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Les ressorts de l’offensive turque contre les Kurdes en Syrie

De la fumée monte de la ville syrienne de Tal Abyad, sur une photo prise du côté turc de la frontière, le 10 octobre 2019.

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Agnès Pinard Legry - publié le 11/10/19
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La Turquie a lancé ce mercredi 9 octobre une offensive contre les forces kurdes situées dans le nord-est de la Syrie. L’attaque a provoqué un tollé international dans la mesure où certaines forces kurdes ont été les alliés des Occidentaux dans la lutte contre l’État islamique. Sur place, certains observateurs semblent moins catégoriques.

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Quelques jours après l’annonce du retrait des troupes américaines de secteurs frontaliers entre la Syrie et la Turquie, le gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan a lancé, mercredi 9 octobre, une offensive visant les forces kurdes. Depuis, au moins 23 combattants des forces kurdes et 9 civils ont été tués par les frappes aériennes et les tirs d’artillerie de l’armée turque, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

L’objectif affiché de l’opération d’Ankara est d’éloigner de la frontière la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG). Partenaires des Occidentaux dans la lutte contre l’EI, les YPG sont considérées comme une organisation « terroriste » par Ankara, pour leurs liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Le ministère de la Défense turc a affirmé que l’opération avait été « menée avec succès durant la nuit, dans les airs et au sol ». Des « cibles désignées » ont été « capturées », a-t-il souligné sur Twitter.

Cette offensive a provoqué un tollé international dans la mesure où certaines forces kurdes ont œuvré avec les pays de la coalition et se sont battus contre l’État islamique. « Priez pour nos alliés kurdes qui ont été honteusement abandonnés par l’administration Trump », a ainsi dénoncé le sénateur républicain, Lindsey Graham, sur Twitter :

L’« offensive turque dans le Nord-Est syrien est dangereuse », a affirmé de son côté la ministre des Armées Florence Parly. « Dangereuse pour la sécurité des Kurdes. Dangereuse car elle est propice à Daesh, contre qui nous nous battons depuis cinq ans ». En effet, de nombreux pays craignent une résurgence de l’EI.

L’Union européenne a exigé l’arrêt de l’offensive déclenchée par la Turquie. « Elle ne donnera pas de résultats. Et si le plan de la Turquie est la création d’une zone de sécurité, n’attendez pas de financement de l’Union européenne », a déclaré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir d’urgence et à huis clos à la demande de ses membres européens.


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Qu’en est-il sur place ? « L’un des risques est de faire des généralités », confie à Aleteia une chrétienne habitant à Damas. « Oui, certaines factions kurdes ont lutté contre les djihadistes », assure-t-elle. « Mais certains n’ont rien fait tandis que d’autres ont été pire avec les minorités que ne l’avait été Daesh ». Selon elle, cette attaque cache certainement de nombreuses tractations : «  Quel marché ont fait les Turcs avec les Russes qui tiennent la région », s’interroge-t-elle. « Et quel est le rôle joué par les Syriens, voire les Iraniens ? Je pense que cette attaque relève d’un accord officieux entre les différentes forces en présence ».

Chef de mission en Syrie chez SOS Chrétiens d’Orient, Alexandre Goodarzy est également plus nuancé. « On pouvait s’attendre à une telle offensive de la part des Turcs », affirme-t-il. « Le conflit qui se déroule à Idlib, avec la poche terroriste, au nord-ouest de la Syrie, et la question kurde sont totalement liés. L’offensive turque côté kurde est une réponse : jusqu’ici les Turcs soutenaient les terroristes à Idlib en disant très clairement aux Syriens ‘nous ne vous permettront pas d’en terminer avec les terroristes d’Idlib tant que vous ne nous permettrez pas d’en finir avec la question kurde’ ». Selon lui, il faut bien comprendre qu’« il est hors de question pour la Turquie d’avoir un million de Kurdes qui se tailleraient un État indépendant sur la Syrie. Le gouvernement d’Erdogan craint les effets que cela pourrait avoir sur les 18 millions de Kurdes en Turquie ».



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« Je pense que les Kurdes sont prêts à tout dans cette lutte contre les Turcs », explique encore Alexandre Goodarzy. « Depuis le début de la guerre en Syrie, en 2012, les Kurdes ont commencé a affirmé leur autonomie, leur indépendance. Ils ont commencé à profiter de l’indépendance du pouvoir central pour pouvoir commencer à revendiquer un Kurdistan », indique-t-il. « Bien sûr, certaines factions kurdes se sont positionnées contre l’EI etc mais d’autres ont vu dans cette instabilité l’opportunité d’un nouvel État kurde ».

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