Depuis 27 ans en Haute-Normandie, les pères de famille se retrouvent le dernier week-end de septembre pour se ressourcer et confier à saint Joseph et saint Michel leurs peines et leurs joies, leurs intentions et leurs espérances. C’est l’une des nombreuses déclinaisons régionales de Cotignac, devenue en quelques années le sanctuaire national des pères de famille.
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Une brise légère souffle sur l’abbaye bénédictine de Saint-Wandrille ce vendredi 27 septembre. Non loin des groupes de croisiéristes britanniques qui viennent visiter ce patrimoine fondateur de la chrétienté, quelques hommes récitent le chapelet dans les jardins. Ils sont une quinzaine de précurseurs à se préparer pour un pèlerinage qui les conduira le lendemain, le long des boucles de la Seine, jusqu’à l’abbaye Saint-Georges de Saint-Martin-de-Boscherville.
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De la prière, de la méditation mais aussi de la réflexion : le père hôtelier de Saint-Wandrille donne aux pèlerins un enseignement sur le sens de la « transmission chrétienne » depuis la Genèse jusqu’à saint Paul. Amos nous dit en substance : « Sortez de vos canapés, ne soyez pas des vautrés ! » Vient ensuite le temps de l’action et du travail, deuxième pilier de la règle de saint Benoît : les pères de famille mettent en carton près de 4.000 litres de bière tandis que d’autres nettoient l’abbatiale.
« Rendre ce que j’ai reçu »
Cédric de La Celle, qui organise cet événement depuis plusieurs années, est exceptionnellement absent. Il a une bonne excuse, sa femme lui a donné un sixième enfant la veille. Mais ses camarades sont là pour assurer la relève et il prie pour eux. « Je veux rendre ce que j’ai reçu et je veux que les autres pères de famille retrouvent une dimension fraternelle et spirituelle, hors des salons » confie-t-il. Cette année encore, une bonne centaine de pères de famille a répondu à l’appel, souvent encouragés par leurs épouses, lesquelles apprécient de voir leurs maris se bonifier après quelques jours de ressourcement et de ré-enracinement.
Le samedi matin à l’aurore, après une adoration du Saint Sacrement, les groupes de marche se forment. La transmission, thème choisi pour cette année, est chère aux familles puisque c’est en leur sein que la foi catholique passe de génération en génération, dans l’intimité des relations entre les parents et leurs enfants. Sans l’église, les familles ne peuvent rien mais la réciproque est vraie aussi. C’est avant l’adolescence que les parents doivent donner à leurs enfants l’autonomie dans la foi.
Tout au long de la marche, les prêtres confessent à tour de rôle tandis que le rosaire et les chants rythment le parcours. Les temps de silence sont importants : coupés des téléphones et de son flot continu de notifications et d’alertes, les pèlerins peuvent réapprendre l’intériorité, une forme de lenteur et de quiétude indispensable à la prière.
« Redevenez des fils »
Le soir, à l’aide d’une excellente bière d’abbaye (de Saint-Wandrille évidemment), vient le temps de la convivialité. Un banquet est dressé à la hâte avant que le père Geoffroy de La Tousche, nouveau curé de Rouen-centre ne vienne les rejoindre et toucher leurs âmes avec ses mots si percutants et profonds : « Ce soir comme pères, redevenez des fils, parce que Dieu le père a tout donné, sans retenue. Il a donné sa chair. Alors ce soir, donnez tout entre les mains du père. Donnez à Dieu vos trahisons et renouvelez votre vie de fils ! »
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La veillée de prière se prolonge jusqu’au petit matin. Les familles se retrouvent enfin pour la messe dominicale avec les paroissiens de Saint-Martin. Chaque père repart fortifié pour l’année. Nul doute que les enfants et leurs mamans en ressentent déjà les effets.