L’Église a tellement conscience de ce qui fait défaut à sa propre louange, qu’elle se plaît à demander aux esprits célestes ce qu’elle ne peut donner. Le jour de la fête des « anges protecteurs », les deux louanges, celles de la Terre et celle du Ciel, s’unissent d’une seule voix.
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La fête de l’ange protecteur de la cité ou du royaume apparaît en Espagne au XVe siècle. Celle de l’ange gardien au diocèse de Rodez par le bienheureux François d’Estaing en 1518. Elle a été inscrite au calendrier romain par décret de Paul V en 1608, comme fête facultative (Duplex ad libitum) au jour suivant la saint Michel, et assignée au 2 octobre par Clément X.
La louange des anges
Le texte de l’introït est tiré du psaume 102, grand cantique de louange et d’action de grâces : Benedícite Dóminum, ómnes ángeli éjus : poténtes virtúte, qui fácitis vérbum éius, ad audiéndam vócem sermónum éjus. – “Bénissez le Seigneur, vous tous, ses Anges, qui êtes puissants et forts ; qui exécutez sa parole, pour obéir à la voix de ses ordres.”
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Bénir quelqu’un c’est dire du bien de lui : béne dícere, c’est le louer. Ainsi c’est une invitation à louer Dieu que l’Église, ici, adresse aux anges. Invitation superflue, il va de soi ; on ne fait pas autre chose au ciel. Mais l’Église a tellement conscience de ce qui fait défaut à sa propre louange qu’elle se plaît à demander aux esprits célestes ce qu’elle ne peut donner. Elle se joint d’ailleurs à eux dans le psaume et les deux louanges, celle de la Terre et celle du Ciel, n’en font plus qu’une dans l’Église qui chante.
Un bel élan, vif et joyeux
La mélodie de cet introït pleine d’allant, vive et joyeuse, s’ouvre sur l’intonation caractéristique des psaumes du troisième mode : sol, la, do. Dom Baron voit d’ailleurs dans cet introït deux versets de psaumes ornés :
Le premier aurait donc son intonation sur Benedícite, bel élan qui monte joyeux, très invitant et qui s’en va jusqu’à ángeli où il s’épanouit en admiration et en vénération sur la distropha et la répercussion pour trouver sa cadence de médiante si délicate sur éjus et sa cadence finale sur vérbum éjus, virtúte et vérbum étant bien en évidence sur la dominante (la note do) et revêtus de ce fait d’une autorité forte.
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Le second, son intonation en élan sur le torculus de ad audiéndam, sa cadence de médiante sur les distrophas (de –dam), vócem sermónum éjus constituant la deuxième phrase et ne formant donc qu’un seul mouvement tendu vers la cadence finale sermónum éjus.
La musique s’arrête, le regard continue
C’est là en effet sur la fin que la mélodie s’incline en une cadence caractéristique du troisième mode — finale fa sol fa mi mi — douce, adorant la parole divine, contemplative. La musique s’arrête, le regard continue… Le verset choisi est le premier verset du psaume 102 celui qui s’adresse aux anges : Bénedic ánima méa Dómino, et ómnia quæ íntra me sunt nómini sáncto éjus. – “Mon âme, bénis le Seigneur, et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom.” Écoutez les moniales la partition sous les yeux, la technique s’effacera derrière la prière…
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