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Bernard Lecomte : « Le cardinal Etchegaray a été d’abord un grand serviteur de l’Église »

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La rédaction d'Aleteia - publié le 05/09/19
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Biographe de saint Jean Paul II, spécialiste de l’histoire de l’Église, Bernard Lecomte connaissait bien le cardinal Etchegaray, avec lequel il a publié un livre d’entretiens paru en 2007. Il confie à Aleteia l’admiration qu’il portait à ce grand serviteur de l’Église universelle.

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Aleteia : Vous avez bien connu le cardinal Etchegaray qui vient de nous quitter. Vous l’aviez accompagné dans la rédaction de ses Mémoires, intitulées J’ai senti battre le cœur du monde (*). Quel souvenir le plus marquant vous a-t-il laissé ?
Bernard Lecomte : À titre personnel, j’ai gardé un souvenir très fort des premiers entretiens que nous avons eus chez lui, à Rome, en 2006, quand il a accepté — non sans mal — de publier ses Mémoires. D’abord parce que chaque séance de travail était précédée d’une prière dans sa chapelle privée, recouverte d’icônes russes. Ensuite parce qu’au début, il ne répondait à aucune question ! Prudent, pudique, discret, le cardinal m’a « testé » pendant trois mois avant de m’ouvrir enfin tous ses dossiers…


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Expert au concile Vatican II, archevêque de Marseille, le cardinal fut pendant près de deux décennies l’un des principaux collaborateurs du pape Jean Paul II, dont il fit l’un de ses envoyés spéciaux dans des missions délicates. Comment est née cette confiance entre les deux hommes ?
Ils se sont croisés pendant leurs études à Rome en 1946 ; ils se sont revus au concile Vatican II, l’un comme expert français, l’autre comme jeune évêque de Cracovie ; ils se sont à nouveau croisés à Rome lors de synodes épiscopaux ou de rencontres européennes ; et même en Pologne, à deux reprises ! Ce n’est pas un hasard si Jean Paul II fit venir Etchegaray, alors archevêque de Marseille, auprès de lui en 1984, pour lui confier, via « Justice et Paix », des missions secrètes qui exigeaient une grande complicité entre les deux hommes, ainsi que des dossiers hors normes, comme la rencontre interreligieuse d’Assise en 1986 ou le Grand jubilé de l’an 2000…

“Il a accompagné Jean Paul II, comme cardinal, dans tous les grands moments de son pontificat !”

En quoi Roger Etchegaray, qui connut de près quatre papes, restera comme l’un des principaux serviteurs de l’Église du XXe siècle ?
D’abord, de son entrée au séminaire de Bayonne en 1943 jusqu’à son élection comme vice-doyen du Sacré Collège en 2005, sa vie est un résumé de l’histoire de l’Église. En France, d’abord, il fut prêtre à la Libération, secrétaire de l’épiscopat français, expert au Concile, archevêque de Marseille, président de la CEF. Et à Rome, où il a accompagné Jean Paul II, comme cardinal, dans tous les grands moments de son pontificat ! Peu d’hommes ont servi à ce niveau et avec autant d’humilité cette Église qu’il aimait tant, non sans apporter son grain de sel, parfois, dans les débats qu’elle a traversés. « Serviteur de l’Église », c’est une expression qui, en effet, lui va très bien…

livre cardinal Etchegaray

(*) J’ai senti battre le cœur du monde, Édition Fayard, 2007. Le livre sera republié en poche chez Tallandier, dans la collection Texto, le 3 octobre prochain.

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