsi que le soutien financier de la Sauvegarde de l’Art Français, en 2011, pour la chapelle.
La chapelle du XIIIe siècle était sur le point de s’écrouler
La tour carrée, mitoyenne de la partie habitable où vit la famille Journu, devenait urgente à restaurer. Sans elle, la famille risquait l’effondrement de son habitation. Quant à la chapelle, elle était chère au cœur des propriétaires qui souhaitaient la réhabiliter. À l’origine sans toiture, celle-ci a commencé à être restaurée bien avant que l’ensemble du château ne soit classé monument historique en 1995. Avant cette date, et la collaboration précieuse de la DRAC, les propriétaires avaient créé une association dès 1993 pour assurer la valorisation du site et le financement des travaux. Celle-ci compte aujourd’hui 114 membres appartenant à l’entourage de la famille Journu mais aussi des gens du village enthousiasmés par cette résurrection.
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La chapelle du XIIIe siècle, d’une superficie de 22m2, qui souffrait d’une végétation abondante, était sur le point de s’écrouler. “À côté de la clé de voûte, une pierre était prête à tomber”, confie Véronique Journu. “Dès 1984, nous avons relevé les murs pour pouvoir couvrir l’édifice et le mettre à l’abri de la pluie.” Ces travaux titanesques sont l’occasion d’heureuses découvertes. “Alors que nous changions les pierres abîmées et remontions entièrement le réseau des fenêtres, nous avons eu la surprise de découvrir des carreaux de terre cuite, ornés notamment de fleur de lys, qui recouvraient autrefois le sol de l’église”, explique la propriétaire. Trop fragiles pour être remis à leur place d’origine, ceux-ci sont aujourd’hui exposés dans une des vitrines du château à la vue du public.
Pour réaliser les vitraux, la famille Journu se tourne naturellement vers un artisan vitrailliste. La simplicité est de mise, en accord avec les monuments historiques. De modestes losanges viennent agrémenter les ouvertures bien qu’autrefois les vitraux étaient décorés de figures de saints dont il ne reste plus de trace. Enfin, après ce travail de gros œuvre, vient le temps, tant attendu, de la dédicace et de la première messe en 2014 : “La chapelle était, à l’origine, dédiée à saint Jean-Baptiste. Pour cela, nous avons trouvé une jolie statue du saint chez un antiquaire que nous avons installée à l’intérieur”, confie Véronique Journu.
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Depuis la fin des travaux, les châtelains s’attachent à faire vivre spirituellement leur chapelle. “Mon fils a réalisé une croix que nous avons installée à l’intérieur”, confie avec fierté Véronique Journu “et nous avons également eu la chance de pouvoir installer un tabernacle provenant de l’ancien séminaire de Bordeaux grâce à l’aimable autorisation de Mgr Ricard à la tête du diocèse (atteint par la limite d’âge, il a remis depuis sa démission au Pape, ndlr)”, explique la propriétaire. Des messes sont ainsi régulièrement organisées et même parfois des baptêmes. “Mais pas de Saint-Sacrement exposé en permanence”, précise Véronique Journu “car la porte de la chapelle n’est pas fermée”.
La famille a également eu la chance de recevoir des mains de l’abbé Grondona, curé du diocèse de Bordeaux, un calice avec le sceau du roi Louis XIV qu’il avait lui même reçu le jour de son ordination. Un beau cadeau qui vient compléter le mobilier liturgique de la chapelle et renforcer son usage spirituel. Très touchée par ce geste, Véronique Journu avait assuré ce jour-là, lors d’un discours, vouloir réhabiliter au mieux la chapelle en espérant que de nombreuses messes y soient données dans les années à venir. Un souhait aujourd’hui réalisé.