L’épiscopat polonais a demandé à ce que saint Jean Paul II soit proclamé docteur de l’Église et co-patron de l’Europe. « En vingt-six ans de pontificat, il a énormément apporté à la réflexion de l’Église universelle », assure à Aleteia son biographe Bernard Lecomte.
Président de la conférence des évêques de Pologne, Mgr Stanisław Gądecki, a demandé au pape François, au nom de l’épiscopat du pays, que saint Jean Paul II soit proclamé docteur de l’Église et co-patron de l’Europe, rapporte Vatican News. « Jean Paul II a profondément développé, enrichi et adapté l’enseignement de l’Église au monde d’aujourd’hui », a confié à Aleteia Bernard Lecomte, auteur de l’ouvrage Le monde selon Jean Paul II. « Quand on voit qui sont les grands docteurs de l’Église on constate que ce sont des personnes qui ont énormément pensé, écrit et apporté quelque chose à la théologie, à la doctrine. »
Saint Thomas d’Aquin, saint Bernard de Clairvaux, saint Jean de la Croix, sainte Thérèse d’Avila, sainte Thérèse de Lisieux… Malgré ses 2.000 ans d’existence, l’Église ne compte qu’une trentaine de docteurs. « Ils peuvent être assimilés à des intellectuels de référence pour la foi catholique avant que ce terme n’existe vraiment », explique l’épiscopat français. Le terme de docteur de l’Église définit les théologiens, philosophes ou écrivains ayant enrichi significativement le magistère, c’est-à-dire la doctrine de l’Église, tant au niveau philosophique que spirituel. Les conditions requises pour devenir docteur, d’ailleurs toujours à titre posthume, sont « d’être un saint canonisé, d’avoir élaboré une pensée de la foi en accord avec les principes de base de l’Église tout en découvrant un pan inexploré de l’écriture se vérifiant comme fondamental par son influence auprès des fidèles et par une renommée internationale ».
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« Dans le cas de Jean Paul II on peut s’interroger car de part de sa formation il n’était pas un théologien mais un philosophe. Est-ce qu’un philosophe a vocation à être un docteur de l’Église ? », reprend Bernard Lecomte. « En vingt-six ans de pontificat, Jean Paul II a énormément apporté à la réflexion de l’Église universelle. On estime à 6.000 le nombre de textes qu’il a écrit. En les relisant on est frappé par leur profondeur, leur rapport à l’histoire, à la pensée, la culture… Ses écrits témoignent d’une pensée très riche, qui renouvelle beaucoup de choses, qui parle au monde d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs cela qui pourrait justifier le titre de docteur de l’Église ». « Ceci étant dit », nuance néanmoins son biographe, « nous vivons une période où il est reproché à l’Église son cléricalisme. Ce n’est donc pas le moment de porter un ou des papes au pinacle ».
“En vingt-six ans de pontificat, Jean Paul II a énormément apporté à la réflexion de l’Église universelle.”
Et Jean Paul II co-patron de l’Europe ? « Son enseignement sur l’Europe est capital », affirme encore Bernard Lecomte. « Ce Pape vient de l’Europe de derrière le rideau de fer, il n’a eu de cesse de prôner la réunification de l’Europe donc s’il on parle d’un pape européen c’est évidemment lui ». Mais il ne faudrait pas non plus minimiser ou passer sous silence le rôle joué par Pie XII. « C’est Pie XII qui, au lendemain de la guerre, a poussé cette idée que la paix reviendrait quand l’Europe serait réunie ».
Les co-patrons de l’Europe sont aujourd’hui au nombre de six : saint Benoît, proclamé patron de l’Europe par Paul VI en 1964, saints Cyrille et Méthode proclamés co-patrons en 1980 par Jean Paul II et trois saintes proclamées co-patronnes de l’Europe en 1999 par Jean-Paul II : sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein).