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Burkina Faso : la situation des chrétiens du nord pays empire de jour en jour

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Maria Lozano - AED - publié le 23/09/19
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Selon des sources proches de la Fondation AED, la population chrétienne est en train d’être systématiquement chassée de chez elle par des extrémistes musulmans dans le nord du Burkina Faso.

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Les habitants des localités Hitté et Rounga, dans le nord du Burkina Faso, sont les derniers en date à avoir reçu un ultimatum des terroristes leur enjoignant de se convertir à l’Islam ou de quitter leurs maisons. « Ils ne sont pas les seuls dans ce cas, mais font partie du programme des djihadistes qui sèment la terreur, assassinent des membres des communautés chrétiennes et font fuir les derniers chrétiens après leur avoir notifié qu’ils reviendraient dans les trois jours et qu’ils ne voudraient pas trouver de chrétiens ni de catéchumènes » assurent des sources proche de la Fondation AED (Aide à l’Eglise en détresse).


BURKINA FASO
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La première localité attaquée fin mai a été Toulfé, quand des djihadistes ont tué cinq personnes, dont un catéchiste, pendant une célébration religieuse, et blessé un autre catéchiste. « De Touflé, les extrémistes ont avancé vers la ville de Babo, qui a également reçu un ultimatum. Beaucoup d’habitants ont fui, ceux qui sont restés ont vu les terroristes assassiner trois personnes, dont Jean-Paul qui, en tant que responsable de la communauté, était resté sur place et organisait des groupes de prière ».

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Hitté a été la dernière localité menacée. « À la fin de la semaine dernière, seize hommes sont arrivés dans le village et ont intercepté les villageois qui revenaient des champs. Alors que certains les faisaient entrer de force dans l’église et menaçaient les chrétiens pour qu’ils abandonnent leurs maisons dans les trois jours, d’autres brûlaient ce qu’ils trouvaient sur leur passage. Hitté s’est retrouvée sans chrétiens ni catéchumènes », confirment les sources de l’AED. Puis les hommes armés ont poursuivi leur avancée vers Rounga, qui a également été évacuée.


BURKINA FASO
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« Rien que dans ces deux villages, près de 2.000 personnes ont fui. Elles ont été recueillies dans une école primaire, l’école “A” de Ouindigui. » Une autre ville voisine qui accueille les réfugiés depuis le début de la persécution est Titao, où près de 7.000 personnes déplacées, exilées et victimes de violences ont trouvé refuge. L’Église catholique se charge d’y organiser l’assistance sociale et pastorale, la prise en charge médicale des malades et des personnes âgées, en plus d’accompagner la population traumatisée. « La situation est très difficile à gérer, mais elle a déclenché la solidarité du reste de la population de Titao, y compris la population musulmane, qui ne partage pas l’extrémisme radical des terroristes et fournit de la nourriture et de l’eau pour aider l’Église locale à soulager les besoins de base des réfugiés ».

Une situation dramatique

Les autorités locales de Titao sont également touchées par la situation douloureuse et dramatique dont souffre la région. Cependant, « les supérieurs hiérarchiques ne réagissent pas aux rapports qu’ils reçoivent ».

Enfants burkinabés

ACN
Enfants burkinabés

Les sources consultées reprochent également aux forces de l’ordre, à la gendarmerie et à la police, leur manque de collaboration s’agissant de la récupération des corps des chrétiens assassinés. « Ils font beaucoup de difficultés pour aider à recueillir les corps et les enterrer, ils disent que ce n’est pas sûr et que c’est très difficile. Dans certains cas, les forces de sécurité refusent de le faire. Une fois, les filles des défunts ont pris leur courage à deux mains et sont allées en tricycle chercher les corps pour pouvoir les enterrer. Ça n’a pas non plus été facile à Babo. Il a fallu aller de nuit, en moto, ramasser les corps, les voler et les amener à Titao. Les corps avaient commencé à se décomposer. Après cela, beaucoup de gens ont eu des problèmes de santé. C’est inhumain ».

La peur des représailles

Les sources sollicitées par l’AED préviennent que « si bien souvent la plupart des terroristes sont des peuls, nous ne devons pas accuser tous les peuls ». Évoquant les causes de la situation, les sources soulignent qu’une force plus grande se cache derrière les assaillants : « Quelqu’un pousse ces gens à prendre les armes, leur donne des armes pour tuer leurs frères avec qui ils vivaient depuis longtemps. En effet, bien qu’il y ait des étrangers parmi les terroristes, la plupart d’entre eux ne sont pas étrangers. Ce sont des peuls qui vivaient depuis longtemps dans la région. Leurs familles sont connues, et du jour au lendemain, ils sont devenus les ennemis de la population. Ces gens sont manipulés ».



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L’AED relève que les conséquences de cet engrenage de violence pourraient potentiellement être terribles. Selon les sources de la Fondation, « la paix doit revenir immédiatement, sinon il pourrait y avoir des représailles. Les gens savent que “c’est untel qui a tué mon père ou mon frère”. C’est très difficile. Après tant de barbarie, on devient insensible à la paix. En outre, les gens ont tout perdu, et les récoltes vont également être perdues, ce qui va provoquer une famine. La situation est critique. S’il vous plaît, priez Dieu de toucher les cœurs pour que la paix revienne ».

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