La grâce de l’indulgence va plus loin que le pardon reçu lors du sacrement de réconciliation : non seulement l’offense à Dieu est effacée, mais aussi le désordre qu’elle aura provoqué.À l’occasion du grand Jubilé de l’an 2000 proposé par le pape Jean Paul II, les catholiques du monde entier redécouvraient les indulgences. En deux décennies, force est de constater que cette pratique, jusque-là un peu délaissée, a été remise à l’ordre du jour. Dans les grands sanctuaires mais aussi les simples paroisses, on afflue à l’occasion de telle ou telle œuvre plénière. À Rome, c’est la Sacrée Pénitencerie apostolique qui gère au nom du pape ces dossiers particuliers : contactée par la paroisse Saint-Symphorien de Versailles, elle affirme recevoir des milliers de demandes par an.
Mais, avouons-le, la doctrine des indulgences reste assez obscure et ne met pas tout de suite à l’aise. Certains savent également que l’histoire de l’Église a connu, sur ce point précis, des abus particulièrement funestes allant jusqu’à la simonie (vente de choses sacrées, ndlr).
Une parabole pour expliquer
Après tout, puisque Jésus parlait en paraboles, il n’est pas interdit de recourir à ce moyen pédagogique pour expliquer les merveilles de l’amour de Dieu. Commençons donc pas une parabole moderne. Son papa a beau le lui demander, Jean ne comprend pas bien pourquoi il est défendu de jouer au football dans la maison. Aussi, dès que sa maman est sortie, invite-t-il son petit frère Paul au match du siècle… dans le salon ! Le résultat ne se fait pas attendre : un fracas de potiches et de verre brisé marque la fin des activités sportives. Honteux, Jean se précipite chez ses parents pour avouer ses méfaits et demander pardon. Il a maintenant compris les réticences sportives de son père ! Il accepte sa punition dans un esprit de réparation exemplaire. Ses parents lui pardonnent bien volontiers mais les dégâts sont toujours là : les vitres sont cassées et la potiche est irréparable…
Un (tout petit) peu de catéchèse
Le péché présente un double aspect : c’est à la fois une offense à Dieu et un désordre. Tant que l’offense n’est pas regrettée et pardonnée, la situation est bloquée. Le pardon s’obtient par la contrition et le sacrement de réconciliation. Mais une fois l’offense pardonnée et remise, le désordre est toujours là. Il faut encore le réparer. D’où l’exemple du verre brisé et de la potiche cités plus haut…
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Pourquoi confesser ses péchés et ne pas se contenter de la prière ?
Cette réparation, c’est à nous de l’accomplir et l’Église peut nous y aider, à condition, bien sûr, que le pardon ait été obtenu. Pour cela, elle puise dans le trésor des indulgences dont elle a la clef. C’est le pape qui en est l’administrateur, dans l’esprit de la phrase du Christ à saint Pierre : « Tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » Il peut entrouvrir largement ces réserves (en particulier lors des années saintes) ou bien pour une occasion particulière. Il est donc légitime de prier à ses intentions si l’on entend bénéficier de ce dont il est intendant.
Quelles sont les conditions pour recevoir l’indulgence plénière ?
Comme le précise le manuel des indulgences Indulgentiarum doctrina du pape Paul VI, il faut d’abord renoncer à tout attachement au péché, même véniel ; puis recevoir le sacrement de pénitence et de réconciliation dans un délai raisonnable (dans les jours qui précèdent ou qui suivent la démarche d’indulgence). Il faut également recevoir l’Eucharistie et prier aux intentions du Saint-Père : par exemple, réciter le Credo, un Notre Père et un Je vous salue Marie.
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Comment les péchés sont purifiés
Enfin, il faut bien sûr faire la démarche de l’indulgence : par exemple, se rendre dans le lieu qui bénéficie de l’indulgence, réciter la prière prévue ou encore effectuer la démarche proposée. Lors du Jubilé de la miséricorde proposé par le pape François en 2015-2016 pour célébrer le cinquantenaire de la clôture du concile Vatican II, il fallait ainsi franchir l’une des portes saintes.
Une bonne nouvelle
« Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5). L’indulgence est une bonne nouvelle : le Seigneur est capable de tout reprendre en nous. Il peut tout renouveler, il peut, par une indulgence totale, nous recréer et renouveler notre cœur pour poursuivre notre pèlerinage vers lui. La démarche d’indulgence est en fait un authentique acte de foi dans la victoire du Seigneur sur la mort, sur le péché, mais aussi un nouveau départ dans la grâce de notre baptême.
L’origine est donc toujours l’abondance de la miséricorde de Dieu qui s’est livré dans la croix du Christ. Jésus offert est la véritable « indulgence » que le Père a offerte à l’humanité. Nous sommes toujours appelés à reprendre ce chemin de purification vers la plénitude de l’amour…