Nommé administrateur apostolique de l’archidiocèse de Lyon, le 24 juin dernier, Mgr Michel Dubost a reçu Aleteia à la maison diocésaine pour parler avec simplicité de sa mission et des projets à venir, trois mois après son arrivée surprise dans la capitale des trois Gaules.
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Aleteia : Dans quel état d’esprit êtes-vous trois mois après votre installation à Lyon ?
Mgr Michel Dubost : Une mission m’a été donnée par le Pape et il se trouve que dans ma vie, j’ai toujours été adepte de l’obéissance, donc j’ai obéi ! Ce qui m’amuse, c’est que je me retrouve à faire des choses auxquelles je ne m’attendais absolument pas, comme ce fut souvent le cas dans mon parcours. Il y a beaucoup de richesse à Lyon, or je ne suis là que depuis trois mois, dont deux mois d’été plus calmes, il me faudrait une éternité pour tout connaître ! Mais tout se passe très bien, je vous remercie.
Vous avez présidé début septembre le vœu des Échevins qui est un événement important de la rentrée lyonnaise, qu’en avez-vous pensé ?
Pour moi, c’était une première et effectivement, c’est très étonnant à vivre. Bénir une ville avec le Saint-Sacrement au son du canon, ce n’est pas courant ! Bon, je doute un peu que tous les Lyonnais se soient mis à genoux à ce moment précis… mais il est certain que cette ville est marquée par son histoire. Si elle n’est pas forcément très religieuse aujourd’hui, c’est tout de même étonnant de rencontrer tous ces hommes et femmes politiques qui prennent le temps de venir malgré leurs agendas surchargés. Fourvière domine le monde de Lyon, c’est sa skyline ! J’ai pu également découvrir le remarquable travail de la Fondation Fourvière et sa belle ligne directrice : que les centaines de milliers de visiteurs qui viennent chaque année deviennent un peu pèlerins.
Quel est votre rôle exact dans cette nomination inédite ?
Le cardinal reste archevêque, je vous rappelle que le Pape a refusé sa démission. Il lui garde le titre mais le Pape m’en a confié la fonction. Il n’y a donc pas de rupture. Je suis l’intermédiaire, c’est-à-dire que je gère les affaires courantes. Je souhaite que le travail soit fait et labouré pour les nouvelles semailles.
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Quels sont vos rapports avec le cardinal Barbarin et comment va-t-il ?
Il est à l’image de l’homme qui prie, ce qu’il vit est difficile c’est certain, c’est une souffrance, mais il la vit dans la sérénité grâce à la prière. Nous nous voyons tous les jours (les deux hommes sont logés à l’Archevêché, ndlr.), et nous nous entendons très bien, on se connait depuis longtemps ! Mais très clairement, c’est moi qui dirige. Philippe est remarquable dans le sens où il ne cherche ni à savoir ni à interférer. Il ne me pose pas de questions et me laisse gérer tout à fait librement ma mission reçue du Pape.
Quel a été l’accueil des prêtres du diocèse ?
Sincèrement, j’ai reçu un très bon accueil de tous. Je n’ai pas ressenti de réticence, et j’ai pourtant rencontré beaucoup de monde ! Les pas contents comme les déçus… Mais j’ai surtout rencontré des prêtres qui, s’ils ont été marqués, ont tous la volonté d’avancer et de poursuivre leur mission. Ce que je leur dit, ce sont les mots du Pape, les prêtres sont chargés de la communauté chrétienne, ils doivent la nourrir et l’aimer. Ils doivent également l’aider à se convertir et à sortir d’elle-même, vers les périphéries et les non chrétiens. Voila la responsabilité de l’Église, aller dans la paix du Christ, avec un projet commun. Il faut avancer, et je sens que ce désir est très présent à Lyon.
Il y a aussi les deux évêques auxiliaires, quelle est leur place à présent ?
J’avoue que ce n’est pas forcément une place facile pour eux et pourtant chacun apporte beaucoup. Mgr Gobilliard offre un vrai dynamisme au diocèse, il travaille avec intelligence et retenue, c’est très agréable d’avancer avec lui. Quant à Mgr Le Gall, c’est drôle car nous avons le même âge et nous nous sommes suivis ou précédés dans nos missions antérieures (aux Armées françaises et aux Œuvres pontificales missionnaires). C’est un homme très spirituel et de grande capacité. Ces derniers mois à Lyon ont me semble-t-il révélé les questions fondamentales qui touchent l’Église dans son ensemble. Quelle est la place des laïcs aujourd’hui ? Quelles sont les manières d’exercer les responsabilités au sein de l’Église, de la part des prêtres comme des laïcs ? Ces questions sont pour moi un signe de vitalité. Il ne faut pas les étouffer, bien au contraire, et garder en ligne de mire le souhait d’être missionnaire. Car être missionnaire c’est un tout, intérieur et extérieur, voilà le critère de vérité de notre mission !
Comment être missionnaire aujourd’hui ?
J’ai trouvé en arrivant l’important travail du père Mouterde, le vicaire général pour la mission dans le diocèse. Il y a dans cette ville une richesse exceptionnelle que l’année Saint-Irénée va mettre en relief en mettant en contact toutes les initiatives proposées. On sent ici un esprit différent d’ailleurs, et tourné vers la mission. Ce n’est pas pour rien que Lyon est le fief de Pauline Jaricot ! Celle-ci va très prochainement être béatifiée et déclarée patronne des missions. Le pape François a même demandé qu’une de ses reliques soit à Rome pour le lancement du mois missionnaire. À Lyon, nous organiserons un colloque sur les Actes des Apôtres qui doivent nous guider pour ce mois missionnaire (Mgr Dubost vient de publier un ouvrage à ce sujet, ndlr.) et nous aurons un grand rassemblement de missionnaires dans la nouvelle basilique Saint-Bonaventure où nous exposerons les reliques de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, de saint François-Xavier et de Pauline Jaricot bien sûr. Le cardinal Lacroix, l’archevêque du Québec, viendra également nous parler de sa mission dans ce pays extrêmement sécularisé qu’est devenu le Canada.
Savez-vous jusqu’à quand vous resterez à Lyon ?
Aucune idée ! J’ai été nommé « ad nutum », il en sera de même j’imagine pour mon départ ! Je suis au service du Pape, et je vis ma mission dans l’obéissance et dans la joie.