Certains saints ont une relation particulière avec leur ange gardien. Pour le bienheureux cardinal Newman, canonisé le 13 octobre2019, son ange gardien était un véritable ami. Son plus vieil ami…
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Théologien, philosophe, romancier et poète, le cardinal John Henry Newman (1801-1890), figure majeure de l’Église d’Angleterre convertie au catholicisme, a laissé derrière lui un héritage spirituel et intellectuel colossal à travers un grand nombre d’ouvrages, d’essais, de lettres et de poèmes. Parmi eux, on trouve plusieurs écrits consacrés au monde invisible et à ses anges. Pour le cardinal Newman, l’invisible est plus réel que le présent : “En dépit du monde universel que nous voyons, il y a un autre monde qui s’étend tout autour de nous, quoique nous ne le voyons pas, et qui est plus étonnant que le monde que nous voyons. Et dans ce monde invisible, il y a d’innombrables personnes qui vont et viennent, veillent, agissent ou attendent, et que nous ne voyons pas.”
Au milieu d’eux, il y a les anges. Ils ont beau être grands, glorieux, purs et merveilleux “au point que, s’il nous était permis de les voir vraiment, nous en serions atterrés, comme le fut le prophète Daniel, tout saint et juste qu’il était, ils n’en sont pas moins les compagnons qui nous servent, les compagnons qui travaillent en notre faveur, qui veillent sur les plus humbles d’entre nous, s’ils sont du Christ, et les défendent” expliquait le cardinal dans un de ses sermons.
Parmi les textes de poésie et de prose consacrés aux anges de John Henry Newman il y a Mon plus vieil ami, une magnifique prière écrite sous forme de poème adressée à son ange gardien. Le titre résonne particulièrement : tout au long de sa vie, le cardinal Newman a su attirer l’amitié comme l’aimant attire le métal. Il avait un véritable talent pour cultiver l’art de l’amitié.
“Mon plus vieil ami, ami depuis
mon premier souffle de vie ;
Mon ami fidèle, tu le seras,
sans trahir, jusqu’à ma mort.Tu as toujours été auprès de moi ;
Mon Créateur à ta garde
confia mon âme, dès qu’Il forma
L’enfant tiré de la poussière.Ni la ferveur du cœur dans la prière,
ni la foi droitement formée,
Ne m’ont donné pour tuteur Joseph,
Ou la puissance conquérante de Michel.Nul saint patron, ni l’amour de Marie,
Le plus cher, le meilleur,
Ne me connais, moi, comme tu me connais,
Et m’a béni, comme tu m’as béni.Tu me portas sur les fonts baptismaux ;
Et toi, chaque année, allant croissant,
Tu as murmuré les rudiments de la vérité
Dans mes oreilles d’enfant.Et quand l’adolescence fut dépassée,
Et que mon esprit rebelle eut cédé,
Ah ! oui, tu as vu, et tu tremblais aussi,
Et cependant supportais ce qui mène en Enfer.Alors, quand le jugement venait,
Et que la frayeur me reprenait,
Ton souffle doux s’empressait d’apaiser
Et de sanctifier toutes mes peines.Oh ! qui de tes labeurs et de tes soucis
Peut faire entièrement le récit,
Toi qui m’as placé sous le sourire de Marie,
Et conduit aux pieds de Pierre !Et tu te pencheras sur mon lit,
À l’heure où de la vie les ombres s’allongent ;
Toi, du doute, de l’impatience et de la tristesse,
L’ennemi vigilant et jaloux.Mon ami, moi devant le Juge ;
Mon ami, si, épargné, je peux demeurer
Dans le feu de la mort dorée, le temps que
Mon péché tout entier soit consumé.Mon ami, ô frère de mon âme,
Quand le jour de ma libération sera arrivé ;
Alors tes bras doucement me relèveront,
Tes ailes me porteront à mon foyer d’éternité.”
(Cardinal John Henry Newman)