C’est une acquisition pour le moins enthousiasmante que vient d’effectuer le Petit Palais. Le musée parisien s’est porté acquéreur d’une très grande aquarelle contemporaine peinte en mémoire des 21 ouvriers coptes assassinés par Daech sur la plage de Syrte, en Libye, le 15 février 2015. Un drame que beaucoup n’ont pas oublié, comme le peintre Nikola Saric, auteur de cette oeuvre inspirée de l’iconographie byzantine.
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Dans la partie supérieure, le Christ est auréolée d’une douce lumière rose. Sa figure trônante, hiératique, est contrebalancée par la bonté de son visage. Dans un geste paternel, ses bras s’allongent et enlacent ses enfants, ces 21 martyrs chrétiens égyptiens sauvagement assassinés par Daech en 2015 sur une plage libyenne. Un drame filmé, vu par des millions d’internautes, que personne n’a oublié.
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Nikola Saric, artiste serbe et chrétien à l’origine de cette œuvre, n’a pas non plus oublié. Désireux de transcender ce martyr collectif, il a choisi la peinture comme exutoire. Il en ressort une icône fortement inspirée de l’iconographie traditionnelle byzantine. Composée à partir de la vidéo de l’exécution, l’œuvre synthétise les différents éléments de la mise en scène : les 21 otages, alignés à genoux, portent une combinaison orange. Les bourreaux, derrière eux, forment une autre ligne et sont dissimulés sous une tenue noire à cagoule. Ils maintiennent à terre les condamnés, un couteau à la main.
L’artiste a choisi d’y insérer la figure du Christ pour rappeler le sacrifice des coptes qui ont refusé de renier leur foi. Sa présence relève ainsi qu’il ne s’agit pas d’une simple exécution mais bien d’un martyre. Le Christ est d’ailleurs, symboliquement, revêtu de la même couleur orange. Une iconographie qui n’est pas sans rappeler l’icône des Quarante martyrs de Sébaste, une icône du XVe siècle relatant le martyre de 40 soldats chrétiens sous le règne de l’empereur romain Licinius, en 320. Un autre martyre collectif auquel assiste le Christ et dont Nikola Saric a puisé pour réaliser son icône. Avec cette œuvre contemporaine, l’artiste serbe s’inscrit ainsi d’emblée dans la lignée des icônes hagiographiques.
Avec cette acquisition, le musée parisien vient compléter l’impressionnante collection d’icônes qu’elle possède déjà. C’est cependant la première fois qu’elle devient propriétaire d’une icône contemporaine, marquant ainsi un tournant dans l’histoire de ses collections. Avec cette œuvre originale, l’institution témoigne des événements récents de l’Histoire et révèle la naissance du culte des saints contemporains. Les 21 coptes sont, en effet, déjà inscrits dans le Synaxarium, l’équivalent du Martyrologe romain pour l’Église copte, ce qui signifie qu’ils sont déjà canonisés.
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