Syndicaliste chrétien, Joseph Thouvenel explique pourquoi il manifestera le 6 octobre, « au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité », et de l’inaliénable dignité de l’être humain, quelles que soient ses imperfections.
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Comment rester insensible au sort de ces enfants que l’on veut intentionnellement priver de père ? La marche de l’humanité doit-elle avancer au pas cadencé de la science, rythmé par « J’en veux, je peux, j’y ai droit » ? Être libre est-ce imposer ma volonté à autrui quand celui-ci n’est pas en demeure de résister ? C’est la réponse à ces simples questions qui m’amène à me mobiliser le dimanche 6 octobre au côté de « Marchons enfants ». Syndicaliste, mon approche est notamment liée à l’histoire sociale de notre pays.
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La loi du plus fort
1791, sur les estrades, dans les libelles, face au peuple est décliné le mot « liberté ». C’est au nom de cette liberté qu’un brave bourgeois, avocat de son état, Maître le Chapelier, portera une loi qui pendant plus de 150 ans fit le malheur de la classe ouvrière. Philosophiquement proche de Jean-Jacques Rousseau et de sa théorie du libre contrat, Le Chapelier posera comme principe que seul compte l’accord passé entre tiers. Plus besoin de régulation et de règles protectrices, seul compte le désir librement exprimé par chacun. Le contrat passé se suffit à lui-même.
Très belle théorie sur le papier, catastrophique dans la réalité. C’est simplement ignorer qu’entre celui qui peut donner du travail et celui qui a besoin de travailler pour vivre et faire vivre les siens, il existe une forte disproportion qui vicie la libre acceptation. Ce système porte un nom : la loi du plus fort. C’est ce que nous retrouvons aujourd’hui avec la PMA de complaisance : « J’ai les moyens techniques et financiers, je peux imposer ma volonté au plus faible ; dans le cas présent l’enfant à naître ; je le fais. » Décorréler liberté et justice, c’est ouvrir la porte à la toute-puissance du « MOI », celui qui impose, force, contraint au rythme de ses désirs, fussent-ils les plus égoïstes. Le 6 octobre, je marcherai au nom de la liberté, pour barrer la route à ce nouveau despotisme.
Le « bio », pour le petit d’Homme
En un temps où l’écologie est mise sur un piédestal, parfois à raison, où les puissants du monde s’inclinent humblement devant une adolescente, il est pour le moins contradictoire de fouler du pied l’engendrement naturel. Le bio, l’authentique, ne seraient-ils salutaires que pour les choux et les cigognes et non pour le petit d’Homme ? Un enfant ne mérite-t-il pas dans la mesure du possible que l’on mette toutes les chances de son côté ?
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La complémentarité homme-femme est un facteur substantiel dans la construction équilibrée de la personnalité du jeune enfant. La simple observation du comportement des parents dans un square est révélatrice de cette différence. Globalement la mère est plus attentive, plus présente y compris verbalement que le père. Ce n’est ni bien ni mal, juste une réalité éclairante sur la complémentarité homme-femme. Les professionnels décrivent très bien le rôle essentiel du tiers masculin qui triangule la relation mère-enfant. Le père ouvre à l’altérité et en premier lieu à l’altérité sexuelle. Le 6 octobre, je marcherai au nom de l’égalité, pour que des enfants ne soient pas volontairement privés de ce que l’on fait de mieux en termes d’éducateur, un père et une mère.
La science seule n’est pas raison
Les partisans de la loi bioéthique affirment qu’elle est rédigée au nom de la science qui le permet et de l’amour qui l’autoriserait. La science, c’est Pasteur et tous les grands découvreurs au service de l’humanité, mais la science seule n’est pas raison. Au contraire, la raison veut qu’elle soit encadrée pour éviter les dérives à la Mengele, de celles qui traitent l’être humain comme un cobaye, un sujet d’expérience.
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« Je veux, je peux, je fais ! » Cette science est celle sans conscience qui n’est que ruine de l’âme comme le dénonçait déjà Rabelais. Ruine de l’âme et ruine de l’Homme devenu objet manipulable, transformable, parfois jetable. Même quand l’académie de médecine affirme que « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure » et « n’est pas sans risque » pour son « développement psychologique » et son « épanouissement ». Les maîtres des textes n’en ont cure, leur idéologie doit s’imposer telles ces colonnes infernales propageant souffrances et malheurs sur leur passage.
Pour l’amour du plus faible
Quant à l’amour dont ils nous parlent, ce n’est que celui de Narcisse contemplant son image. L’autre n’existe que pour moi-même, mes envies, mes pulsions, mon bonheur. Nul amour en cela, juste une passion prométhéenne tournée vers soi-même. Aimer c’est savoir renoncer, se sacrifier pour l’autre, celui que l’on chérit. Tout chrétien sait que le plus grand geste d’amour donné à l’humanité, fut celui de la passion qui mène au Golgotha.
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Autant je comprends le désir légitime d’enfant, l’envie naturelle d’engendrer, d’élever, d’éduquer, et de voir grandir et s’épanouir un adulte en devenir. Mais ce n’est pas parce que j’en ai envie que j’y ai droit. Projeter de briser le lien de filiation paternelle pour assouvir son désir d’enfant, relève non seulement de l’immaturité — être adulte c’est normalement être responsable — mais également d’un égoïsme forcené. Le 6 octobre, je marcherai au nom de la fraternité pour que l’amour de l’autre, l’altérité, l’emporte sur la négation des droits élémentaires du plus faible.
Au nom de l’inaliénable dignité de chaque être humain
Au-delà de la fabrique orwellienne d’orphelins, la révision des lois bioéthiques qui nous est infligée valide la démarche mortifère de tous les créateurs de chimères, manipulateurs de gènes. Il y aurait urgence à tripatouiller les éprouvettes humaines pour rattraper ceux qui comme la Chine prennent de l’avance dans le business du vivant. La belle affaire. Qu’une dictature ait des pratiques contre-nature dans le domaine de la science, justifierait d’encourager une tyrannie scientiste dans notre pays pour la bonne raison qu’il y a du fric à la clé ? Nous ne sommes ni rat de laboratoire, ni objet d’expérience, ni pâte à modeler pour les nouveaux docteurs Frankenstein. Le 6 octobre nous marcherons pour que soit respecté l’inaliénable dignité de chaque être humain quelles que soient ses imperfections.