Qumrân n’était pas, au temps biblique, à proprement dit une cité mais plutôt un site rassemblant les Esséniens, une communauté qui avait choisi de se retrancher en ce lieu aride en rupture avec le Temple de Jérusalem. Rendu fameux lors de la découverte des célèbres manuscrits de la mer Morte, ce site nous a livré une page essentielle et indispensable à la compréhension de l’histoire biblique.
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Une communauté conventuelle à l’écart du monde. Nous sommes sur une vaste terrasse marneuse, à 300 m au-dessus de la mer Morte, au nord du wadi Qumrân. Ce ne sont, ici, que cavités et grottes faites de calcaire, ocre et rougeâtre, qui se succèdent dans ce désert de Judée. C’est pourtant sur ce site aride qu’une secte juive d’ermites ascétiques de Khirbet Qumrân au sud de Jéricho, en Cisjordanie, a décidé de s’installer au IIe siècle av. J.-C. après avoir rompu avec le Temple de Jérusalem. Les auteurs classiques tels que Philon d’Alexandrie, Flavius Josèphe ou encore Pline l’Ancien nous révèlent que cette communauté était composée d’ascètes désireux de se couper du monde. Refusant, en effet, les dérives des prêtres du Temple de Jérusalem, les Esséniens s’isolèrent en fondant une communauté en un lieu reculé. Il s’agissait, à l’origine, entre 140 et 130 av. J.-C, d’un tout petit groupe composé seulement de douze laïques et de trois prêtres, un nouvel exode pour retrouver la pureté de leur foi. Cependant, si fidèle et pure qu’elle fût, cette communauté était vouée à disparaître et le lieu de Qumrân englouti à jamais, s’il n’y avait eu…
Le berceau des fameux manuscrits
C’est, en effet, sur le site de Qumrân même, que furent découverts les si célèbres manuscrits, appelés également « Manuscrits de la mer Morte », une des plus riches collections de manuscrits bibliques jamais découverts. Tout commence en 1947 lorsqu’un jeune berger recherchant une de ses brebis égarées entra par hasard dans l’une des nombreuses grottes de Qumran et découvrit des jarres contenant des rouleaux de peaux couverts d’écritures anciennes. Le jeune homme ne se doutait pas alors qu’il venait de trouver l’une des collections les plus précieuses de documents bibliques, dont un quart d’inédits de la Bible hébraïque ! Une multitude de papyrus, parchemins, rouleaux enfouis dans des grottes s’étendant tout autour de Qumrân.
C’est l’une des plus grandes découvertes archéologiques du XXe siècle dont les chercheurs sont loin d’avoir exploité toute la richesse. Entre 1947 et 1956, d’incroyables manuscrits religieux et profanes seront mis à jour, certains en bon état, d’autres éparpillés en milliers de fragments qu’il faudra patiemment réunir et tenter de restaurer. La tache est immense car l’hébreu, le grec et l’araméen ont été employés pour rédiger ces manuscrits uniques datés entre 200 et 100 av. J.-C ; ces derniers offrent des indications précieuses quant aux premières sources écrites de la Bible mais aussi quant au mode de vie de cette surprenante communauté des Esséniens liée à jamais au site même de Qumrân.
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Les fouilles ont effectivement révélé d’importantes informations sur cette communauté et ont permis de dégager un certain nombre de bâtiments communautaires dans ce lieu aride et retranché de tout. La règle et ligne de conduite essentielle de cette communauté disposait, en effet, qu’: « Ils se sépareront du milieu de l’habitat des hommes d’iniquité pour aller au désert afin d’y préparer la voie de Dieu selon ce qui est écrit ». S’estimant les dépositaires de la pureté de la foi, c’est dans l’ascèse et la solitude que les membres de cette communauté entendaient s’adonner à l’étude et à la prière rythmant ainsi leur quotidien ou recopiant encore inlassablement les Livres saints… Cette communauté nous livre ainsi un témoignage unique sur la foi d’Israël, proche de celle de leurs Pères au moment de l’Exode et avant les dérives de la sécularisation du judaïsme. Qumrân se transformera, ensuite, en un véritable lieu conventuel dont le plan a été dégagé par les archéologues lors de fouilles. Une tour, des citernes, un canal, un scriptorium (lieu réservé à l’écriture), une salle à banquettes, une teinturerie, une ferme, des fours et même une salle de réunion témoignent de l’autarcie de cette communauté retranchée du monde, mais œuvrant pour retrouver la pureté de la foi, une centaine d’années avant l’arrivée du Christ. Une fidélité et une pureté parvenue jusqu’à nous grâce aux précieuses découvertes de Qumrân.