Dès les premiers temps du christianisme, faire débattre les évêques, successeurs des apôtres, a constitué le meilleur moyen de demeurer dans la Tradition apostolique. Découvrir l’histoire de l’Église primitive à travers les conciles permet de faire grandir notre foi en revivant les questions que se posèrent les premiers chrétiens pour mieux connaître Dieu.
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L’un des fruits incontestables du concile Vatican II réside dans une réappropriation de l’Écriture Sainte comme nourriture fondamentale de la vie chrétienne. Dès lors, il est fort heureux que la relation du chrétien à Dieu et aux autres soit habituellement imprégnée des mots tirés des livres inspirés plutôt que des formules, même géniales, de saint Thomas d’Aquin ou du dernier prédicateur à la mode ! Toute avancée spirituelle dans l’Église ou dans la vie du fidèle comporte néanmoins ses propres tentations. En l’espèce, la tentation consiste à en déduire que la Bible est en elle-même parfaitement suffisante pour la connaissance de Jésus-Christ. Quelle erreur ! Une erreur qui témoigne d’une méconnaissance de la doctrine chrétienne et de son histoire. Il convient en effet de savoir que l’Église antique a certes été conduite à défendre son interprétation de l’Ancien Testament face à celle de ses frères juifs, ou à défendre sa vision du monde face à celle des penseurs païens, mais qu’elle a dû bien davantage réfléchir à la juste lecture des Écritures lorsque des interprétations divergentes apparaissaient en son sein.
Quelle juste interprétation des Écritures ?
Dès les premiers temps du christianisme, savoir comment interpréter les Écritures constitua ainsi une question-clé. Par exemple, à la suite d’autres figures des premiers siècles, saint Vincent de Lérins remarque au début du Ve siècle que « l’Écriture sacrée, en raison simplement de sa profondeur, tous ne l’entendent pas dans un seul et même sens : les mêmes énoncés sont interprétés par l’un d’une façon, par l’autre d’une autre, si bien qu’on a un peu l’impression qu’autant il y a de commentateurs, autant il est possible de découvrir d’opinions » (Commonitorium, II, 2). Nous devons bien en déduire que des débats sur la manière de comprendre la Bible sont apparus dès les origines de l’Église. Devant les questions contemporaines nous aurions par conséquent parfois le droit de crier avec Qohélet : « Rien de nouveau sous le soleil » (Qo 1, 9) ! Et nous pourrions également nous intéresser à la manière dont les controverses relatives à l’interprétation de l’Écriture Sainte ont été tranchées.
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Après avoir constaté le fait des divergences d’interprétation, le Commonitorium de Vincent de Lérins fournit logiquement des éléments permettant de demeurer dans une juste interprétation des Écritures. Nous pouvons les reprendre de la sorte : on doit se garder de la nouveauté qui serait une rupture dans la Tradition reçue des Apôtres. Le moine de Lérins explique ainsi qu’il faudra vérifier si l’affirmation de tel ou tel théologien correspond à ce qui a été cru par tous, partout et toujours. A contrario il invite à rejeter la nouveauté lorsqu’elle est une modification de la doctrine reçue des apôtres. Mais il remarque aussi que la nouveauté appartient au témoignage chrétien. Il s’agira alors, explique-t-il, de dire des choses anciennes de manière nouvelle.
Comment naquirent les conciles ?
Beaux principes que ceux de saint Vincent de Lérins ! Mais comment déterminer qu’une doctrine est ou non une modification du témoignage apostolique ? Puis-je le faire tout seul ? Les apôtres seraient-ils toujours présents pour confirmer ou infirmer une doctrine ? Les apôtres, non, mais leurs successeurs, oui. Faire débattre les évêques, successeurs des apôtres, constitue donc un excellent moyen de demeurer dans la Tradition apostolique. C’est ainsi que des conciles, locaux d’abord, puis universels (ou œcuméniques) à partir du IVe siècle, furent réunis pour résoudre des conflits intra-ecclésiaux. Convoqués par l’empereur, ces premiers conciles œcuméniques ont été jugés légitimes pour trancher des litiges doctrinaux et disciplinaire. Très bien, dirons-nous ! Les chrétiens des IVe et Ve siècles ont eu leurs conciles œcuméniques. Ceux du XXIe siècle ont ou auront les leurs. Mais quel intérêt aurais-je à étudier des assemblées vieilles de plus de quinze ou seize siècles ?
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Quelle valeur revêtent les conciles de l’Église antique ?
Sommes-nous les premiers chrétiens ? Sommes-nous les premiers à vivre de la vie du Christ ressuscité ? Un jour ou l’autre, il est précieux de découvrir que nous partageons la foi de nos aïeux. Un jour ou l’autre, il est utile de comprendre que notre méditation du mystère de Jésus peut s’appuyer sur la leur. Il y va de la profondeur de notre vie chrétienne tout autant que de notre fidélité au témoignage de ceux qui ont entendu, vu, contemplé et touché le Verbe de vie (cf. 1 Jn 1, 1). Alors s’introduit dans notre esprit l’idée que l’étude des premiers conciles peut produire du fruit dans notre vie. Nous pouvons même comprendre que leurs décisions ont une valeur normative pour tous les chrétiens. En quel sens ? Au sens où l’Église proposerait aux fidèles de les accueillir dans une démission totale de leur intelligence ? Non ! Mais au sens où ces décisions conciliaires s’offrent au sens de la foi des fidèles afin que ceux-ci, à leur lumière, soient aptes à confesser la vérité de la foi. Telles des bornes milliaires, les conciles œcuméniques constituent par conséquent des repères pour l’Église vivante, celle-ci cherchant jour après jour, sous la conduite des successeurs des Apôtres, à être fidèle au témoignage apostolique rendu sur Jésus-Christ.
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