L’antiracisme s’est mué peu à peu en guerre « races contre races ». C’est l’idée même d’une communauté de culture faisant l’unité au-delà des différences qui est ainsi déconsidérée.
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Des propos tenus par le footballeur Lilian Thuram dans le quotidien italien Corriere dello Sport ont déclenché un vif débat en France. Répondant à une question sur les insultes racistes entendues dans des stades, l’ancien champion du monde, figure majeure de la lutte contre le racisme, a répondu : « Il faut prendre conscience que le monde du foot n’est pas raciste mais qu’il y a du racisme dans la culture italienne, française, européenne et plus généralement dans la culture blanche. » Et il a ajouté : « Il est nécessaire d’avoir le courage de dire que les Blancs pensent être supérieurs. »
Ces considérations générales sur « la culture blanche » et « les Blancs » traduisent la dérive paradoxalement racialiste du discours antiraciste, exprimant désormais une obsession de la couleur de peau, revendiquée comme un marqueur identitaire et victimaire. Et voici que les Blancs sont eux-mêmes assignés à leur couleur de peau comme marqueur de domination et d’oppression.
La lutte des races
Le discours antiraciste a beaucoup évolué depuis les années 1980. À l’époque de la marche des beurs et de SOS-Racisme, la revendication était simple : les jeunes issus de l’immigration voulaient être des jeunes comme les autres et regardés comme tels. Ce « droit à l’indifférence » a ensuite progressivement muté en « droit à la différence », dans une perspective multiculturaliste. Chacun devait pouvoir vivre sa culture ; et le respect mutuel devait permettre de vivre ensemble en s’enrichissant des différences.
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Désormais, une partie de l’antiracisme promeut en quelque sorte une « lutte des races », presque une revanche historique sur l’esclavagisme et le colonialisme de jadis. Cette mutation tient en partie à la radicalisation du discours universitaire, notamment des sciences sociales, depuis une dizaine d’années. Cela nous vient tout droit des États-Unis, pays dans lequel le paradigme racial tient une place de choix. Des universitaires français et des militants antiracistes importent ainsi en France le schéma nord-américain : les personnes appelées « non-blanches » ou encore « racisées », seraient victimes en France d’un « racisme systémique », d’un « racisme d’État ». Les rapports sociaux sont revisités sous l’angle de la domination et de l’oppression ; et le pivot central de cette grille de lecture est la couleur de peau.
Une guerre culturelle contre l’unité
Ce discours produit un triple effet : il enferme les personnes définies comme « racisées » dans leur couleur de peau ; il leur fournit un statut de victime ; et il leur désigne un ennemi responsable de tous leurs malheurs : le Blanc. Voilà qui n’est certainement pas une promesse de paix civile…
Nous voici donc dans une situation critique : la guerre culturelle menée contre l’idée même d’une identité française et l’abandon de l’assimilation à la française laissent notre pays désarmé pour conjurer son atomisation tribale et la perte d’une culture et de mœurs communes. C’est une erreur qui a été commise, parce que l’identité française porte la capacité d’agréger les particularités. La France ne s’est pas construite sur l’ethnie, la France porte un génie singulier, celui d’une nation qui a su faire un peuple avec des peuples.
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La France, c’est un pays et des pays, une culture et des cultures, une langue et des langues ; la France, c’est la possibilité d’un universel, qu’il est urgent de retrouver.