Les attaques djihadistes contre les chrétiens se multiplient au Burkina Faso depuis le début de l’année 2019. Le 1er octobre, la Fédération des Églises et missions évangéliques (FEME) a appelé la communauté internationale à agir pour “éviter que le pays ne tombe dans le chaos”.
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Déjà huit attaques ciblées et au moins 27 chrétiens assassinés. C’est le triste bilan, encore provisoire, de l’année 2019 au Burkina Faso. Le pays fait face depuis plusieurs mois à une recrudescence des attaques djihadistes. Durement touché depuis 2013, le Mali voisin peine à contenir les réseaux terroristes. Ces derniers menaient jusqu’à présent des raids transfrontaliers ponctuels au Niger et au Burkina Faso. Des groupes autonomes se sont désormais formés dans le pays. Dans le nord du Burkina Faso, le chef religieux Jafar Dicko dirige une organisation islamiste récente, Ansarul Islam. Il prêche un islam wahhabiste rigoriste, et endoctrine des jeunes burkinabés désœuvrés.
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L’Église, nouvelle cible des terroristes
En s’attaquant à tous ceux qui ne partagent pas leur idéologie islamiste, les terroristes veulent diviser les Burkinabés sur des bases communautaires et identitaires. “Lorsque les fidèles sont attaqués, on leur demande toujours de se convertir à l’Islam et d’abandonner leur foi. Sans parler de la destruction et de la profanation des symboles religieux chrétiens”, a déploré l’évêque de Fada’Ngourma, Mgr Pierre Claver Malgo, dans une interview à la branche italienne de l’Aide à l’Église en Détresse. Pour éviter l’embrasement du pays, la Fédération des Églises et missions évangéliques (FEME) a lancé le 1eroctobre un vibrant appel à l’aide à la communauté internationale. “Jusque-là, les terroristes s’attaquaient essentiellement aux symboles de l’État, aux forces de défense et de sécurité. Mais au fil du temps, ils s’en sont aussi pris à des civils. Depuis quelques mois, les églises sont devenues leurs nouvelles cibles, et nous déplorons déjà des pertes”. Le 15 février 2019, le père Antonio César Fernandez, un missionnaire espagnol, était assassiné au poste-frontière de Nohao. Comme lui, plusieurs pasteurs comme Élie Zoré ou Jean de Tasmakat ont été tués, laissant derrière eux femmes et enfants. Contraints à l’exil, les fidèles se dirigent vers le sud du pays. Le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU daté du 11 septembre 2019 décompte près de 289.000 déplacés. D’après l’ONG évangélique Portes ouvertes, qui a relayé l’appel de Ouagadougou, plus de 200 églises, catholiques ou protestantes, ont été fermées dans le Nord du pays.
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Appel à la communauté internationale
“En s’attaquant aux églises, ce sont les valeurs de tolérance, de pardon et d’amour qui ont toujours guidé notre pays qui ont été touchées”, dénonce la FEME. Le Burkina Faso est historiquement marqué par une tradition de tolérance religieuse. Ces fermetures d’églises pourraient engendrer des tensions communautaires. “Tous les ingrédients d’une crise profonde sont réunis”, explique à Aleteia Illia Djadi, ancien journaliste à la BBC et aujourd’hui expert de l’Afrique de l’Ouest pour l’ONG Portes Ouvertes. Selon lui, “une crise alimentaire est également à venir, puisque les populations déplacées ne pourront pas faire leurs récoltes”. “Le gouvernement est conscient de la menace, mais il ne peut plus faire face seul”, ajoute-t-il. Dans ce contexte, les églises exhortent la communauté internationale “à apporter une aide humanitaire conséquente aux déplacés pour répondre à l’ampleur de la crise”. Si cette crise s’installe, elle pourrait gagner le sud du pays, voire affecter toute la région. De par sa position centrale, le Burkina Faso constitue une zone tampon qui protège pour l’instant le Bénin, le Togo, le Ghana ou encore la Côte d’Ivoire.
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