Beershéva, principale ville du Néguev, a laissé son nom à la postérité pour être la cité des patriarches. Abraham, Isaac, mais aussi Jacob, séjourneront en ses murs et invoqueront le dieu unique. Exemple même de cité israélite au temps de la monarchie, Beershéva fut également révélatrice des conflits religieux de ces époques entre polythéisme et monothéisme naissant.
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Si de nos jours la ville de Beershéva est la principale ville du district sud d’Israël, elle fut naguère également la ville majeure du Néguev. Sur la longue route empruntée à la recherche de la Terre promise par les patriarches Abraham, Isaac et Jacob, Beershéva leur offrit l’occasion d’une halte salutaire en raison de la proximité de nombreuses sources d’eau, d’une position à l’abri des vents de sable et des importantes variations de température.
C’est en ces lieux, selon la Genèse, que ces grandes figures de la Bible invoqueront le Dieu unique. L’épisode évoqué dans la Genèse d’Abraham et d’Abimélek quant à la querelle des puits est révélateur de l’alliance et de l’unité des tribus souhaitées : « Abraham prit du petit et du gros bétail, et les donna à Abimélek : tous deux conclurent une alliance. Abraham mit à part sept jeunes brebis de son petit bétail. Abimélek demanda à Abraham : “Que font là ces sept jeunes brebis que tu as mises à part ?” Abraham répondit : “C’est pour que tu les reçoives de ma propre main et qu’elles soient un témoignage de ce que j’ai moi-même creusé ce puits.” C’est pourquoi on appela ce lieu “Beershéba”(c’est-à-dire : le Puits-du-Serment), car tous deux y avaient prêté serment » (Gn 21, 27-30). La Bible rapporte qu’après cet épisode, « Abraham planta un tamaris à Bershéba et y invoqua le nom du Seigneur, Dieu éternel » (Gn 21, 33).
Le puits d’Isaac
Isaac perpétuera cet héritage légué par Abraham. Alors qu’il montait à Beershéva, le Seigneur lui apparut et lui dit : « Je suis le Dieu d’Abraham, ton père : ne crains pas, car je suis avec toi ; je te bénirai et je multiplierai ta descendance à cause d’Abraham, mon serviteur» (Gn 26, 24). Alors Isaac bâtit à cet endroit un autel et invoqua, lui aussi, le nom du Seigneur. La Bible rapporte qu’il y planta également sa tente et ses serviteurs forèrent un puits, les deux tâches les plus importantes à accomplir pour tout nomade après avoir honoré le Dieu unique.
Pour Jacob, par contre, Beershéva ne sera qu’une étape. Après être parvenu dans la ville, il offrit des sacrifices au Dieu de son père Isaac et Dieu s’adressa alors à lui dans une vision nocturne : « Jacob ! Jacob ! » Il répondit : « Me voici. » Dieu reprit : « Je suis Dieu, le Dieu de ton père. Ne crains pas de descendre en Égypte, car là-bas je ferai de toi une grande nation. Moi, je descendrai avec toi en Égypte. Moi-même, je t’en ferai aussi remonter, et Joseph te fermera les yeux de sa propre main » (Gn 46, 2-4). Ainsi, pour Jacob, si Beershéva fut également le lieu choisi de l’invocation du Dieu unique et de l’obéissance à ses injonctions, il dut cependant poursuivre son chemin et fut ainsi entraîné loin de cette cité biblique…
Un curieux autel à cornes
La ville de Beershéva pouvait donc s’enorgueillir d’une réputation biblique plus qu’honorable et deviendra une cité israélite prospère dont les fouilles ont révélé de puissants murs d’enceinte et des fortifications qui témoignent de son importance. Mais ces fouilles ont également livré en 1975 un curieux témoignage des pratiques sacerdotales : un singulier autel à cornes a été dégagé des remblais dont l’une des pierres portait le symbole d’un serpent, témoignage du culte des baals encore bien présent en cette époque d’entrecroisements entre polythéisme et monothéisme naissant.
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Le livre d’Amos dans la Bible évoque ces conflits et la perversion des sanctuaires par les cultes païens encore bien vivants : « Mais ne cherchez pas à Béthel, n’entrez pas à Guilgal, ne passez pas à Bershéba ; car Guilgal sera entièrement déporté et Béthel, réduit à néant » (Am 5, 5). La sentence lancée contre ces adorateurs est sans appel : « Ceux qui juraient par l’idole sacrilège de Samarie, et qui disaient : « Vive ton dieu, Dane ! » et : « Vive ton chemin, Bershéba ! » ils tomberont et ne se lèveront plus » (Am 8, 14). Le roi Ezéchias fera détruire lors de sa réforme religieuse toutes les traces de culte pratiqué hors de Jérusalem, probable explication du démantèlement de cet autel témoignant des premiers temps mouvementés du monothéisme.
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