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L’hémicycle sera plein à craquer : pour les deux premiers jours de l’Assemblée plénière de l’épiscopat français mardi 5 et mercredi 6 novembre, le sanctuaire de Lourdes accueillera... plus de laïcs que d'évêques. La nouvelle présidence de la Conférence des évêques de France (CEF) a souhaité que chacun d'entre eux soit accompagné de deux baptisés de leur diocèse. Il y aura donc près de 350 personnes, contre "seulement" une centaine d'évêques, comme c'est le cas d'habitude. Cette innovation majeure marque la volonté de lutter contre le cléricalisme souligne-t-on à la CEF.
"Les évêques ont bien répondu à l’appel et ils ont choisi des personnes aux profils très variés, en respectant généralement l’équilibre homme-femme", assure le père Thierry Magnin, secrétaire général de la CEF. Selon lui, les laïcs sélectionnés "sont souvent des personnes investies dans la vie pastorale de leurs diocèses, avec lesquelles l’évêque pourra continuer de travailler à son retour". La démarche synodale impulsée par Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, a inspiré plusieurs évêques. À Lille, Mgr Laurent Ulrich a laissé une dizaine d'acteurs majeurs de son diocèse choisir eux-mêmes leurs représentants. Ce seront finalement le délégué diocésain des mouvements de jeunes et l’animatrice pastorale sur le tourisme et les loisirs.
Faire raisonner la parole de l'Église sur l'écologie
Une grande partie des laïcs qui seront à Lourdes dispose d'une sensibilité écologique manifeste. Quatre ans après l’encyclique Laudato Si’ du pape François, cette thématique "propice" à la synodalité occupera la majorité des échanges avec les laïcs. Mgr Lacombe, administrateur diocésain de Bordeaux, sera par exemple accompagné d’un membre de l’observatoire Laudato Si' du diocèse. À Toulon, Mgr Rey viendra avec un paroissien de Hyères, dirigeant d’une PME engagée dans la transition écologique. Pour le père Thierry Magnin, "l’écologie est un appel, une question de société forte. C’est important que l’Église y participe en se laissant toucher par des témoins qui nous diront comment ils ont été touchés par ces enjeux". Six membres de la société civile témoigneront à la tribune du changement de vie auquel ils ont procédé personnellement. Parmi eux, Martin Choutet, modérateur de l’Association pour l’amitié (APA), engagée dans l’accompagnement des gens de la rue. Ou encore Maxime de Rostolan, coordinateur du projet "Fermes d’avenir". Les participants et intervenants pourront ensuite échanger autour d’ateliers de partage d’une cinquantaine de personnes, contre vingt habituellement. Ce grand brainstorming se fera à huis clos, pour "favoriser la liberté dans les échanges", explique le père Thierry Magnin. Les résultats des discussions remonteront ensuite au niveau de l’Assemblée.
Une expérimentation sur trois ans
Si cette initiative vise bien à convertir l’Église de France à une plus grande "synodalité", elle nécessitera probablement quelques ajustements, notamment dans la prise en compte des ateliers d’échanges et en particulier des suggestions des laïcs. L’objectif de cette démarche missionnaire sur trois ans aboutirait à ouvrir les portes de l’Assemblée lors de ses deux réunions annuelles, avec la thématique de la transition écologique en fil rouge.
"D’autant que cette expérimentation répond à une volonté de nouveauté exprimée par l’Assemblée elle-même", assure le père Thierry Magnin. Il précise cependant qu’il faudra faire un retour d’expérience : "c’est l’Assemblée plénière qui décidera si elle souhaite reconduire cette expérience, et si oui, dans quelles conditions".