Je m’appelle Christian, j’ai 58 ans. Je fais la manche à Nantes. Parfois, les gens me disent : on vous a déjà vu quelque part. Ça me fait chaud au cœur. Voici mon histoire.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Ma vie, c’est des petits boulots et des grandes galères, la rue et la psychiatrie. J’ai été tour à tour soldat, gardien, manutentionnaire, agent de sécurité, ambulancier, pompier… Mais j’ai connu aussi la dépression, le délire, la paranoïa, les hallucinations, la schizophrénie, bref les troubles psy et le combat spirituel avec les esprits. Je comprends que tout ça vous interroge mais je ne suis pas fou ! Un jour, je me suis pourtant retrouvé au musée du Louvre, sans trop savoir comment. C’est la police qui est venue m’en sortir. J’ai erré de foyer en foyer, d’hôpital en hôpital, j’ai galéré pendant six ans ; sans point de chute, mais en travaillant ici ou là. J’ai arrêté l’alcool le premier de l’an 2001 après plusieurs tentatives, mais je me suis décidé car je voyais des monstres, et je ressentais une immense culpabilité. Le Seigneur m’a aidé.
En 2014, je pars à Rome avec Lazare. C’est une première pour moi. Je suis convaincu que je verrai le Pape alors que tout le monde m’assure du contraire. Et le Pape est venu vers moi, alors que nous étions des milliers place Saint-Pierre. Il me bénit. Je lui dis : « Je parle au nom des pauvres de Nantes et de France, au nom des handicapés et des malades, on est tous derrière toi, François pour la paix. » Je l’ai trouvé très à l’écoute. Il m’a dit : « Merci, je te bénis. » J’ai rapporté un chapelet bleu clair, béni par le Pape, pour une vieille dame de Nantes qui me l’avait demandé, alors que tout le monde m’avait dit que ce serait impossible de parler à François. Ce jour-là, j’ai fait une heureuse !
« C’est ma souffrance qui partait »
En 2016, c’est le grand pèlerinage Fratello, jubilé des gens de la rue. On m’avait demandé de faire un discours devant le Pape dans la salle Paul VI. Je l’avais dicté à un ami de Lazare et je tenais beaucoup à parler de la paix, car nous étions le 11 novembre. Je pensais que c’était important, car c’est la mission du Pape de travailler à la paix, à la suite du « Prince de la Paix ». Avant mon discours, un jeune évêque est venu me dire : « Vous êtes notre espérance. »
Puis, à la fin de mon discours (voir à 18’50), le Pape a dit : « J’ai été très frappé par l’insistance dans le témoignage de Christian pour la paix. Vous pouvez être artisans de paix. Les pauvres croient en la paix. » Puis, il s’est approché de moi, je le serre dans mes bras. Je craque. Je me mets à pleurer. Pleurs de souffrance. C’est ma souffrance qui partait. J’entendais la foule applaudir de plus en plus fort, et tout en moi est parti : les angoisses, les déprimes, les dépressions. Comme si je m’étais confessé. J’avais dit au Pape que je souffrais énormément, mais que d’autres souffraient plus que moi et qu’il fallait prier pour eux (il se met à pleurer en racontant, ndlr.). J’étais lessivé. Le Pape m’a consolé. Les grosses déprimes s’en vont avec les larmes.
https://www.youtube.com/watch?v=_IDF7llhCNI
Lire aussi :
Les SDF ne sont pas des éléments du décor, rappelle le Pape
Je me sentais léger, souriant, avec une envie de sauter en l’air. Ça soulage. Le Seigneur a un plan pour moi. Je suis dans le plan de Dieu. Il faut être sincère avec le Seigneur, comme Il l’est avec nous. Le lendemain de notre rencontre, le Pape annonçait qu’il créait la Journée mondiale des pauvres, comme l’avait suggéré le fondateur de Lazare. En 2017, je suis retourné à Rome, et j’ai assisté à la messe du Pape avant de déjeuner avec lui et 1.500 pauvres. J’aime travailler à ce projet. En 2019, j’y retourne, avec ce pèlerinage à Lourdes : Fratello !