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Pourquoi dit-on « ne pas savoir à quel saint se vouer » ?

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Axelle Partaix - publié le 27/09/19 - mis à jour le 09/10/23
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Notre culture et notre langue française sont fortement influencées par nos racines chrétiennes. Découvrez ces expressions que nous utilisons souvent sans soupçonner qu’elles puisent leur origine dans la tradition religieuse. Aujourd’hui : « ne pas savoir à quel saint se vouer ».

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Peut-être vous est-il déjà arrivé, alors que vous êtes en train de retourner votre sac pour retrouver vos clés perdues, de glisser une petite prière à saint Antoine de Padoue. Peut-être avez-vous également l’habitude, avant de prendre la route, de recommander votre voyage à saint Christophe. Savez-vous aussi qu’en cas d’hémorroïdes, vous pouvez prier saint Fiacre, ou encore invoquer sainte Hélène si vous avez un point de côté ? Les occasions de prier les saints font parfois sourire mais leur aide peut se révéler précieuse !

Le saint est un intercesseur privilégié, il est à la fois proche de Dieu et proche de l’homme dont il a connu la condition et les faiblesses. Il porte un regard de compassion sur l’être humain, sa vie et ses souffrances et paraît plus accessible que Dieu qui semble parfois impressionnant et lointain.

L’émergence du culte des saints est très ancienne. Dans les catacombes de Rome, où les corps des premiers chrétiens martyrs étaient déposés après leur mort, on trouve gravées sur les tombes de nombreuses inscriptions, prières ou supplications s’adressant aux saints martyrs afin qu’ils intercèdent auprès de Dieu. "Ton esprit est dans le bonheur, prie pour tes parents" peut-on lire dans le cimetière de Calixte, ou encore "Prie pour nous parce que nous savons que tu es dans le Christ dans celui de Marini"*. Belles et souvent touchantes, ces inscriptions témoignent de la conviction qu’avaient les familles et les proches des défunts, morts pour leur foi,  que ceux-ci pouvaient les assister et plaider leur cause auprès de Dieu.

Si le culte des saints remonte aux débuts du christianisme, il prend « officiellement » forme vers le IIIe siècle. Origène écrit "je tomberai à genoux et n’osant, à la vue de mes crimes, présenter moi-même ma prière à Dieu, j’appellerai tous les saint à mon secours, Ô vous, saints du Ciel, je vous invoque avec une douleur mêlée de larmes et de soupirs, tombez aux pieds du Dieu des miséricordes, et priez pour moi, misérable pécheur." Saint Cyprien abonde dans le même sens :

"Que la charité de celui à qui Dieu fera la grâce de partir le premier, persévère devant le Seigneur, qu’il ne cesse de prier pour ses frères."

À chacun sa « spécialité »

À partir du IVe siècle, la paix de l’Église rend libre la pratique de la religion chrétienne, et la prière des saints se développe de façon importante, avec parfois des dérives et des abus (trafic et commerce de fausses reliques, superstition …). Certains croyants, parmi les plus riches, cherchent même à être enterrés ad sanctos (« près des saints ») espérant ainsi profiter de leur virtus, force que l’on imagine vivante et active demeurée dans les restes des saints. On commence aussi à vénérer des saints non martyrs (ermites, évêques, évangélisateurs, ..).

Au Moyen Âge, le dévotion aux saints fait partie intégrante de la vie quotidienne : vénération des tombeaux et des reliques, processions, pèlerinages, ex-voto … Chaque ville, chaque paroisse, chaque confrérie, chaque situation a son saint ou sa sainte. On se sent proche d’eux, on les sollicite en période de crise comme pour les petits aléas de la vie. Si chacun(e) a sa « spécialité », il arrive aussi fréquemment que l’on puisse en invoquer plusieurs pour la même requête. Lequel ou laquelle choisir alors ? Sainte Anne ou saint Gabriel lorsque l’on désire un enfant ? Saint Grégoire Le Grand, saint Côme ou saint Damien lorsque l’on a mal à l’estomac ? Sainte Rita ou saint Jude lorsque la cause est désespérée ? Le choix n’est pas toujours évident et c’est au début du XVIe siècle qu’apparaît notre expression "Ne pas savoir à quel saint se vouer" pour signifier ne pas savoir à qui s’adresser. Elle a également pris le sens d’être déboussolé ou ne plus savoir comment se tirer d'affaire.

*Démonstrations évangéliques de Tertullien, Origène, Eusèbe … Vol 15, conférence n° XIII Invocation des saints, leurs reliques et images (Wiseman) p 1039, JP Migne éd. 1843.

Connaissez-vous les saints auxiliateurs :

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