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Vives réactions après l’annulation de la conférence de Sylviane Agacinski

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Sylviane Agacinski.

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Agnès Pinard Legry - publié le 25/10/19
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Après avoir reçu « des menaces violentes », la direction de l’université de Bordeaux Montaigne a décidé d’annuler la conférence de la philosophe Sylviane Agacinski qui devait évoquer « l’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique ».

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La liberté d’expression a-t-elle encore un sens en France ? Une conférence-débat, prévue depuis mai dernier, devait se tenir ce jeudi 24 octobre au soir à l’université de Bordeaux sur le thème de la « reproductibilité » de l’être humain avec la philosophe Sylviane Agacinski. Malheureusement cette dernière a été annulée quelques heures avant à la suite de « menaces violentes », ont indiqué les organisateurs. Selon l’université de Bordeaux-Montaigne, « des groupes ont décidé d’empêcher la tenue d’un échange légitime et évidemment contradictoire sur ces questions d’ordre éthique et juridique dans le contexte des débats actuels sur la PMA et la GPA ».

Début octobre, plusieurs organisations, dont « Riposte Trans », « Association des jeunes et étudiant-e-s LGBT de Bordeaux », « Solidaires étudiant-e-s », « Collectif étudiant-e-s anti-patriarcat » avaient dénoncé dans un communiqué une « tribune » offerte à une conférencière aux positions « réactionnaires, transphobes et homophobes ». Le collectif avait invité les étudiants à se mobiliser contre cette venue, et affirmé mettre « tout en œuvre afin que cette conférence n’ait pas lieu ».

Une “dérive liberticide”

Si les organisateurs des conférences Montaigne ont rappelé « qu’empêcher la discussion au sein d’une communauté participe d’une dérive liberticide » et ont dénoncé « la gravité de cette entrave au débat démocratique qui ne saurait constituer ni fierté ni victoire pour quiconque mais une réelle indignation de tous ceux qui sont attachés à la richesse du dialogue et de l’échange pour comprendre la complexité de notre monde », la conférence n’en n’a pas moins été tout simplement annulée.

Cet événement n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux : « Incroyable qu’une intellectuelle reconnue soit empêchée de s’exprimer dans une Université, au seul motif qu’elle est engagée depuis longtemps contre la marchandisation du corps… Tout mon soutien à Sylviane Agacinski », a ainsi tweeté le philosophe François-Xavier Bellamy.

Jusqu’où va aller ce terrorisme ?”, s’est interrogé l’ancien magistrat Philippe Bilger.

La députée LR des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer n’a pas manqué de dénoncer « la terreur intellectuelle [qui] gangraine le débat public ». « On est en France ? En démocratie ? Au delà d’être scandaleux, c’est grave », s’est insurgée la députée Agnès Thill.

Directeur de la rédaction de La Vie, Jean-Pierre Denis a qualifié cet événement de “gravissime”. “Les espaces de liberté d’expression authentique fondent à vue d’œil, et la lâcheté des institutions commence à faire peur”, a-t-il affirmé sur Twitter.

« Il est inacceptable qu’en France à notre époque la liberté d’expression soit ainsi remise en cause », a quant à lui dénoncé l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean Leonetti.

« L’université cède aux lobbies de la marchandisation de l’humain. Que devra-t-on accepter demain ? », a également réagi auprès de La Vie le Corp, collectif pour l’abolition de la maternité de substitution (GPA) dont est membre Sylviane Agacinski.

Journaliste à Charlie Hebdo, Laure Daussy, dont les convictions diffèrent de celles de la philosophe, a également fait part de sa colère après une telle annulation.

Connue pour son opposition au « marché de la personne humaine » la philosophe Sylviane Agacinski s’est interrogée à travers différents ouvrages sur l’homme moderne et son rapport au corps. « La puissance technoscientifique règne aujourd’hui sur l’ensemble de la nature, y compris celle de l’homme lui-même. Un homme nouveau se profile, non plus en rêve ou dans l’au-delà, mais ici-bas », écrit ainsi la philosophe dans son ouvrage L’homme désincarné : du corps charnel au corps fabriqué. « Les nouveaux croyants entendent échanger leurs vieilles “tuniques de peau” contre un corps dont ils seront les “fabricateurs souverains” : corps restauré et augmenté, corps fabriqué sans père ni mère, et non plus engendré ; corps reconstruit et neutre, par-delà l’homme et la femme ; corps de moins en moins vulnérable mais de moins en moins vivant. Mais à quel prix ? », s’interroge-t-elle encore.


PREGNANT WOMAN
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À défaut de l’entendre, ses livres, dont Corps en miettes, demeurent des espaces de réflexion et de débat : “Le seul usage du ventre est contraire à la dignité, même s’il pouvait n’être pas marchand, parce qu’il fait de l’existence même de l’être humain un moyen au service d’autrui”.

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